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La sécurité alimentaire dans le monde : tout ce qu’il faut savoir !

Sommaire

En quoi la crise du Covid a-t-elle aggravé l’insécurité alimentaire dans le monde ? Quels sont les pays les plus touchés par ce phénomène et comment y faire face? Dans cet article, on fait le point sur la sécurité alimentaire dans le monde depuis la crise du Covid jusqu’à aujourd’hui.

 

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Définition de l’insécurité alimentaire

Selon la définition qui en a été donnée lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

Les quatre dimensions principales de la sécurité alimentaire sont les suivantes :

  • la disponibilité physique des aliments : se mesure en fonction de la courbe de l’offre, des niveaux de production alimentaire et des stocks 
  • l’accès économique et physique des aliments : un bon niveau de stocks alimentaires au niveau national ou international ne garantit pas en soi la sécurité alimentaire des ménages. Encore faut-il pouvoir payer les biens, ou se rendre à un point de vente. 
  • l’utilisation des aliments : on entend généralement par utilisation la manière dont le corps optimise les différents nutriments présents dans les aliments. Un apport adéquat d’énergie et de nutriments dépend de bonnes pratiques de soins et d’alimentation, de la préparation des aliments, de la diversité du régime alimentaire…
  • la stabilité des trois autres dimensions dans le temps : même si l’apport alimentaire d’un individu est suffisant à un moment donné, il est toujours considéré à risque de souffrir d’insécurité alimentaire s’il n’a pas régulièrement accès à de la nourriture en quantité suffisante et qu’il est par conséquent exposé à une détérioration de son état nutritionnel. Des conditions climatiques défavorables (sécheresses, inondations), l’instabilité politique (troubles sociaux) ou les facteurs économiques (chômage, hausse des prix alimentaires) peuvent influer sur le niveau de sécurité alimentaire d’un individu.

Ces quatre critères doivent être remplis simultanément afin d’atteindre tous les objectifs de la sécurité alimentaire.

 

Le bilan 2023 post-COVID de la sécurité alimentaire 

La pandémie de COVID-19, les conflits et les chocs climatiques ont entraîné une augmentation du nombre de personnes confrontées à la faim.  

 

1. Récession mondiale et appauvrissement

Le COVID-19 a eu un effet dramatique sur l’économie mondiale, entraînant une hausse de la pauvreté. La Banque mondiale a estimé qu’en 2020, la pandémie a plongé entre 119 et 124 millions de personnes dans la pauvreté. Le confinement, nécessaire pour limiter la propagation du virus, a mis à l’arrêt de nombreux secteurs économiques, en particulier pour les pays dépendants de la main-d’œuvre peu rémunérée dans le secteur de la production textile en Asie. La fermeture de commerces en Europe et aux États-Unis a laissé des milliers de travailleurs sans revenu dans des pays comme le Bangladesh, l’Inde et le Vietnam. Par ailleurs, les restrictions de déplacement ont sévèrement touché le secteur touristique, qui constitue la principale source de revenus pour de nombreux travailleurs en Afrique, Asie du Sud-Est et Caraïbes.

 

2. Difficulté d’approvisionnement et inflation

Dans les grandes villes, le confinement a non seulement limité l’accès au travail mais a également conduit à une hausse de l’insécurité alimentaire. Les habitants de certaines régions urbaines faisaient face à un choix difficile : respecter les restrictions pour limiter le risque sanitaire ou chercher de quoi manger. 

L’instabilité des chaînes d’approvisionnement a accentué cette insécurité, contribuant à l’inflation sur des produits de base comme le blé et le maïs, selon la FAO. Les hausses de prix ont frappé de plein fouet les populations les plus vulnérables, aggravant les difficultés des ménages dans les régions en développement.

En résumé, la pandémie de COVID-19 a joué un rôle clé dans la déstabilisation des systèmes alimentaires mondiaux, la hausse des prix, et la précarisation des travailleurs dans le monde. Cette situation a révélé la fragilité des économies mondiales face aux crises sanitaires, et l’importance d’une sécurité alimentaire renforcée pour les populations vulnérables.

 

3. Fragilisation de la chaîne de production alimentaire

Dans les zones rurales, de nombreux petits agriculteurs ont glissé dans la précarité, n’ayant plus les ressources pour cultiver leurs terres. Cela résulte de diverses restrictions : l’accès limité aux exploitations, la fermeture des marchés locaux et la difficulté à obtenir des semences. En raison des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement et de la chute de la demande, beaucoup ont dû jeter leurs récoltes périssables. Par conséquent, les habitants des centres urbains se sont retrouvés confrontés à une pénurie de produits frais comme les légumes, viandes et poissons.

