Dans une dissertation d’ESH, le plan est décisif et explique une grande partie de la note : découvrez ici comment construire un plan efficace selon le sujet !
Plan chronologique ou plan thématique ?
C’est une question que peuvent fréquemment se poser les étudiants en ESH. Un plan chronologique suit une logique temporelle : plus on avance dans la dissertation, plus on traite le sujet en avançant dans le temps. Il est fréquent d’observer ce type de plan dans des sujets datés, comme par exemple certaines épreuves d’ESH HEC dans le passé :
- « L’entreprise (depuis le XIXème siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? » (HEC 2017)
- « Equité et libre-échange depuis le début du XIXème siècle » (HEC 2014)
Dans ces sujets, le « depuis le XIXème siècle » peut inviter au plan historique.
Toutefois, si ce plan pouvait être apprécié par les correcteurs, c’est car ceux de l’épreuve HEC étaient en grande majorité composés d’historiens. Or, depuis maintenant quelques années, de plus en plus d’économistes prennent la relève d’historiens pour corriger l’épreuve d’HEC. Cela se ressent dans l’élaboration des sujets : depuis 2018, aucun sujet n’est daté dans sa formulation.
Faire un plan historique n’est pas éliminatoire, mais n’oubliez pas qu’aux yeux de certains correcteurs, vous serez davantage dans la description de faits historiques plutôt que dans l’analyse. Avec un plan plus thématique et ciblé, vous répondrez davantage au sujet et c’est pourquoi vous optimiserez vos chances d’avoir une bonne note !
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Quel type de sujet pour quel plan ?
Sur les 100 derniers sujets tombés aux concours, 60% sont des « sujets question » (L’ouverture commerciale est-elle toujours facteur de prospérité économique et sociale ?, HEC/ESSEC 2022).
Sur les 40% de sujets restants, 15% des sujets sont composés de deux concepts liés par un « et » (Performances économiques et justice sociale, HEC 2019). Le reste sont des « sujets citations » (ESH ESSEC 2017), des sujets « pas question » (Un monde sans inflation, ESCP 2021), ou des questions ouvertes (L’euro : d’où vient-il ? Où mène-t-il ?, Ecricome 2015).
Les « sujets question » :
Ce genre de sujets invite à des plans relativement classiques : la différence se fera sur votre 3ème partie (Cf. paragraphe suivant).
Grand I : il s’agit ici de présenter la thèse première du sujet et d’expliquer ce que le sujet peut considérer comme implicitement vrai. Dans Comment les révolutions technologiques influent-elles sur la croissance économique ? (ESCP 2022), le sujet présuppose que oui, ces révolutions influencent de manière positive la croissance.
Grand II : il s’agit de discuter et de nuancer. Montrez en quoi votre I est incomplet ou inexact. Attention : il ne s’agit pas de dire l’exact contraire de votre partie I (donc ne pas formuler sous la forme d’un simple oui/non binaire).
Les sujets liant deux concepts par un « et » :
Lorsque deux concepts sont liés par un « et », vous devez établir un lien de causalité d’un concept vers l’autre (qui n’est pas nécessairement réciproque).
Questionner ce lien de causalité dans votre problématique et faites en la discussion dans votre plan (grand I : A implique B // grand II : remettre en question cette implication).
Les « sujets citation » :
Ce type de sujets peut effrayer mais la méthode ne change pas tellement par rapport aux sujets question classiques. Il s’agit en fait de questionner la citation : est-elle vraie ?
Dans votre grand I, rangez-vous du côté de l’auteur et de la citation, avant de la nuancer dans votre grand II.
ESSEC 2017 : « Gagnant en extension, l’Europe perd en intensité ». Que pensez-vous de cette affirmation de François Perroux ?
Attention : Les sujets pièges !
Les concepteurs de concours réservent parfois des surprises. Voici des types de sujets où il faut être extrêmement vigilant !
- Les questions ouvertes, comme « Qu’est-ce qu’un bon taux de change ? » (Ecricome 2013) ou « Qu’est-ce qu’une répartition équitable des fruits de la croissance ? » (Ecricome 2010). L’erreur sur ce type de sujets est de faire une liste de réponses sans déceler un vrai problème et de vrais enjeux. Sur ces sujets, on n’attend pas une liste factuelle de réponses. On attendra plutôt une réponse directe à la question dans le I avant de nuancer cette réponse par la suite. Il est strictement déconseillé d’apporter trois réponses différentes dans votre I, II et III.
- Les sujets composés de deux questions: c’est seulement arrivé 2 fois en 25 ans de concours ! La dernière fois remonte à 2021 à l’ESSEC « La désindustrialisation : une fatalité ? La réindustrialisation : une utopie ? ». Le danger avec ce type de sujets est de traiter une question puis l’autre, comme si les deux questions désignaient deux problèmes différents et indépendants. Mais par exemple, dans le sujet de l’ESSEC, si la désindustrialisation est une fatalité, alors la réindustrialisation est une utopie : il s’agit d’un seul et même problème. Mettre deux questions dans un même sujet n’est pas une conventionalité du concours, mais si cela arrive, faites en sorte de ne pas faire un plan binaire répondant aux deux questions séparément.
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Comment faire une bonne 3ème partie en ESH ?
Chaque 3ème partie est évidemment singulière selon les sujets. D’ailleurs, il est tout à fait possible de faire seulement deux parties aux concours. Toutefois, sur des formulations dites classiques (« L’ouverture commerciale est-elle toujours facteur de prospérité économique et sociale ? », HEC/ESSEC 2022), la différence se fait souvent sur la 3ème partie.
En ESH, la 3ème partie consiste à dépasser la question posée. Attention : dépasser la question ne signifie pas parler d’autre chose. Mais à chaque fois, demandez-vous quelle question on aurait dû se poser face à tel sujet. Demandez-vous pourquoi, à cet instant t, le concepteur a eu l’idée de formuler tel sujet. Si le sujet est posé, c’est qu’il a fait débat et ce débat n’est pas révolu puisque la question est toujours posée.
Ainsi, dans la majorité des cas, la 3ème partie fait référence à une actualisation du sujet. Dans tout sujet se trouve une forme d’actualité qui justifie la 3ème partie en question. Face à un sujet, réfléchissez à ce qui fait débat dans l’actualité et essayez de voir si cette actualité ne renverse pas le problème du sujet ainsi que tous ses enjeux.
Exemple 1 : Un sujet simple « Croissance économique et croissance démographique ». Après avoir mentionné les fondamentaux dans votre I et II, comme les théories de Malthus, Marx ou encore Solow, le grand enjeu de l’actualité réside à travers le vieillissement démographique. Il apparaît alors tout à fait pertinent d’orienter votre III vers le vieillissement, qui est l’actualité du sujet et qui bouleverse en effet la relation entre croissance économique et croissance démographique (puisque plus d’épargne, chute des taux d’investissements, diminution de la part des actifs, économie de rentes… donc moins de croissance).
Exemple 2 : ESH ESSEC 2021 « La désindustrialisation : une fatalité ? La réindustrialisation : une utopie ? ». Quelle actualité se trouve dans le sujet ? Ici, la crise COVID a montré l’importance de réindustrialiser. Mais est-elle possible, et même souhaitable ? N’est-elle pas trop coûteuse, trop nocive compte tenu de la crise environnementale ? N’est-elle pas une dystopie ? Vous avez ici trouvé votre actualité qui peut faire l’objet d’une 3ème partie sur ce sujet (RAPPEL : ce n’est qu’un exemple, il n’existe pas une unique bonne 3ème partie !!).
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Existe-il un plan de secours pour chaque sujet d’ESH ?
Spontanément : non, il n’en existe pas. Chaque plan doit être adapté à chaque sujet. Toutefois, un groupe de sujets se distingue : les sujets sans question, comme « Un monde sans inflation » (ESCP 2021) ou « La guerre des monnaies » (ESSEC 2016).
Ces sujets désignent un phénomène marquant de l’économie, une tendance indéniable qu’on constate dans les faits.
Sur ces sujets, et si vous êtes peu inspirés, il sera toujours intéressant de questionner les causes de ce phénomène, puis d’en étudier les conséquences avant de voir les solutions pour en sortir. Cette structure est plausible mais doit être adoptée si et seulement si le sujet s’y porte vraiment !
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Ce qu’il faut retenir
Le plan est nécessaire pour s’assurer une bonne note en ESH. Mais au-delà d’une structure complète, le fond doit aussi être maîtriser. Car en plus du plan, ce qu’évalue par-dessus tout le correcteur est la maîtrise des fondamentaux du sujet. Citer dans votre 3ème partie les spécificités du marché du travail du Luxembourg ne vous fera pas forcément gagner de points si vous n’êtes pas en mesure d’expliquer correctement la théorie de l’équilibre de sous-emploi de Keynes dans votre 1ère partie. Vous devez être au top sur les fondamentaux du sujet, comme le montre le rapport de jury de l’épreuve d’ESH ESCP 2018 :
« Le sujet prenait appui, comme toujours, sur des notions fondamentales de la science économique, qui ont été́ souvent mentionnées par les candidats sans être pour autant correctement expliquées ou illustrées ».
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