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La première entreprise capitaliste moderne

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La Compagnie néerlandaise des Indes Orientales est créée en 1602. Il s’agit d’une flotte de 65 navires de commerce destinés à échanger avec l’Asie et à étendre la domination coloniale des Provinces-Unies au XVIIe siècle. Le commerce entre une métropole et ses colonies était souvent contrôlé par une compagnie à qui l’État conférait un monopole, et qui portait le nom de Compagnie des Indes. Si la Compagnie néerlandaise n’a pas été la première à avoir été créée, elle demeure néanmoins l’une des plus puissantes, du fait notamment de sa flotte surarmée. Dans cet article, nous verrons en quel sens cette compagnie peut être considérée comme la première entreprise capitaliste moderne.

 

La première entreprise capitaliste moderne

Les caractéristiques de ce qu’on peut appeler l’entreprise capitaliste moderne sont en autre : la séparation du capital et du travail, la recherche du profit en étant le plus rationnel possible, l’accumulation du capital, la structure de l’entreprise et l’internationalisation. Alors que le capitalisme est en gestation dans un monde encore médiéval, la compagnie des Indes Orientales est une entreprise qui dénote par sa taille, son influence au niveau international et son mode de gestion (en tant que société par actions).

En premier lieu, il semblerait que la compagnie des Indes Orientales soit la première entreprise capitaliste majeure lorsque l’on analyse sa structure financière. En effet, la Compagnie était cotée en bourse, ce qui n’était à cette époque pas commun du tout. Elle distribuait des dividendes qui atteignaient souvent 25 à 30%, si bien que la valeur des actions boursières connaît une forte envolée, passant de 3000 florins à la création de la compagnie en 1602 à 18 000 florins en 1670. Sa structure lui permet ainsi de devenir la première grande société anonyme de l’histoire. Pour cela, la direction des affaires de la compagnie était confiée au Conseil des Dix-Sept, qui sont des représentants de 6 chambres dont chacune a un nombre de représentants proportionnel à sa participation financière, à l’instar des grandes entreprises capitalistes modernes.

De plus, la Compagnie jouait un rôle qui, déjà à cette époque, était international. Son effet sur le commerce n’a pas été négligeable notamment de par la création de comptoirs dans de nombreux ports asiatiques. Elle était, à l’instar de nombre de multinationales aujourd’hui, sur un terrain de jeu mondial et implantait de nombreuses filiales à travers chaque pays. Cela lui permettait entre autres d’avoir toujours plus de marchandises et surtout de diversifier son offre.

Enfin, l’entreprise capitaliste est naturellement organisée autour de la question du profit. La rationalité capitaliste élémentaire consiste à acheter des équipements, des matières et la force de travail des salariés, puis à diriger le plus efficacement possible la rencontre entre ces divers ingrédients dans le processus de production pour dégager des profits. En ce sens, la Compagnie pouvait être considérée comme une entreprise capitaliste car les flottes qui réussissaient à revenir permettaient des bénéfices atteignant jusqu’à 265%. Tout était fait en sorte pour dégager ce profit monumental et chaque navire était optimisé pour contenir plus de marchandises que le précédent.

 

Une entreprise à remettre dans son contexte

Nous venons d’observer les caractéristiques qui permettent de considérer la Compagnie des Indes Orientales comme la première entreprise capitaliste moderne mais néanmoins cela reste à relativiser. En effet, le premier aspect qui permet de nuancer cette conception concerne la puissance militaire de la Compagnie. Les premières flottes de cette dernière envoient vers les Indes des hommes puissamment armés. Cela n’est pas en vue d’annexions territoriales mais dans l’objectif de causer le plus de dégâts possibles aux commerces espagnol et portugais. Le monopole du commerce maritime est le résultat d’affrontements armés et de morts assurés. Il y a certes des guerres entre les entreprises capitalistes modernes mais elles demeurent très loin de ce que pouvaient être celles en mer et prennent d’autres formes.

De plus, il ne faut pas oublier que cette entreprise fut créée par l’État néerlandais. Alors certes, une entreprise capitaliste peut être nationalisée, mais dans le cas précis de la Compagnie, non seulement l’État y était très présent que ce soit dans sa création et sa gouvernance mais en plus de cela, elle avait été créée pour servir les intérêts impérialistes des Pays-Bas, l’éloignant de sa logique capitaliste. D’ailleurs, les marchands avaient interdiction de commercer à titre personnel pendant leurs voyages.

Enfin, la comptabilité de l’entreprise est loin mais alors très loin des entreprises pouvant être dites capitalistes aujourd’hui. Elle était opaque et archaïque. Il n’y avait pas de présentation de bilan ou de comptabilisation précise des bénéfices. C’est d’ailleurs une des raisons de la faillite de la Compagnie en 1799. En effet, les dividendes étaient démesurés par rapport aux bénéfices et le bilan comptable ne permettait pas de le mettre précisément en lumière.

 

Le prototype de l’entreprise capitaliste moderne ?

En fin de compte, la Compagnie des Indes Orientales a bien été en un sens une entreprise capitaliste, mais elle a surtout été le prototype des entreprises futures du même type. Un prototype sous-entend deux notions : le fait d’être premier et de servir d’essai. Or, c’est exactement ce que la Compagnie a été durant toute sa durée de vie mais sans le savoir.

Le fait de s’être développé dans un monde encore féodal est sans doute à l’origine des forces et des faiblesses de la Compagnie des Indes Orientales : son avance sur son temps lui a permis de profiter du contexte très favorable commercialement pour étendre sa domination mais le gigantisme et les méthodes de gestion trop archaïques ont sans doute été à l’origine de la faillite de la plus grande entreprise mondiale de cette époque.

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !