Le mystère de l’origine du monde est une question qui préoccupe l’humanité depuis toujours. Pour y répondre, les différentes cultures humaines ont imaginé des cosmogonies. Des mythes de la création du monde. Pour notre thème de cette année il est plus qu’intéressant d’en connaître quelques-unes, cela fait parti des connaissances de culture générale indispensables et facilement mobilisables en dissertation. De plus, elles vous permettront de vous distinguer des autres candidats en ajoutant un peu de mythologie/théologie à vos copies.
Avant de commencer j’aimerais néanmoins préciser que la liste des mythes qui va être traitée est loin d’être exhaustive. Il y a des centaines voire des milliers de cosmogonies différentes. Traiter chacune d’entre elles une à une aurait été un travail herculéen et au fond pas très utile… Aucune cependant n’est plus « importante » que les autres et je dirai qu’elles se valent toutes. Celles que j’ai choisies figurent parmi les plus connues, mais elles ne sont en aucun cas les « meilleures ».
Le déroulement de l’article
Dans la première partie nous verrons 5 cosmogonies différentes issues de cultures sensiblement distinctes. Nous irons en Grèce, en Palestine, en Chine, en Iran et même en Egypte. La somme de ces voyages nous permettra d’avoir une vue d’ensemble des croyances d’une bonne partie du monde.
La seconde partie sera consacrée à une analyse plus profonde de tous ces mythes. Nous verrons ce que ces récits peuvent nous apprendre sur la création du monde au-delà de la pure littéralité.
Tour d’horizon des principales cosmogonies, de l’Egypte jusqu’en Iran
Les 3 premières cosmogonies sont issues de mythologies, celles d’Egypte, de Chine et Grèce. Les 2 suivantes nous viennent de textes religieux à proprement parler : la Bible et les écrits du Zoroastrisme. Voyons tout ça d’un peu plus près !
1) Dans la mythologie égyptienne, le mythe d’Héliopolis
La mythologie égyptienne dénombre une multitude de cosmogonies différentes, souvent propres aux villes dans lesquelles elles sont apparues. Le mythe de la création le plus connu est celui d’Héliopolis (littéralement la ville du Soleil) que nous allons voir ici.
Selon ce mythe, il existait préalablement à la création du monde une étendue d’eau sans limites temporelles ou géographiques. De cet océan infini, le Noun, émergea une butte de terre originelle sur laquelle se coucha le soleil pour la première fois. Le dieu Atoum, qui est le soleil, se donna lui-même naissance en sortant du néant pour venir sur cette butte. De là il créa le dieu Shou et la déesse Tefnout qui engendrèrent à leur tour à Geb et Nout. Respectivement les dieux de la Terre et du Ciel. En ce temps-là Terre et Ciel étaient confondus, mais comme Geb et Nout s’aimaient d’un amour trop fort, Atoum décida de les séparer. Ils donnèrent quand même naissances à 5 dieux primordiaux. Avec la séparation du ciel et de la terre naquit le monde tel que le connaissent les humains.
2) Dans la mythologie chinoise, le mythe de Pangu
De la même manière qu’en Egypte, le mythe de Pangu n’est pas le seul mythe cosmogonique en Chine. Cependant, il est vraisemblablement le plus répandu. L’immense majorité des Chinois le connaît encore aujourd’hui. Il est associé au Taoïsme, l’un des 3 grands courants de la pensée chinoise (avec le confucianisme et le bouddhisme).
Au commencement, l’univers était dans un état chaotique total, contenu dans son intégralité à l’intérieur d’un œuf cosmique. Au milieu de cet œuf il y avait Pangu, le premier être. Il y avait également deux principes originels antagonistes mais complémentaires le yin (qui est pur) et le yang (qui est trouble). Après un intervalle de temps de 18 mille ans, le yin et le yang s’équilibrèrent et Pangu sortit de l’œuf. Pangu, géant velu et immense avec des cornes sur la tête, commença alors à créer l’univers.
Il sépara le yin du yang qui devinrent respectivement le Ciel et la Terre. Il se tint entre les deux pour les garder séparer pendant encore 18 mille ans. Chaque jour le ciel gagnait en hauteur, la terre en épaisseur et Pangu en taille. Lorsque ce temps fut écoulé, Pangu mourut et de son corps naquit divers éléments du monde. Son sang devint les rivières et les ruisseaux, ses yeux la lune et le soleil. Le vent et les nuages furent issus de son souffle, sa fourrure se changea en forêts. Quant à la vermine qui grouillait sur son corps, elle fut dispersée par le vent et devint les animaux et les hommes.
3) Dans la mythologie grecque, le mythe du Chaos
Contrairement aux deux mythologies précédentes, la cosmogonie grecque est unique et reconnue unanimement. C’est le mythe fondamental de la mythologie car il marque en réalité son point de départ. Comme nous allons le voir, avant la création de la Terre et du Ciel il n’y a ni dieu ni homme.
Au départ il n’y avait rien qu’une béance infinie, un vide obscur et vertigineux sans forme ni matière. De ce Chaos apparut Gaïa, la Terre, qui est elle ferme, distincte et solide, tout le contraire de Chaos. Gaïa est la mère de toute chose. Elle commença par enfanter d’elle-même Ouranos, le Ciel, mais celui-ci resta vautré sur elle et ne s’en distingua pas. Dès qu’il fut né, Ouranos commença à mettre enceinte Gaïa sans s’arrêter.
