Ciao a tutti ! Peut-être que le PNRR ne vous dit rien, pourtant c’est un incontournable de l’actualité italienne ! Le PNRR est l’acronyme de « Plan National pour la Reprise et la Résilience » (Piano Nazionale di Ripresa e Resilienza). Mais savoir cela ne nous aide pas plus à le comprendre. Nous revenons ainsi sur ce qu’il faut retenir de ce plan majeur qui a marqué ces dernières années en Italie.
La naissance du PNRR
La crise liée à la Covid19 a bouleversé l’économie de nombreux pays européens dont l’Italie. Les conséquences ont été terribles pour le Belpaese. En effet, l’économie de l’Italie repose en grande partie sur le tourisme. Mais dans un contexte de pandémie, où le confinement est de rigueur, le tourisme est à l’arrêt, les exportations ralentissent, l’économie italienne est fortement ralentie.
Face à cette crise, le gouvernement de Giuseppe Conte peine à trouver des solutions. Mario Draghi, tout juste ex-président de la Banque Centrale Européenne, au curriculum vitae prestigieux, est appelé à la tête du gouvernement italien pour lui succéder. Ainsi, le 13 février 2021, Mario Draghi devient le président du Conseil d’un pays en récession.
En 2021, l’Union Européenne octroie dans le cadre du projet Next Generation EU, 191,5 milliards d’euros à l’Italie. Il Belpaese est alors le premier pays en terme de fonds alloués par ce projet. Toutefois, cette somme s’accompagne d’un certain nombre de conditions que l’État italien doit appliquer comme, par exemple, dépenser l’intégralité de la somme entre 2021 et 2026.
Pour recevoir ces fonds, l’Italie doit suivre une feuille de route de 27 objectifs. Cependant, elle peine à les atteindre et Bruxelles gèle alors les versements des prochaines sommes.
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L’utilisation des fonds européens
Mais alors, quelle utilisation, l’Italie, a-t-elle de ces fonds européens ? Dans quoi l’Italie doit-elle investir ? Notre voisine transalpine doit répartir ces fonds sur 6 missions présentées dans le plan du gouvernement à l’Union Européenne. En voici le résumé…
Les mesures économiques et politiques
La première mission concerne la digitalisation, l’innovation, la compétitivité, la culture et le tourisme. Dans la présentation du gouvernement italien, ce n’est pas moins de 40 milliards d’euros qui seront consacrés à ce premier point. Selon un rapport mené en 2020, l’Italie se classait 25ème en Europe à propos de son niveau de digitalisation. Une part de ces fonds ira en direction de l’innovation dans des secteurs à fort contenu technologique. Par exemple, investir dans les technologies satellitaires, selon le gouvernement italien, permettra à l’Italie de gagner en compétitivité en Europe. Enfin, pour ce qui est du tourisme et de la culture, revaloriser les sites historiques sera une des grandes préoccupations du gouvernement. À noter que le tourisme, à lui seul, représente 12% du Prodotto Interno Lordo (Produit Intérieur Brut) italien.
La seconde mission s’adresse à la transition écologique. Le PNRR offre à l’Italie l’opportunité d’accélérer sa transition écologique. Les investissements iront en direction de l’adaptation au changement climatique ou encore vers l’efficacité énergétique. Pour cela, le gouvernement italien pourra notamment investir dans l’entretien des infrastructures hydrauliques, un problème ancien en Italie. C’est environ 60 milliards d’euros qui seront consacrés dans cette transition verte.
La troisième mission s’attèlera à la question de la mobilité durable. L’Italie est confrontée à un retard, en comparaison à ses voisins européens, sur la qualité et l’entretien de ces transports. De plus, une disparité existe entre le Nord et le Sud. Cela concerne aussi bien les bus, les voitures, le train ou les pistes cyclables. Par exemple, les investissements pourront permettre l’installation de stazioni di ricarica (bornes de recharge) pour véhicules électriques. Le montant attribué à cette mission est de 25 milliards d’euros.
