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Nayib Bukele et le Salvador : de la violence à la sécurité ?

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Le Salvador, longtemps considéré comme l’un des pays les plus dangereux d’Amérique centrale, a récemment attiré l’attention internationale en raison de l’ascension politique de Nayib Bukele. Ce jeune président, élu en 2019, a mis en œuvre un état d’urgence dans l’espoir de transformer le Salvador en l’un des pays les plus sécuritaires du continent. Cependant, cette quête de sécurité est fortement controversée.

 

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Le pays le plus dangereux d’Amérique Centrale

Avant l’arrivée de Nayib Bukele au pouvoir, le Salvador était souvent cité comme l’un des pays les plus dangereux d’Amérique centrale, voire du monde. Les taux élevés de criminalité, en particulier les homicides liés aux gangs que l’on appelle les « pandillas », ont donné à la nation une réputation sinistre.

La violence était omniprésente, et la population vivait dans la peur constante de la criminalité à cause de la présence de gangs comme la Mara Salvatrucha-13 (MS-13) qui faisait la loi dans le pays.

 

Politique d’état d’urgence

Une vague d’homicides qui a ensanglanté le pays fin mars, causant 87 morts en 3 jours, dont 62 morts en une journée, représente les 24 heures les plus sanglantes jamais connues par le pays. Face à cette réalité alarmante, Bukele a adopté une approche radicale en instaurant un état d’urgence pour lutter contre la criminalité décrétée le 26 mars. Des mesures sévères ont été mises en place, y compris le déploiement de l’armée dans les rues et des arrestations massives de membres de gangs. Plus de 32 000 personnes ont été arrêtées au total. Bien que ces mesures aient suscité des critiques, elles ont également conduit à une baisse spectaculaire de la criminalité, offrant aux citoyens un certain sentiment de soulagement.

 

Vers le Pays le Plus Sécuritaire d’Amérique Centrale ?

Les partisans de Bukele affirment que ses politiques ont radicalement transformé la situation sécuritaire du Salvador. Les statistiques montrent une baisse significative des taux de criminalité violente, et de nombreux quartiers autrefois considérés comme dangereux ont retrouvé une certaine stabilité.

Cependant, certains critiques soulignent que cette apparente amélioration pourrait être temporaire et que les méthodes autoritaires de Bukele pourraient avoir des conséquences à long terme sur les droits de l’homme et la démocratie.

Des anciens membres de l’armée démissionnent et commencent à dénoncer la réalité de ces politiques. Ils parlent de quotas d’arrestations imposés par jour, de personnes arrêtées de manière arbitraire dans la rue, et d’un manque de preuves liant certaines personnes aux gangs. Par exemple, Carla, une jeune fille de 15 ans et enceinte, a été arrêtée de manière arbitraire dans la rue alors que son avocat explique qu’ils n’ont aucune preuve d’un lien entre elle et quelque gang que ce soit.

 

Réalité de la Politique de Bukele

« El Faro », un journal d’investigation, s’est attaqué à l’état d’urgence et à la politique de Bukele, publiant des documents internes du gouvernement prouvant l’existence d’un accord négocié entre le gouvernement et les trois principaux gangs du pays : la Mara Salvatrucha-13 (MS-13), le Barrio 18 Revolucionario et le Barrio 18 Sureños. Cet accord serait négocié en faveur d’un soutien électoral des gangs en échange d’allègements de peine pour les membres de gangs emprisonnés.

Un avenir sombre semble se profiler pour le pays. Les gangs semblent se déplacer des villes vers les campagnes, se réorganisant et se réarmant pour s’adapter à la nouvelle norme. Oscar Martinez, directeur de la rédaction d’El Faro, s’inquiète de la fin d’un pacte, d’une crise économique imminente au Salvador, de la baisse de popularité de Bukele, et de la potentialité d’une dérive dictatoriale, sachant qu’il contrôle déjà le législatif, l’exécutif, et le judiciaire.

 

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Nayib Bukele a transformé le Salvador, autrefois considéré comme le pays le plus dangereux des Amériques, en un pays qui aspire à la sécurité. Cependant, les méthodes controversées et les accords présumés avec les gangs suscitent des inquiétudes quant à l’avenir du pays. Aujourd’hui, cette politique sert d’exemple à d’autres pays d’Amérique latine. Le Honduras a décrété l’état d’urgence sur le même modèle que le Salvador le 15 décembre, au Guatemala, les procureurs et journalistes opposés au régime sont arrêtés, et au Nicaragua une dictature a été implantée. La quête de sécurité peut-elle justifier des compromis sur la démocratie et les droits de l’homme ? Seul l’avenir nous le dira.

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Justine Lautridou
Étudiante en 1ère année à l'emlyon, Mister Prépa m'a beaucoup aidé étant préparationnaire c'est pourquoi j'ai à coeur de transmettre à mon tour mes connaissances et mes astuces !