SimOnu revient sur les traces du COVID-19
Cet article a été réalisé par des membres de l’équipe de SimOnu Kedge.
Dans cette période éminemment géopolitique, le terme de « village global », paru en 1967 dans The Medium is the Massage de Marshall Mcluhan, prend tout son sens. Les pays ne sont jamais autant regardés qu’aujourd’hui. New York observe Paris, qui elle-même observe Rome… Tous cherchent des moyens d’anticipation et des informations relatives à l’épidémie. Mais dans ce brouhaha pandémique, les enjeux géopolitiques ne se dissipent pas. Au contraire, certaines actualités refont surface.
Influenceurs coréens : Diplomatie du COVID-19 ?
La Corée ; divisée en deux depuis 1945, est aujourd’hui encore le théâtre d’une rivalité. Alors qu’au sud le pays est un pionnier dans la démocratie, dans l’accès aux soins, dans ses technologies de pointe, le nord est fièrement et fermement dirigé par son leader Kim Jong-Un mais manque de matériels et de médicaments.
De ces deux États, à la fois si proches géographiquement et si opposés politiquement, ressort tout de même un point commun : la lutte contre le COVID-19 qui semble efficace.
La Corée du Sud a misé sur son système de santé fiable, richement équipée de matériels hautement technologiques, sur sa culture du masque, du dépistage et de la traçabilité. Le résultat est qu’aujourd’hui le pays fait partie de ceux qui gèrent le mieux la pandémie. Tandis que le chef du gouvernement nord-coréen a adopté ; très vite dans la crise, une politique de fermeture de son pays, de confinement et de port du masque obligatoire. Obligatoire pour tous sauf pour le grand leader qui lui n’en a pas besoin. Outrecuidant ou provocateur, cela s’intègre parfaitement dans ce que nous pourrions appeler la diplomatie du COVID-19. Car oui, même si l’heure est à la crise sanitaire, la Corée du Nord veut lancer un message : malgré l’épidémie, elle n’oublie pas ses objectifs de développement militaire.
Ainsi, le 29 mars elle effectuait pour la quatrième fois au mois de mars des tirs de missiles en mer du Japon, manière de remercier le soutien apporté par les Etats-Unis, l’OMS et MSF en début de crise épidémiologique.
Ainsi, chacun à leur encontre les deux Corées se font remarquer sur la scène internationale. Si le régime sud-coréen se distingue de part sa maîtrise de la crise sanitaire, son homologue nord-coréen use à sa manière de la diplomatie du COVID-19.
Une fissure de plus dans l’UE ?
Crise des subprimes, crise grecque, crise des dettes souveraines, la crise du COVID-19 s’ajoute à la longue liste des crises qui ont touché l’Union européenne. Celle-ci est une fois de plus mise à l’épreuve. Aujourd’hui, aucun des 27 États membres n’a été épargné par le virus.
Cependant, les situations sont très variables d’un pays à l’autre. L’Europe du Sud est la plus touchée, avec l’Italie et l’Espagne en première ligne tandis que l’Europe du Nord paraît encore préservée. La raison? Les différences culturelles dont il faut tenir compte dans l’équation de la pandémie. En France et en Italie, on observe une tendance croissante du scepticisme vis-à-vis des autorités et des directives alors que les Allemands font preuve de civisme et d’une discipline exemplaire. Il n’y a pas de mesures sanitaires prises à l’échelle de l’UE, le choix est laissé aux pays. Ainsi, le confinement est de mise partout sauf en Suède, pays qui opte pour l’immunité collective. Décision beaucoup critiquée.
La solidarité européenne ne fait pas exception durant cette crise. Elle est cependant plus timide. En effet, les pays s’envoient des masques et du matériel médical, les pays les moins touchés accueillent des patients des pays les plus touchés et des médecins se déplacent vers les zones les plus affaiblies.
Malheureusement, une fois les problèmes sanitaires réglés ce sera au tour d’une récession de guetter l’UE, récession dont peu de pays pourront se relever. Il convient alors de réfléchir dès maintenant à un plan de relance et de soutien pour les pays les plus touchés, mais trouver un consensus à 27 s’avère bien compliqué.
Finalement, après un refus de mettre en place des “Coronabonds”, un plan de 540 milliards d’euros est adopté bien que l’Allemagne et les Pays-Bas étaient plutôt réticents.
Cette crise ne fait finalement que souligner la fracture sanitaire mais aussi économique qui existe depuis toujours dans l’UE, dont l’unité est désormais ébranlée.
Pékin a un coup d’avance sur Washington
Les États-Unis ou les pros de la gestion de crise. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont toujours été à l’initiative de coalitions ou de solutions concernant la résolution de crises à l’échelle mondiale. Mais qu’en est-il aujourd’hui?
Le constat est le suivant. Bien que le virus ait mis du temps à les atteindre, les États-Unis sont désormais le pays plus touché au monde. Cependant et pour la première fois depuis 1945, le pays se replie sur ses propres problèmes et ne fait preuve d’aucune initiative. Pire encore, Donald Trump suspend la subvention américaine octroyée à l’OMS. Pourquoi? Il soupçonne le directeur général de l’OMS d’avoir été complice des “mensonges” de la Chine relatifs à la gravité de la situation et accuse l’institution de “s’être vraiment plantée”.
La Chine, qui pour le moment apparaît comme la plus efficace dans la gestion de la crise du COVID-19, profite de ce changement pour agir et promouvoir son modèle. Elle n’hésite pas à se féliciter de sa réaction exemplaire face au virus et offre désormais un soutien humain et matériel aux pays les plus touchés. Propagande, vous pensez? La Chine nie. Il s’agit seulement de ne pas rester les bras croisés face à cette épidémie.
Ainsi, la rivalité Pékin-Washington ne prend pas de pause, au contraire tout est prétexte à continuer leur “guerre froide”. Le coronavirus est devenu un nouveau terrain d’enjeux pour les deux puissances qui s’accusent mutuellement.
L’administration Trump emploie le terme de “virus chinois” tandis que des diplomates chinois accusent les États-Unis d’être à l’origine du virus et de l’avoir répandu dans leur pays. Trêve de plaisanteries, l’heure est désormais de trouver une solution à cette crise. A qui cela va-t-il encore profiter?