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Mondialisation culturelle et jeux de puissance

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Dans The Korean invasion , can cultural exports give South Corea a geopolitical boost ?, Swe Mi Terry pose la question de la corrélation entre l’insertion de la Corée du Sud dans la mondialisation culturelle grâce à ses exportations culturelles et sa place dans la hiérarchie des puissances mondiales. Ainsi, la mondialisation culturelle est devenue un sujet capital dans les relations internationales et les rapports de force mondiaux.

Comment la mondialisation culturelle a-t-elle été  un sujet important dans les rapports de force mondiaux ?

Durant la Guerre Froide, la mondialisation culturelle, promue par les Etats Unis, a contribué à l’unification du bloc occidental. L’américanisation des cultures européennes à travers par exemple le Rock et le Yéyé a permis de créer un lien solide entre les cultures de ce bloc. Grâce aux NTIC et à l’ouverture des marchés mondiaux aux productions culturelles américaines comme Star Wars en 1979, la mondialisation culturelle s’est accélérée à partir des années 90.

Progressivement, les pays du Sud et les émergents cherchent à s’imposer dans la mondialisation culturelle. Frédéric Martel le souligne dans son ouvrage Mainstream, Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias. Ils essayent ainsi de gagner en puissance grâce aux productions culturelles et les utilisent comme moyen pour concurrencer les grandes puissances à l’échelle mondiale. La mondialisation culturelle affecte dès lors les rapports de force mondiaux. En effet, les Etats se livrent une course pour l’appliquer à l’instar des Etats Unis avec les accords Blum Byrnes ou encore de la France et sa diplomatie basée sur la francophonie.

 

Aujourd’hui la mondialisation culturelle représente un enjeu géoéconomique et géopolitique

La culture représente une aubaine géoéconomique pour plusieurs acteurs. Celle-ci est en passe de devenir l’arme diplomatique et économique des Emirats Arabe Unis. Depuis les années 1990, ils souhaitent devenir le carrefour culturel du Moyen Orient. Ils cherchent alors à réunir la plus grande concentration de musées au monde dans le district culturel de l’île de Saadiyat à Abu dhabi. De même, en 2019, la Corée du Sud a exporté pour 12,3 milliards de produits de Pop culture.

Aujourd’hui les acteurs géopolitiques sont friands de la mondialisation culturelle dans leurs relations internationales. En effet, c’est  principalement l’importance du soft power et ses retombées économiques qui révèlent les potentialités géopolitiques de celle-ci. La culture émerge donc comme un secteur économique très mondialisé. Ainsi, le succès mondial de la Cool Corée à travers la pop culture valorise la Corée du Sud  et renforce les réseaux d’alliance avec les Etats Unis. En 2019, 77% des sondés aux Etats Unis ont une image positive de la Corée du Sud contre 43% en 2003.

 

Cependant, la mondialisation culturelle semble prise dans une spirale de désaccords

La mondialisation culturelle suscite des réactions qui peuvent être source de contestations et de remises en cause. Ces contestations sont souvent dues au rejet de l’uniformisation culturelle. En effet, les différentes cultures se juxtaposent, se frottent mais ne s’entremêlent pas dans les grandes métropoles à cause du maintien d’un lien fort entre le migrant et sa culture d’origine permis par les NTIC.

Certaines puissances utilisent même la mondialisation culturelle dans le cadre de logiques agressives

 La mondialisation culturelle semble devenir un outil au service d’un certain nombre de puissances qui passent à des politiques plus agressives. En effet, comme l’exposent Jessica Ludwig et Christopher Walker dans l’article The meaning of Sharp Power publié dans Foreign Affairs, un certain nombre de puissances telles que les Etats Unis, la Chine ou encore la Russie sont en train de basculer dans une logique sharp. A travers cette logique, elles cherchent à accentuer les fragilités de leurs adversaires. Ces puissances Sharp essayent de s’appuyer en partie sur l’utilisation des outils communicationnels qui ont rendu possible la mondialisation culturelle. Certaines de ces puissances la dénoncent comme outil de puissance à l’instar des angoisses russes et chinoises d’une trahison des élites par influence culturelle extérieure. Elles utilisent alors les réseaux sociaux ou des médias comme Russia Today pour fragiliser la mondialisation culturelle.

Conclusion

Pour finir, malgré cette importance, la mondialisation culturelle ne suscite pas de tensions pouvant mener à un conflit. Ceci est dû au fait que même les grandes puissances mondiales qui subissent les conséquences négatives de la mondialisation culturelle ne s’engagent pas dans un conflit à son sujet. Force est de constater qu’il n’y a pas de sanctions américaines ou européennes face au mur culturel chinois ou aux attaques russes contre les ONG portant les valeurs occidentales.

De même, la Russie et la Chine protestent contre la mondialisation culturelle mais ne vont pas au bout de leur rupture avec les cultures occidentales. En effet, la Chine maintient la consommation de cinéma et de musiques occidentales et les élites russes continuent à être attirées par le modèle occidental.

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Nour Kamoun