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Le mythe de Prométhée

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Dans la mythologie grecque, Prométhée est un titan. L’étymologie de son prénom signifie “le prévoyant”. Il symbolise l’aspiration des hommes à rivaliser avec les dieux. Il est le visage de cette ambition. Prométhée est connu comme étant celui qui a dérobé le feu sacré des dieux pour en faire don aux humains. Pour avoir bravé cet interdit, il est condamné par Zeus, qui l’attache à un rocher sur le mont Caucase.

Dans cet article, l’objectif sera de revenir en détail sur le mythe de Prométhée. Nous étudierons ensuite la place du mythe dans la psychanalyse, avec le concept du complexe de Prométhée, développé par Gaston Bachelard. Finalement, nous verrons la place de ce mythe dans un exemple : Frankenstein ou le Prométhée moderne.

D’autres contes et mythes peuvent aussi être apparentés à Prométhée et Frankenstein tels que le conte de Faust et le mythe d’Icare. Faust vend son âme au diable pour obtenir la connaissance universelle. Icare, quant à lui, est un homme-oiseau qui s’est brûlé les ailes en voulant dépasser sa condition et voler trop haut, trop proche du soleil.

 

Lire plus : Le mythe d’Icare

 

Le mythe de Prométhée

Le mythe de Prométhée date d’il y a plus de 3000 ans. En Grèce antique, de nombreux auteurs ont raconté son histoire. Platon écrit son œuvre Protagoras dans laquelle il parle de Prométhée et Epiméthée, deux frères titans. Ils ont le devoir divin de façonner les espèces animales. Ils les créent donc avec des qualités et des défauts appropriés à leur environnement.

Dans l’histoire, les frères se mettent d’accord pour que Epiméthée se charge d’attribuer à chacune des espèces ses attributs. À la fin, ils s’aperçoivent qu’il a oublié la race humaine. Les humains se retrouvent alors nus et faibles. Ils ne pourront survivre dans la nature ainsi. Alors, Prométhée prend la décision de leur venir en aide en volant Héphaïstos (dieu du feu et de la métallurgie) et Athéna (déesse de la sagesse). Il leur dérobe le feu de la connaissance pour l’offrir aux hommes. Le feu représente le savoir, l’art, les sciences et les techniques. Ces connaissances doivent permettre aux hommes de survivre par eux-mêmes.

Pourtant, les dieux décident de punir Prométhée pour avoir partagé aux hommes un pouvoir divin. De nombreux auteurs expliquent que ce mythe permet de comprendre la condition humaine, différente des autres animaux. L’être humain est supérieur mais cette supériorité est basée sur un péché originel. Cette intervention de Prométhée symbolise l’irruption du malheur chez les humains, en opposition aux dieux qui sont bons. L’être humain possède la connaissance qui est un puissant pouvoir. La question est : en est-il digne ? Finalement, offrir le feu de la connaissance aux hommes a été à la fois l’émergence de la civilisation et la chute de l’humanité.

 

Le complexe de Prométhée

Gaston Bachelard est l’auteur qui a pensé ce complexe dans La Psychanalyse du feu, publiée en 1938. C’est un philosophe français. Dans cette œuvre, il étudie l’ambiguïté de l’élément du feu. Le feu peut symboliser plusieurs choses comme la technique et la connaissance. Le philosophe étudie donc la psychanalyse de la connaissance.

D’après Bachelard, l’être humain imagine avant de voir. Il voit son monde à travers des mythes et légendes, classés d’après les quatre éléments : l’air, la terre, l’eau et le feu. Dans cette œuvre, il se concentre sur le dernier élément qui est en mouvement. Il explique que “tout ce qui change vite s’explique par le feu” et ce qui est complexe. Il représente à la fois le bien et le mal, le soleil du Paradis et le feu des Enfers.

Gaston Bachelard travaille sur la pensée collective et l’inconscient en prenant l’exemple du feu. Avoir peur du feu n’est pas une connaissance naturelle. Nous ne naissons pas en craignant le feu. C’est quelque chose d’acquis, transmis par nos parents. Cette connaissance est sociale. Il prend l’image du père qui empêche son fils de s’approcher du feu. La connaissance provient donc d’une interdiction sociale.

Mais il ne faut pas oublier que Prométhée est celui qui s’est emparé du feu. Il a bravé l’interdit pour pouvoir le donner aux hommes. En fait, selon Bachelard, “le complexe de Prométhée est le complexe d’Œdipe de la vie intellectuelle”. Finalement, tout homme est poussé par une force qui l’encourage à en savoir autant voire plus que son père.

 

Frankenstein, “Le Prométhée moderne”

Mary Shelley est l’écrivaine anglaise qui a créé le personnage de Frankenstein. L’œuvre porte le nom de Frankenstein ou le Prométhée moderne. En choisissant ce sous-titre, elle puise dans la mythologie grecque. D’après elle, la modernité est une forme de dépassement de soi et un refus de la tradition. Dans les deux cas, une créature est créée de toutes pièces et le créateur choisit ses attributs. Nous voyons donc bien la dimension prométhéenne dans ce roman, basée sur la fabrication.

Dans cette œuvre, Mary Shelley ne s’inspire pas seulement du mythe de Prométhée. Elle a également beaucoup lu Emmanuel Kant et ses écrits sur la technique et le beau. Par sa conception, la créature créée par Shelley suscite la terreur. Le lecteur ressent donc le tourment ou l’exaltation. De cette manière, nous pouvons parler d’un usage du sublime par Mary Shelley. Le sublime est ici intérieur. C’est la grandeur de la création et la stature du monstre qui ajoute à cet ouvrage des traces de sublime. Finalement, le monstre abject s’avère sublime alors que c’est le créateur qui est abject.

 

Lire plus : Le sublime chez Kant

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Alban Dantin
Actuellement en master à Sciences Po Bordeaux, j'ai d'abord fait deux ans de classe prépa littéraire A/L à Saint-Sernin (Toulouse).