Le Salvador est un petit pays d’Amérique Centrale placé dans la catégorie des pays les plus dangereux d’Amérique Latine. La violence des gangs sévit dans le pays depuis des décennies et les populations les plus pauvres en souffrent. Néanmoins, depuis l’arrivée du jeune nouveau président Nayib Bukele, le Salvador a pris un autre virage identitaire avec une politique extrêmement drastique envers les gangs.
Une politique salvadorienne renforcée à l’encontre des gangs
Depuis plus de 8 mois, Bukele a décrété l’état d’urgence nationale après une vague de violence inouïe de la part des gangs. Le plus connu d’entre eux, les Maras Salvatrucha MS13, s’est illustré en provoquant la mort de 87 personnes lors d’un week-end meurtrier en 2022. À la suite de cet épisode, le gouvernement salvadorien a tiré la sonnette d’alarme en actionnant un plan d’urgence. Le nombre de militaires en action a fortement augmenté et les arrestations n’ont fait que s’enchaîner ces derniers mois.
Pas moins de 60 000 arrestations en l’espace de 10 mois, des centaines de chef de gangs mais aussi des civils non liés aux activités illicites. Cette politique semble efficace avec la réduction significative des violences des gangs. Néanmoins, elle marque aussi le tournant autoritaire que le pays prend. De nombreuses personnes en situation de pauvreté sont réprimées pénalement sans quelconque preuve. Cela fracture encore plus le pays d’un point de vue économique.
Ainsi, le pays a fait le choix de s’orienter vers une politique autoritaire pour se défaire de l’économie illicite au détriment de certaines populations. Cette politique interroge sur la viabilité de la démocratie en Amérique Latine vis-à-vis de la gestion de l’illégalité.
Un pays à la pointe de l’innovation économique
Le pays a une économie qui est assez dépendante du trafic illicite car elle représente une grande partie des revenues. Néanmoins, l’arrivée de Nayib Bukele a créé un vent nouveau sur l’Amérique Latine. Le jeune président a choisi de prendre la crypto-monnaie comme monnaie nationale. Ces crypto-actifs sont des actifs virtuels qui reposent sur la blockchain. Satoshi Nakamoto a créé le Bitcoin en 2008. Ce dernier est très volatile mais ne cesse d’attirer les investisseurs.
Depuis septembre 2021, le Salvador est l’unique pays au monde à avoir adopté le Bitcoin comme monnaie légale. L’argument de Nayib Bukele est que le bitcoin pourrait permettre aux Salvadoriens d’économiser 400 millions de dollars de frais bancaires. Beaucoup de Salvadoriens ont besoin d’envoyer des sommes d’argent à l’extérieur du pays vers leur famille à l’étranger.
Néanmoins, cette monnaie virtuelle est très volatile donc une même somme peut valoir moins quelques temps après. C’est ce qu’a notamment dénoncé le Fonds Monétaire International. Il souligne les conséquences que peuvent provoquer la monnaie sur l’économie salvadorienne. Par exemple, la vulnérabilité au blanchiment d’argent a été citée. Le pays est en proie aux activités illicites qui pourraient déstabiliser le pouvoir salvadorien.
Ainsi, le pays est à la pointe de la nouveauté avec l’arrivée de cette nouvelle monnaie. Néanmoins, le pays conserve son autre monnaie qui est le dollar américain. Le cas du Salvador interroge sur les nouveaux types de monnaie et leur viabilité pour l’économie d’un pays.
Nayib Bukele : le jeune président dans l’opposition
Nayib Bukele est un président à part. Ce dernier se proclame comme le « dictateur le plus cool ». Il a directement mis son identité au service du pays. Âgé de 41 ans, Bukele fut maire de 2012 à 2019 d’une petite municipalité du Salvador avant d’accéder à la présidence du pays. Il a gagné sous l’aileron de la Grande alliance pour l’unité nationale (GANA). Il se déclare antisystème et vise directement les jeunes à travers sa politique.
Le président a lancé l’État d’exception après des vagues de violence déclenchées par le gang MS13. Cette politique est assez efficace car elle a réduit considérablement le nombre de membres actifs au sein des gangs. Néanmoins, les populations ressentent une dérive autoritaire que le régime a mis en place dans leurs méthodes. C’est notamment le cas lors d’actes de torture et de détentions délibérées de civils non coupables. La lutte acharnée contre les gangs a permis une politique entre les 3 branches de l’État et les institutions judiciaires de manière coordonnée.
Ce jeune président n’est pas uniquement connu pour sa politique virulente envers les gangs puisqu’il veut dégager une image très détendue auprès des populations. Il communique beaucoup par les réseaux sociaux et s’habille de manière inhabituelle pour un président. Bukele est très tranché sur les sujets qui divisent les sociétés actuelles : les impôts, le mariage homosexuel, l’avortement. Il soutient la politique du « plus d’impôts, moins d’opportunités ». Néanmoins, il s’oppose au mariage homosexuel, de plus en plus légalisé, et à l’avortement, un sujet qui divise l’Amérique.