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La Russie : des ambitions de puissance limitées

Sommaire

Forte de 143 millions d’habitants sur 1/3 de la superficie en Europe, la Russie est la 5ème puissance mondiale et se positionne à la 11ème position en terme de PIB mondial (environ 2% du PIB mondial). Découvrez notre fiche récapitulative sur les ambitions de puissance de la Russie.

 

La Russie, une puissance énergétique

1) Des ressources abondantes…

  • 1er producteur et exportateur de gaz

  • Exportations massives de pétroles, de gaz et de charbon 3ème producteur mondial de pétrole après les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite.

 

2) … au cœur de la géopolitique russe…

La Russie est le 2ème acteur de la géopolitique mondiale de l’énergie après les Etats-Unis. Les hydrocarbures représentent 25% du PIB national.

Poutine a repris en main le secteur énergétique, voyant en lui un levier d’influence important, en nationalisation les entreprises Gazprom et Rosneft (l’Etat contrôle près de 50% de la production)

La manne énergétique est le fondement de la réémergence russe et une puissante arme géopolitique, qui permet de faire pression (exemple dans le cadre de la guerre en Ukraine).

 

3) … mais également facteur de vulnérabilité

  • Les sanctions économiques empêchent le financement de la mise en valeur des réserves considérables

  • La Russie dépend de ses clients, et notamment de l’Europe. L’UE cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement et à élaborer une politique énergétique commune afin de sortir d’une éventuelle dépendance.

  • Construction d’un gazoduc avec la Chine : « force de Sibérie », mais également en Baltique avec le « Nord-Stream II », très controversé en Europe.

 

Les enjeux de la Russie

1) Un territoire difficile à appréhender

  • Une démesure territoriale : 17 millions de km2, 20 000 km de frontières

  • Etat transcontinental dont la taille est aussi bien un atout géopolitique qu’un défi permanent Des ressources abondantes (pétrole, gaz, minerais)

Le territoire fait partie de l’identité russe mais est mal maitrisé :

  • Fortes inégalités de densité entre l’Est (Moscou) et l’Ouest (Russie rurale) du pays. L’Extrême-Orient représente 41% de la superficie du pays mais seulement 5,6% de sa population.

  • Exode vers l’est dû au climat et au manque d’infrastructures : le défi de l’aménagement du territoire Défi démographique : décroissance de l’espérance de vie, faible taux de fécondité et d’immigration. Montée de la pauvreté et des inégalités sociales.

 

2) Les défis politiques et économiques

  • Economie de rente (c’est-à-dire qui repose sur un avantage concurrentiel, ici les hydrocarbures)

  • Sanctions économiques de la part de l’UE et des USA suite à l’annexion de la Crimée en 2014, ainsi que dans le cadre de la guerre en Ukraine, débutée en février 2022.

Dans les années 90, le basculement vers le capitalisme, engrangé par Gorbatchev, a fait chuter le PIB et l’influence mondiale de la Russie. C’est une véritable humiliation historique pour le dirigeant actuel, Vladimir Poutine, qui a rebâti l’administration russe et restauré l’autorité de l’Etat.

  • Omniprésence de l’Etat dans le secteur privé. Les grandes entreprises sont dirigées par des proches de Poutine.

 

3) La Russie et l’Europe

  • Puissance européenne et asiatique mais la culture et l’Histoire font de la Russie un pays majoritairement européen. Divergences avec l’Occident depuis la période soviétique renversement idéologique

  • Si Eltsine (dirigeant russe de 1991 à 1999) souhaitait un rapprochement avec l’Occident, Poutine a réaffirmé la voie russe.

Cependant, l’interdépendance entre la Russe et l’UE est incontournable : 60% des exportations russes de pétrole et de gaz vont vers l’UE. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les relations avec l’UE, déjà instables, sont désormais au point mort.

 

La stratégie géopolitique Russie au 21ème siècle

1) Une volonté de puissance depuis l’élection de Poutine

  • Puissance nucléaire, siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU

  • Arrivée au pouvoir de Poutine : mise en place une politique défensive, notamment en se rapprochant de la Chine. Les deux pays ont d’ailleurs créé l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), une alliance avec des pays d’Asie centrale. L’Inde et le Pakistan ont d’ailleurs rejoint l’OCS en 2017.

  • A partir de 2015, la Russie devient offensive : intervention en Syrie (lutte contre le terrorisme, mais également contre l’endiguement de l’OTAN) afin de soutenir Bachar-el-Assad.

  • Volonté d’accroitre son soft-power avec la coupe du monde de football en 2018, ainsi que les JO d’hiver de 2014 à Sotchi, mais qui demeure limité.

L’ambition de puissance de Vladimir Poutine s’explique à travers sa vision d’héritier de l’Union Soviétique. L’humiliation est un moyen de justification des offensives russes auprès de la population.

Mais la volonté de puissance ne suffit pas : difficultés à s’intégrer dans les échanges mondiaux (une économie peu ouverte et une augmentation de la précarité économique de la population).

 

2) Les objectifs de la Russie sur le plan international

  • Objectif principal : réintégrer l’espace ex-soviétique dans son territoire, qu’elle considère comme « l’étranger proche », notamment l’Ukraine.

  • Dénigrement de l’Occident et du système démocratique. Dans ses discours adressés au peuple russe, Poutine ne cesse de rappeler l’endiguement de l’OTAN, qu’il dit avoir l’intention de continuer à combattre.

  • La Russie possède la plus longue façade maritime avec l’Arctique, un territoire riche en pétrole et en gaz. L’Arctique est donc l’une des priorités de la Russie, qui revendique une extension de sa ZEE, créant des tensions avec d’autres Etats (notamment le Canada, le Danemark) enjeu du réchauffement climatique car la fonte de la banquise facilite le transport maritime

  • Mise en valeur de la Sibérie : réserves importantes de pétroles et de gaz, mais également d’eau

  • Intervention en Afrique Sub-saharienne : soutien aux coups d’état, désinformation, déploiement de mercenaires pour saper la démocratie. Elle envisage d’installer une base militaire au Soudan.

  • Si les discours accusateurs des dirigeants américain et russe interrogent sur un éventuel retour d’une Guerre Froide, la Russie actuelle ne ressemble pas à l’URSS de l’époque, et le budget militaire russe représente environ 10% du budget des USA.

 

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Thomas Basillais