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Pourquoi la politique environnementale chilienne est-elle paradoxale ?

Sommaire

Dans cet article je te propose d’étudier le paradoxe chilien vis-à-vis de sa politique environnementale. En effet, le Chili veut devenir la première puissance d’Amérique Latine en production d’énergies renouvelables et pourtant le développement économique du pays depuis plusieurs années entraîne des dégradations massives de la biodiversité. Cet article est aussi l’occasion d’approfondir tes connaissances en civilisation espagnole, une véritable force pour te démarquer auprès de ton correcteur le jour des concours.

Une exploitation intensive des ressources naturelles

Le Chili possède de nombreuses ressources naturelles et n’hésite pas à les exploiter pour mener à bien son développement économique. Dans les années 1980, le dictateur Pinochet a lancé une politique néolibérale visant à limiter l’action de l’Etat pour laisser prôner le marché. La politique environnementale ne fait pas exception puisque de nombreuses lois entament la privatisation des ressources naturelles. Cependant, le retour à la démocratie ne signifie pas l’arrêt de l’exploitation intensive des principales ressources naturelles du pays. En effet, les réserves de cuivre sont extrêmement importantes sur le territoire puisque le Chili détient 29% des réserves mondiales et les exportations de cette matière première représentent 55% des exportations totales du pays. Le Lithium est également une ressource abondante dans le pays et particulièrement dans le Salar d’Atacama, le plus grand désert de sel du Chili. Depuis plusieurs années la demande de lithium augmente fortement puisqu’il est un composant essentiel aux batteries de téléphones, des vélos électriques ou des voitures électriques provoquant une destruction de la faune et de la flore. 

Une crise environnementale et sociale

Certains sites du pays sont appelés « zone de sacrifice » puisque ces lieux ont été complètement détruits ou pollués dû au développement économique du pays. La ville d’Antofagasta, capitale minière du nord du Chili abrite plusieurs bidonvilles, habités par des clandestins économiques. Il faut savoir, que le pays est extrêmement inégalitaire puisque  les 10% les plus riches possèdent les 2/3 de la richesse du pays. Cette inégalité sociale n’est pas sans lien avec la crise environnementale puisque ce sont les plus pauvres qui subissent surtout la dégradation de la biodiversité et les dégâts du réchauffement climatique. Dans un pays où les tensions sont extrêmement fortes comme l’ont démontré les protestations sociales en 2019 on peut se demander si finalement la transition écologique chilienne ne peut se faire sans une transition politique à l’image du changement constitutionnel.  

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Enfin, le Chili émet beaucoup de gaz à effet de serre. Dès les années 2000 on a observé une réelle dégradation de la couche d’ozone qui n’est pas sans conséquence sur la santé des Chiliens. En effet, la dégradation de cette dernière engendre une augmentation des rayons ultraviolets, nocifs pour les êtres vivants. A titre d’exemple, la ville de Santiago est extrêmement polluée par l’importante circulation automobile. L’utilisation de la voiture individuelle est encore une habitude bien ancrée dans la vie quotidienne des habitants de la capitale.

Cependant, le Chili souhaite devenir une des premières puissances d’Amérique Latine en production d’énergie renouvelable

Face à ce défi environnemental, le Chili ne souhaite pas baisser les bras comme le démontre une des déclarations du président Pinera en juin dernier : « Le Chili était un pays pauvre en énergies du passé, nous avions peu de pétrole, peu de charbon, peu de gaz mais est immensément riche en énergies du futur. Nous avons le désert avec le rayonnement le plus élevé du monde […], les meilleurs vents du monde, l’énergie géothermique qui provient des volcans, l’énergie marémotrice qui provient de la mer. » L’objectif final est clairement d’atteindre d’ici 2050 la neutralité carbone, autrement dit, devenir un pays sans émission de CO2. Lors du forum sur le climat CEM12/M16 le Chili a affirmé également vouloir devenir un des pays leader de demain avec le Royaume-Uni, l’Australie et certains pays de l’Union Européenne dans la production d’hydrogène « vert ».

Cerro Dominador, l’exemple parfait de la nouvelle politique environnementale chilienne

Le 8 juin dernier, s’est déroulée l’inauguration d’une centrale solaire thermique à plus de 3000 mètres d’altitude dans le désert d’Atacama. En effet, nommée Cerro Dominador, cette infrastructure gigantesque capable de fonctionner H24 a été construite par un consortium de deux sociétés espagnoles Abengoa et Acciona. Ce projet à l’image de l’ambition du pays vis-à-vis de sa politique environnementale est plus qu’impressionnant puisqu’il permettra au Chili d’économiser plus de 600 000 tonnes d’émissions de CO2 par an, c’est-à-dire à peu près ce qu’émettent 300 000 voitures durant une année. La centrale solaire n’est pas seulement bénéfique pour l’environnement car elle l’est aussi pour l’économie du pays. En effet, la construction de la centrale thermique a permis de créer beaucoup d’emplois en employant un grand nombre de locaux.

Conclusion 

Ainsi, malgré les différentes exploitations intensives des ressources naturelles néfastes pour l’environnement et pour le bien-être de la population, le Chili se veut être un pays novateur vis-à-vis des énergies renouvelables. Le futur nous indiquera si le Chili est capable de transformer complètement sa politique environnementale pour devenir un exemple mondial.  

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Matthieu Castagnos
Etudiant à Neoma Business School après 3 années de classe préparatoire. Je souhaite partager mon expérience à tous les candidats afin de leur permettre d'obtenir l'école qu'ils souhaitent.