Les mesures sociales
La quatrième mission regarde l’éducation et la recherche. Encore une fois, une inégalité persiste entre le Nord et le Sud de l’Italie. En un chiffre, 21% des élèves en Sicile ne terminent pas leurs études secondaires. C’est le double de la moyenne des autres régions italiennes. Cette somme de 30 milliards d’euros servira, pour les écoles, à acheter des matériels informatiques. Pour ce qui est de la recherche, l’Italie se classe parmi les mauvais élèves de l’Union Européenne. De ce fait, notre voisine transalpine fait face à une fuga dei cervelli (fuite de cerveaux) importante. Ainsi, dans ces deux secteurs, les investissements serviront à améliorer les processus de recrutement et de formation.
La cinquième mission concerne l’inclusion et la cohésion. Elle concerne essentiellement la lutte contre les discriminations de genre, le développement du Mezzogiorno, ou encore, l’employabilité féminine. En effet, la Botte fait face à un disoccupazione strutturale (chômage structurel) élevé s’accompagnant de disparités sociales et territoriales. De plus, les fonds européens serviront à soutenir des projets visant à accroître l’autonomie des personnes handicapées. On peut citer par exemple le projet Family Act, un plan pour relancer la natalité, qui sera réalimenté par les fonds du PNRR à hauteur de 20 milliards d’euros.
Enfin, la sixième mission s’orientera autour de la question de la santé. La pandémie de la Covid-19 a renforcé l’idée que la santé est un bien publique. De ce fait, l’état italien a la volonté de développer l’accès et la qualité des soins de longue. Le Servizio Sanitario Nazionale (système de santé italien) disposera de montant plus conséquent pour recruter et, ainsi, faire face à la pénurie de médecin. En effet, en mars 2023, la Calabria (Calabre) accueillait une trentaine de médecins cubains pour tenter de résorber ce problème. Cette sixième mission recevra 15 milliards d’euros pour réaliser tous ces projets.
L’Italie peine à dépenser ces fonds européens
Pour autant, l’Italie fait face à quelques difficultés en ce qui concerne la dépense de ces fonds européens.
Innanzitutto (tout d’abord), un obstacle d’ordre administratif émerge. En effet, une majorité de ces fonds seront attribués pour des projets du Mezzogiorno. Or, dans le Sud de l’Italie, le secteur administratif souffre d’un manque de ressources humaines. L’encadrement des processus d’attribution de fonds aux projets et leurs suivis sont difficilement réalisables.
À cela s’ajoute un contexte économique peut favorable. Sans grande surprise, l’inflation dans l’Union Européenne a considérablement augmenté au cours de la Covid19. De plus, la guerre en Ukraine et l’arrêt des relations avec la Russie ont fortement pénalisé le secteur de l’énergie en Italie. De ce fait, les coûts de production augmentent et n’attirent plus suffisamment les entreprises italiennes.
Enfin, le contexte politique joue pour beaucoup. En effet, même si le PNRR s’est vu mis en oeuvre réellement à l’arrivée de Mario Draghi au pouvoir, la politique italienne fait face à de nombreux remous. Nombreux sont les gouvernements en Italie qui se trouvent être des coalitions de partis politiques. Les avis et les objectifs divergent. Récemment, suite à la démission de ce dernier, Giorgia Meloni est à la tête du gouvernement italien. L’une de ses premières mesures politiques a justement été, en février 2023, de reformer la gouvernance du PNRR.
Un rapport de la Corte dei conti (la Cour des comptes italienne) a relevé que sur le début des versements des 191 milliards d’euros, seulement 6% aurait déjà été utilisés par le gouvernement. Mais le gouvernement ne se laisse pas abattre, Giorgia Meloni a déclaré vouloir confier les projets les plus conséquents à de grands groupes publics tels que ENI ou SNAM.
Ce qu’il faut retenir
Ce plan de relance est une opportunité pour la modernisation de l’Italie. Pour autant, les défis structurels et conjoncturels auxquels est confronté il Belpaese doivent être surmonté. Une véritable corsa contro il tempo (course contre la montre) s’engage pour l’Italie.
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