Comme il l’étouffait étant allongé sur elle, ses enfants ne pouvaient pas sortir de son ventre. Parmi cette progéniture emprisonnée figurent les Titans, dont le plus jeune Cronos. Opprimée par Ouranos depuis sa naissance, Gaïa fit appel aux Titans pour se délivrer du joug du Ciel. Seul Cronos accepta de l’aider, il arracha le sexe de son père Ouranos et le jeta dans l’océan. Pris de douleur, Ouranos monta dans les hauteurs en poussant des hurlements monstrueux. Cronos accomplit ainsi la séparation du Ciel et de la Terre, permettant aux autres Titans de sortir du giron maternel pour engendrer eux-mêmes une descendance.
Après cet évènement, le monde est tel que le connaîtront plus tard les hommes avec un ciel et une terre distincts. Les Titans donneront naissance aux dieux, s’ensuivront des guerres entre eux puis apparaîtront les hommes.
4) Dans la Bible, la Genèse
La Genèse est le premier livre de la Bible, commune au judaïsme et au christianisme. Les deux premiers chapitres de ce livre narrent la création du monde par Dieu. Genèse, ou genesis en grec ancien, se traduit littéralement par « origine » ou « commencement ».
La création du monde est l’œuvre d’un Dieu unique et omnipotent. Elle se fait en 6 jours consécutifs. Le premier jour, Dieu crée la lumière et la sépare d’avec les ténèbres. Le deuxième jour, il sépare les eaux originelles en deux grâce à un firmament, le ciel. Au-dessous du firmament nait la terre ferme, au milieu de la mer. Dieu crée également les plantes et la végétation.
Le troisième jour voit naître la lune, le soleil et toutes les autres étoiles qui éclairent la nuit. Le quatrième jour apparaissent les poissons et les oiseaux. Le cinquième les animaux terrestres. A l’aube du sixième jour Dieu crée l’homme et la femme à son image. Enfin, le septième jour, satisfait de sa Création, il se repose.
5) Dans le zoroastrisme (ou mazdéisme), le mythe d’Ahura Mazda
Même si on retrouve des éléments semblables aux autres mythes, la cosmogonie mazdéenne est tout à fait particulière. Avant de commencer il faut savoir que cette religion comprend le monde comme un affrontement perpétuel. Celui du Bien contre le Mal, celui d’Ahura Mazda, la plus suprême des divinités, contre Angra Mainyu son opposé maléfique.
D’après le mythe de la création, la lumière et les ténèbres existaient séparément avant l’apparition de toute chose. Ahura Mazda était le Dieu de la lumière et de la pureté, Angra Mainyu celui de l’obscurité et de l’ignorance. A l’origine, Ahura décida de créer l’univers pour piéger les ténèbres et les faire disparaître. Sa création se fit en deux temps, d’abord le monde spirituel, le Menog, puis le monde physique, le Getig.
Ensuite, il créa l’être humain parfait, Gayomard, et le bovin sacré originel, Gavaevodata. De son côté, Angra façonna des contreparties négatives de toutes les créations d’Ahura : démons, serpents et mouches venimeuses. Il échoua cependant à créer le contraire de l’homme. Fou de rage, il s’en prit à la création d’Ahura et ordonna aux forces du mal de la détruire. Une grande bataille s’en suivit durant laquelle l’Homme parfait et son bovin sacré furent mortellement blessés.
Avant de mourir ils laissèrent respectivement une graine. Celle du bovin donna naissance aux espèces animales et à la végétation tandis que celle de l’Homme engendra le premier couple humain. Affaiblies, les forces du Mal restèrent prisonnières de l’univers. L’homme vit en conséquence dans un monde où s’affrontent Bien et Mal. Il doit sans cesse tendre vers le premier par ses actions pour fuir à tout prix le second.
Par-delà la littéralité, que nous apprennent les cosmogonies sur le monde ?
Premièrement, et cela est sans doute l’observation la plus importante, ces 5 cosmogonies contiennent toutes une part de non-dit. En effet, il existe toujours quelque chose avant la création de l’Univers. Que ce soit un océan ou un œuf, un principe divin ou un démiurge. Et rien n’est dit explicitement sur l’origine de ces entités, c’est-à-dire sur l’origine de l’origine !
On peut donc en conclure que les récits cosmogoniques échouent à lever le voile sur le mystère de la création. Mais en réalité, cet échec n’en est pas un, et c’est là notre enseignement le plus précieux. Les mythes de la création servent moins à répondre à une interrogation sur l’origine du monde qu’à servir de base à un système de pensées, voire à une religion. L’introduction d’un Dieu créateur, ou d’une opposition antédiluvienne entre Bien et Mal, crée un socle pour de futures valeurs. Ces valeurs serviront à établir une morale qui elle, contribuera à façonner un certain monde humain.
Ainsi, les cosmogonies sont bien des récits de la création du monde, mais pas de celui qu’on pourrait croire ! La mise en scène d’une création de l’univers n’est qu’une façade qui sert en réalité à créer un monde moral. Ce dernier ne relevant pas du mythe mais bien du concret, de l’humain !
Lire plus : comment s’améliorer en culture générale ?