La Moldavie est un petit pays d’Europe de l’Est enclavé entre la Roumanie au Sud et l’Ukraine au Nord. Il est principalement constitué de la région historique de la Bessarabie. Sans accès à la mer, la Moldavie fait partie des États les plus pauvres du continent européen aux côtés de l’Ukraine et du Kosovo. Sa capitale est Chișinău et le pays est peuplé de 2,6 millions de Moldaves.
La Moldavie est un tout petit pays qui a longtemps subi des influences extérieures et notamment russe et roumaine. Mais sa proximité avec la Roumanie est unique, les deux pays partageant une histoire et une langue commune. Ils sont des exceptions dans cette région à majorité slave, du fait de leur langue d’origine latine, proche du français et de l’italien. L’objectif de cet article sera de comprendre le positionnement de la Moldavie en Europe de l’Est et son importance géostratégique.
Un pays proche de la Roumanie
Avant d’être un pays, la Moldavie est avant tout une région historique s’étendant aujourd’hui à la fois en Moldavie, en Roumanie et en Ukraine. C’est en 1859 que la Moldavie est séparée en deux.
La partie occidentale se tourne vers l’Europe centrale et les Balkans en s’unissant à la Valachie et plus tard à la Transylvanie pour former l’État de Roumanie. Aujourd’hui, la Moldavie roumaine est peuplée de 4,7 millions d’habitants et sa capitale est Iaşi, deuxième ville du pays.
La Moldavie orientale, quant à elle, demeure durant plusieurs siècles sous lourde domination russe. Aujourd’hui, elle correspond à l’État moldave. La Moldavie orientale reste moins peuplée et moins riche que la Moldavie roumaine.
Ces deux pays ont eu des destins radicalement différents. La Roumanie fait aujourd’hui partie de l’Union européenne et de l’OTAN. La Moldavie, en revanche, n’est encore que candidate à l’entrée dans l’UE. Sa candidature est déposée la même semaine que l’Ukraine et la Géorgie en mars 2022, peu de temps après le début de la guerre russo-ukrainienne.
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Entre roumanistes et moldavistes
De nombreux historiens mettent en avant le concept du moldavisme. L’idée est que la nation moldave n’existe pas en tant que telle. Le moldavisme serait un courant qui aurait été imposé en Moldavie orientale par l’Empire russe puis l’URSS. L’objectif était de conserver ce territoire sous domination russe. Cette avancée de l’influence russe en Europe est un atout majeur pour Moscou.
Deux définitions s’opposent :
- les roumanistes affirment que les Moldaves sont des Roumains ayant des caractéristiques régionales particulières, au même titre que les Roumains de Transylvanie. D’après eux, les Moldaves sont des Roumains vivant dans la région historique de Moldavie. Ils prennent en compte les Moldaves de Roumanie et de Moldavie. Cette définition est principalement utilisée par le milieu universitaire et les cercles pro-européens et pro-roumains de Moldavie;
- les moldavistes, en revanche, pensent que les Moldaves forment une ethnie différente des Roumains. La définition est inscrite dans la constitution de Moldavie, afin d’officialiser son existence en tant qu’État nation. C’est principalement les cercles pro-russes qui l’utilisent. Les moldavistes excluent dans cette définition les Moldaves de Roumanie car d’après eux, il n’est pas possible d’être à la fois moldave et roumain.
Ainsi, le terme “moldave” est controversé. En droit, parler des Moldaves revient à étudier les habitants de l’État moldave. En histoire et géographie, parler des Moldaves correspond à l’étude des régions historiques à langue moldave, répartie sur trois États : la Roumanie, la Moldavie et l’Ukraine. La définition est donc aussi historique que politique.
Vers une unification de la Grande Roumanie ?
La Moldavie semble vouloir se tourner vers l’Occident. Mais certains Moldaves et Roumains vont même plus loin en militant pour une unification de leurs pays. Le retour d’une Grande Roumanie devrait permettre d’unifier les peuples de langue roumaine face à l’influence russe. De plus, cela permettrait à la Moldavie d’aussitôt rejoindre l’Union européenne et l’OTAN.
Des partis politiques des deux pays militent pour ce rapprochement voire pour une unification de la Moldavie et de la Roumanie. Mais au sein de l’électorat de chaque pays, seule une minorité est favorable au mouvement unioniste.
Une autre partie de la société roumaine est opposée à une telle unification. La Moldavie étant plus pauvre que la Roumanie, la peur d’un affaiblissement du pays persiste. Et en Moldavie, une partie de la population s’accroche à la définition moldaviste afin de défendre son indépendance.
Le problème de la Transnistrie
Il n’est pas possible de parler de la Moldavie sans aborder sa région autonome qu’est la Transnistrie. À la frontière avec l’Ukraine, cette bande de terre s’oppose à la souveraineté de Chișinău sur son territoire. La Transnistrie a même déclaré son indépendance de la Moldavie et affirme clairement une politique pro-russe.
Pour comprendre son existence, il faut étudier les fleuves de Moldavie. Les frontières du pays ont été dessinées avec la rivière Prout à l’Ouest, le séparant de la Roumanie, et le fleuve du Dniestr à l’Est, le séparant de l’Ukraine. Si on étudie l’étymologie de la Transnistrie, on comprend que cela veut dire “trans” (au-delà) “Nistru” (Dniestr). La Transnistrie correspond donc à la bande de terre à l’Est de la Moldavie, séparée du reste du pays par le fleuve du Dniestr.
La Transnistrie n’est reconnue par aucun pays dans le monde. Elle entretient tout de même des relations avec trois autres régions séparatistes : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie et le Haut-Karabakh, région disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. La Russie est son principal allié qui la soutient financièrement et militairement. Cette bande de terre est souvent comparée à la région du Donbass en Ukraine. La Transnistrie, située à l’Ouest de l’Ukraine et possédant des soldats russes sur son territoire, a beaucoup fait parler d’elle depuis le début de la guerre en Ukraine. Beaucoup craignent le déplacement de la guerre vers la Moldavie.
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