Le 26 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani mène un coup d’Etat au Niger pour prendre le pouvoir au président élu démocratiquement en février 2021, Mohamed Bazoum. Quatre jours après ce putsch militaire, l’ambassade française à Niamey, capitale du Niger, a été attaquée lors d’une manifestation pour demander le retrait des forces armées française du Niger. Une semaine après cette prise de pouvoir, faisons le point sur la situation au Niger et les relations qu’entretient le pays avec la France.
La république du Niger subit un putsch militaire du général Abdourahamane Tiani
Le Niger est est un pays d’Afrique de l’Ouest grand comme deux fois l’Hexagone. Il est bordé par l’Algérie au nord, la Libye à l’est, le Tchad au sud, le Nigeria et le Bénin au sud-ouest et le Burkina Faso et le Mali à l’ouest. Le Niger est un pays pauvre avec un PIB par habitant de 700 dollars et plus de la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
Mercredi 26 juillet, des militaires putschistes annoncent à la télévision nationale avoir renversé le président Mohamed Bazoum. Depuis, ce dernier est séquestré dans sa résidence par des membres de la garde présidentielle. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011 et à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté le 28 juillet comme le nouvel homme fort du pays. Proclamé ensuite chef de l’État par ses pairs, il a justifié le coup d’État par “la dégradation de la situation sécuritaire” dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes.
Dimanche 30 juillet, des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France dimanche à Niamey, certains d’entre eux insistant pour y entrer, en soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président. D’autres ont arraché la plaque affichant “Ambassade de France au Niger”. Dans la foulée, l’Elysée a annoncé suspendre son aide au développement au Niger, qui s’est élevée à 120 millions d’euros en 2022 tout en ajoutant que le pays ne tolérerait “aucune attaque contre la France et ses intérêts”. La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l’ont renversé.
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Les relations qui unissent la France et le Niger
Au Niger, la France est toujours vue comme l’ancienne puissance qui a colonisé le pays entre 1897 et 1900. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays est devenu un territoire d’outre-mer, comme la plupart des colonies françaises d’Afrique. Ce n’est que le 3 août 1960 que le Niger a accédé à l’indépendance. Sur le plan économique, en 2019 avant le début de la crise sanitaire, la France était le premier partenaire bilatéral du Niger en matière d’aide au développement et le premier partenaire commercial du Niger à l’export. L’actuel chef de l’État s’est d’ailleurs rendu à Niamey à deux reprises depuis son arrivée au pouvoir, en 2017 puis en 2019. Pour autant, les milliers de manifestants favorables au putsch militaire qui se sont rassemblés devant l’ambassade dimanche ont témoigné d’un sentiment anti-France très ancré avec des slogans prorusses et hostiles à la présence de 1 500 militaires français dans le pays.
Le Niger constitue en effet l’un des partenaires majeurs de l’Hexagone dans le Sahel, notamment en raison de ses importantes réserves d’uranium que le groupe Orano (ex-Areva) exploite depuis un demi-siècle. L’uranium, dont le pays est un des principaux producteurs mondiaux, constitue sa principale exportation. Le pays fournit ainsi plus de 25% de l’uranium européen et en était encore en le premier fournisseur du Vieux Continent en 2021 avant d’être relégué à la seconde place par le Kazakhstan (près de 27%) l’année dernière. A l’échelle nationale, le Niger a été le troisième fournisseur d’uranium de la France, contribuant pour 19% de ses approvisionnements entre 2005 et 2020, derrière le Kazakhstan et l’Australie, selon le comité technique Euratom. Le groupe nucléaire français emploie quelque 900 salariés dans le pays et exploite l’uranium depuis 50 ans dans le nord du pays.
Concrètement, la France a des intérêts au Niger : sécuritaire, mais aussi économique. Preuve en est, 1 500 militaires sont toujours présents dans le pays, mais pour des missions anti-terroristes, précise le cabinet de Sébastien Lecornu, ministre des Armées.
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Pour conclure, la France et le Niger entretiennent depuis des décennies des relations complexes. Le coup d’Etat du 26 juillet vient mettre à mal la stratégie militaire et économique de l’Hexagone dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
