L’Office for Budget Responsibility, équivalent britannique de Haut Conseil des Finances Publiques, a dévoilé jeudi 13 juillet 2023 un rapport sur les finances publiques du Royaume-Uni qui dénonce la hausse des arrêts maladie.
Au Royaume-Uni, les travailleurs quittent le marché de l’emploi pour des raisons de santé
Depuis 2020, plus de 350 000 personnes ont quitté le marché du travail au Royaume-Uni, et ne sont toujours pas revenues trois ans plus tard. Le Royaume-Uni est le seul pays du G7, avec les Etats-Unis, où le taux d’inactivité a augmenté ces trois dernières années. Historiquement, il avait l’un des taux d’inactivité les plus faibles des pays développés (21 % en 2019, contre 27 % en France).
L’Office for Budget Responsibility avance plusieurs raisons pour expliquer ce phénomène (baisse de l’immigration européenne, raisons de santé, départs en retraite anticipée…) mais la principale, selon le rapport publié le jeudi 13 juillet 2023, est la hausse des arrêts maladie. « C’est la cause la plus importante et la plus durable de la baisse du taux d’activité au Royaume-Uni » souligne ce rapport.
Le coût de cette inactivité est loin d’être anodin puisque l’Office for Budget Responsibility estime la facture à 6,8 milliards de livres pour ce qui est de la hausse des prestations sociales et à 8,9 milliards pour la perte de recettes fiscales, soit un total de 15,7 milliards en plus sur le déficit public.
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Londres a lancé un plan « historique » pour remédier aux pénuries de médecins
Le 1er juillet 2023, le gouvernement britannique a annoncé un plan qu’il qualifie d’« historique », qui comprend un recrutement de 300 000 personnes (60.000 médecins, 170.000 infirmières et 71.000 professionnels paramédicaux) sur les 15 prochaines années de afin de remédier aux pénuries de main-d’œuvre dont souffre le système de santé public. Selon l’OCDE, le Royaume-Uni est l’un des pays développés les moins bien dotés en personnel médical, avec 3,2 médecins pour 1.000 habitants (contre 3,4 en France) et 8,7 infirmières pour 1.000 habitants (11,3 en France).
A l’aube de son 75e anniversaire, le célèbre National Heath Service (NHS), conçu après-guerre pour offrir une couverture médicale gratuite « du berceau au tombeau », compte 112.000 postes vacants, un chiffre qui pourrait tripler à horizon 2037.
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L’explosion des arrêts maladie, un phénomène qui tend à se généraliser
En France, le taux d’absentéisme a atteint un niveau record en 2022. Selon le gouvernement, les arrêts maladie ont augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % en dix ans, passant de 6,4 millions en 2012 à 8,8 millions en 2022. Les indemnités journalières, financées par la Sécurité sociale coûtent 16 milliards d’euros par an.
La deuxième édition du baromètre d’Apicil révèle qu’au total, 35 % des salariés ont eu au moins un arrêt de travail en 2022. Si la proportion augmente, la durée moyenne des arrêts diminue puisqu’elle est de 22,13 jours par salarié. En effet, les arrêts de courte durée (entre 3 à 7 jours) se multiplient. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire avait, à l’occasion des assises des finances publiques de la fin du mois de juin 2023, dénoncé les arrêts de travail de « confort », que les médecins accorderaient avec un peu trop de désinvolture, et qui sont désormais dans le viseur du gouvernement. Face à cette “dérive”, selon les mots du gouvernement, l’Assurance maladie vient tout juste de lancer une campagne pour contrôler les médecins qui prescrivent le plus d’arrêts.
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Pour conclure, le Royaume-Uni souffre d’une explosion des arrêts maladie de la part des travailleurs britannique, entrainent des pénuries de main-œuvre, pénalisant in fine la croissance économique et les finances publiques. Ce phénomène peut s’expliquer par un sous-effectif médical, pour autant, cette manifestation semble s’exporter Outre-Manche avec une augmentation de 30% des arrêts maladie en France en dix ans.