De plus, les mesures sanitaires ont réduit la mobilité des travailleurs dans les régions fortement dépendantes de la main-d’œuvre saisonnière ou migrante, entravant le transport de produits alimentaires entre les pays. En Australie, par exemple, où environ 80 % des travailleurs agricoles sont des jeunes voyageurs saisonniers (“backpackers”), les frontières fermées et la pénurie de main-d’œuvre ont laissé des fruits non récoltés, entraînant le gaspillage de nombreuses récoltes.

 

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Bilan de la sécurité alimentaire mondiale pendant le COVID-19 : En 2023, environ une personne sur onze dans le monde souffrait de la faim, tandis qu’en Afrique, ce chiffre atteignait une personne sur cinq.

L’insécurité alimentaire en 2024 : Disparités régionales 

 

1/ Évolution des taux de sous-alimentation par région

Les dynamiques varient nettement selon les régions : 

  • en Afrique, la proportion de la population souffrant de sous-alimentation continue de croître, atteignant 20,4 %.
  • en Asie, elle reste stable à 8,1 %, bien que le continent concentre plus de la moitié des personnes souffrant de la faim dans le monde. 
  • en Amérique latine, un léger recul est observé, avec un taux de 6,2 %. 
  • entre 2022 et 2023, la situation alimentaire s’est encore détériorée en Asie de l’Ouest, aux Caraïbes, et dans diverses sous-régions africaines. Si ces tendances persistent, l’UNICEF, l’OMS et le Programme alimentaire mondial (PAM) estiment que près de 582 millions de personnes pourraient souffrir de sous-alimentation chronique d’ici 2030, dont la moitié en Afrique.

 

2/ Étude de cas : Insécurité alimentaire à Gaza

La situation à Gaza est alarmante, avec la quasi-totalité de la population souffrant d’une insécurité alimentaire sévère. Ce phénomène découle largement des restrictions imposées par l’armée israélienne, qui contrôle strictement l’acheminement de l’aide humanitaire depuis des années. Depuis le 7 octobre 2023, un « siège total » a encore intensifié cette situation, notamment à partir de septembre 2024. Dans des zones comme Jabaliya, le nombre de camions commerciaux a drastiquement chuté, passant de 125 à seulement 50 par jour pour une population de près de 430 000 personnes.

De plus, l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes, de nombreuses organisations dénonçant le faible nombre de convois autorisés à franchir les frontières de Gaza. Ce manque criant ne peut être compensé par d’autres méthodes de ravitaillement, laissant la population face à une insécurité alimentaire critique, voire une famine en progression.

 

Lire plus : Analyse de la crise de Gaza

Sécurité alimentaire : dernières actualités après la visite du Président Macron au Maroc

Lors de la récente visite d’État au Maroc du président français Emmanuel Macron, la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique, a occupé une place centrale dans les échanges. Le 30 octobre 2042, une rencontre s’est tenue à Rabat, rassemblant divers experts et acteurs du secteur agricole pour discuter des initiatives et partenariats susceptibles de soutenir un avenir agricole plus durable et résilient. Cet échange a permis de souligner les efforts conjoints de la France et du Maroc en faveur de la transition vers des systèmes alimentaires durables, spécialement en Afrique, un continent où les défis de la sécurité alimentaire sont nombreux.

Grâce à son expertise croissante et à son positionnement stratégique, le Maroc est de plus en plus perçu comme un acteur clé dans cette transition.

 

La contribution du groupe OCP

Parmi les intervenants, le groupe OCP a tenu un rôle de premier plan en exposant une vision ambitieuse : celle d’une Afrique en mesure de devenir un acteur essentiel de la sécurité alimentaire mondiale. Mostafa Terrab, PDG du groupe, a souligné les efforts de l’OCP pour encourager une utilisation ciblée et raisonnée des nutriments agricoles, en mettant l’accent sur l’importance de développer des solutions personnalisées en fonction des types de sols et de cultures. Il a rappelé que le faible taux d’utilisation des engrais en Afrique demeure un frein à l’optimisation des rendements agricoles sur le continent.

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Cindy Moreira