La violence : origine et finalités

Le thème de cette année au programme de l’épreuve de culture générale pour les classes préparatoires commerciales est « la violence ». La violence vient du latin « vis », qui se réfère principalement à l’usage de la force. Aujourd’hui, la violence englobe l’emploi de la force, du chantage ou de la menace exercés contre une personne pour la contraindre à se conformer à nos volontés.  La violence est presque systématiquement connotée négativement car elle se réfère à l’idée de mal. Elle est en quelque sorte intrinsèque à l’homme. En effet, seul l’homme est à même de commettre un acte violent car il est doté d’une conscience morale.

 

La violence est-elle un choix délibéré de l’homme ou bien est-ce l’expression d’une aliénation, d’une contrainte qui pèse sur l’homme ?

 

L’homme est-il naturellement enclin à la violence ?

Dans un premier temps, nous pouvons étudier l’hypothèse selon laquelle l’homme est déterminé à être violent. « Nul n’est méchant volontairement » affirmait Socrate. En effet, l’homme est un être imparfait et cette imperfection est principalement imputable à ses désirs et son corps qui le limite et l’aveugle. L’être méchant/violent est celui qui commet un acte répréhensible car il est lui-même en souffrance. Et cette souffrance, elle vient du corps. Selon Platon, le corps est un élément limitant : il tire l’âme vers le bas car l’esprit se met au service des besoins du corps et de son bien-être. Par conséquent, l’homme peut agir de manière violente par erreur, en croyant que cela soulagera sa propre souffrance. En réalité, il se trompe dans son évaluation et cette erreur découle de l’influence du corps.

Cela dit, il est important de noter que l’homme n’est pas qu’un être de désir, il est aussi un être de raison capable de faire des choix. Ainsi, l’homme ne fait pas que subir sa nature dans la mesure où la violence est également le fruit de sa décision.

Lire plus : Une première approche du thème « La violence »

 

Le choix de la violence 

Si nous avons vu que l’homme est enclin à faire le mal lorsqu’il cède à ses instincts corporels; il peut toutefois choisir lui-même d’aller à l’encontre de ses désirs. Ici, il faut parler de liberté : l’homme dispose d’un libre-arbitre et il est conscient de l’immoralité de la violence. Il peut donc logiquement s’abstenir de tout acte violent. Pour Kant, commettre des mauvaises actions manifeste à la fois la force de l’homme et sa fragilité : la force car notre liberté nous donne le choix de nos actes ; la fragilité car opter pour la violence revient à utiliser sa raison à mauvais escient. C’est d’une certaine façon choisir la facilité et succomber aux désirs du corps.

En somme, l’homme est enclin à la violence lorsqu’il préfère éviter la responsabilité de sa liberté et négliger la réflexion sur ses actes. Il choisit de ne pas assumer sa condition d’homme libre et de ne pas exercer sa faculté de pensée de manière appropriée.

 

La violence est-elle légitime ?

La question de la légitimité soulève des préoccupations morales. Ici, il est possible d’examiner la perspective de la morale déontologique, c’est-à-dire la morale du devoir, telle qu’évoquée par Kant. Selon Kant, être moral signifie agir par devoir, c’est-à-dire faire de la loi morale et de son obéissance le seul principe de son action. En revanche, être violent revient à se détourner de la loi morale pour suivre ses intérêts et ses désirs.  Pour Kant, la loi morale émane de la raison humaine et réside en chacun de nous. « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle »  écrivait-il dans critique de la raison pratique.

Dès lors, comment déterminer si mon intention est conforme à la morale ? Si mon action devenait une loi universelle et qu’elle engendrait un monde chaotique ou irrationnel par la suite, alors mon acte serait immoral. Dans le cas de la violence, il est évident que si elle s’appliquait à tous, le monde ne pourrait pas fonctionner. Par conséquent, la violence semble être une démarche irrationnelle et absurde du point de vue moral.

 

Les finalités de la violence

Bien que la violence puisse parfois se manifester pour satisfaire les égoïsmes individuels ou par pure méchanceté ; dans certaines situations elle n’est pas forcément condamnable. Un exemple parlant est celui de la légitime défense qui est justifiée lorsque la vie d’une personne est menacée.

Dans la sphère politique, la légitimité de l’usage de la violence pose également question. Dans son traité politique intitulé « Le Prince », Machiavel prodigue des conseils aux rois et aux princes sur la manière de gouverner. Les chapitres XV à XXIII proposent des recommandations (souvent jugées immorales) pour la préservation du pouvoir. Machiavel prône la séparation de la politique et de la morale et il affirme : « Il faut donc qu’un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal selon la nécessité ».

Lire plus : Résumé Le Prince, Machiavel 

Plus tard, Max Weber évoque le concept du « monopole de la violence légitime » pour les États. Cette violence légitime encadre l’action des pouvoirs publics et constitue une barrière contre l’anarchie, où chacun chercherait à rendre justice par la violence. Cette forme de violence possède une certaine force dissuasive. Enfin, ce monopole permet d’assurer l’autorité, notamment l’application des décisions de justice.

 

Bien que l’homme semble avoir une propension à la violence en raison de ses désirs, il est aussi un être de raison et peut ainsi  s’affranchir de ses pulsions. Quant à la finalité de la violence, elle est plurielle et dépend surtout de ceux qui la mettent en œuvre : elle semble injustifiée lorsqu’elle est exercée à des fins personnelles, mais s’avère parfois nécessaire en tant que moyen de dissuasion pour un Etat ou en tant que moyen de défense pour un individu.

 

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