Une Vision Inédite de l’Histoire Politique Française
Dans Une Histoire du Conflit Politique, Julia Cagé et Thomas Piketty nous proposent une plongée inédite dans l’histoire électorale de la France. 234 ans, 41 élections législatives, 12 présidentielles et 5 référendums, et tout cela multiplié par 36 000 communes. En utilisant des critères tels que les revenus, le milieu social et le lieu de résidence des électeurs, ils analysent les rapports de force politiques, qu’il s’agisse de la bipolarisation ou de la tripartition, et explorent leurs liens avec les inégalités sociales. . Un échantillon statistique politique d’une richesse totalement inédite. Et à la fin quoi ? Deux concepts clés.
Les Deux Concepts Clés à retenir : Classe Géosociale et Tripartition
Au cœur de cet ouvrage monumental se dégagent deux concepts clés :
1- La Classe Géosociale : L’analyse de données massives révèle que le vote est principalement déterminé par un agrégat de facteurs liés à la géographie (rural/urbain, taille de l’agglomération), à la richesse économique, et à l’insertion dans la structure productive (diplôme, profession). Contrairement à certaines croyances, les facteurs tels que la religion ou l’origine ethnique ont peu d’influence sur le vote. Ainsi, le vote de classe, dans la lignée de Karl Marx, et la vision de la « France périphérique » de Christophe Guilluy sont des déterminants majeurs du comportement électoral.
2 – La Tripartition : L’étude des 234 années d’élections révèle des périodes de bipolarisation (un bloc de droite et un bloc de gauche) et de tripartition (trois blocs : socialiste, libéral, nationaliste). Cette tripartite, réapparue en France depuis les années 90, divise le vote populaire entre les forces socialistes et nationalistes, renforçant ainsi le jeu des élites politiques.
Des Enseignements Politiques Majeurs
Le livre suggère que l’appartenance à une classe géosociale est le principal déterminant du vote en France. Les inégalités sociales jouent un rôle majeur dans l’évolution du vote (sauf en milieu rural et dan, même en 2022, où l’on observe un vote en faveur d’Emmanuel Macron dans les communes les plus riches, créant ainsi l’un des votes les plus « bourgeois » de l’histoire. La gauche, quant à elle, obtient ses moins bons résultats dans ces mêmes communes. En effet, ce livre s’articule autour de deux facettes. La première étant la dimension géographique, séparant la France rurale de la France urbaine. Une seconde facette est sociale et s’intéresse aux inégalités ainsi qu’à leurs évolutions au cours des décennies.
L’enseignement politique crucial de cet ouvrage réside dans la nécessité de lutter activement contre les inégalités sociales pour regagner le soutien des classes populaires, au détriment des forces nationalistes, ancrées principalement en milieu rural et dans les petites villes. Ce constat met en lumière l’importance de se concentrer sur les enjeux économiques et sociaux plutôt que de centrer le débat politique sur des thématiques telles que l’immigration, la sécurité, ou d’autres questions sociétales.
Conclusion
La conclusion centrale de l’ouvrage suggère que ces facteurs, et non d’autres, offrent la meilleure explication de l’évolution à long terme du vote en France. Le corps électoral, influencé par ces éléments, se diviserait en trois courants politiques distincts : le socialisme, le libéralisme et le nationalisme. Alors que de 1910 à 1992, le corps électoral était bipolaire, divisé entre la gauche et la droite, nous assisterions aujourd’hui à une nouvelle configuration en trois voies : la gauche sociale-écologique, le centre libéral, et la droite nationale patriote.
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