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Zoom sur Esther DUFLO – Prix Nobel d’économie 2019

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Zoom sur Esther DUFLO – Prix Nobel d’économie 2019

 

« Je suis très honorée. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible de gagner le Nobel aussi jeune » déclare Duflo une fois récompensée. 

l) Présentation

Elle est la quatrième Nobel française derrière Jean Tirole (2014) , Maurice Allais (1988) et Gérard Debreu (1983), la deuxième femme derrière Elinor Ostrom (2009) et la plus jeune récompensée par cette distinction depuis sa création à la fin des années 60. Cette année les lauréats : Esther Duflo, son mari Abhijit Banerjee ainsi que l’américain, Michael Kremer ont été récompensés pour leurs travaux portant sur la réduction de la pauvreté dans le monde.

Très réputée dans le monde, cette professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a déjà obtenu la prestigieuse médaille John Bates Clark en 2010, qui récompense les économistes de nationalité américaine de moins de quarante ans « qui a apporté une contribution significative à la pensée et à la connaissance économique ». Samuelson, Friedman, Solow, Krugman ou même encore Stiglitz l’avaient remportée. 

 

En 2011, après le succès de son livre coécrit avec son mari : Poor Economics : Rethinking poverty & the ways to end it (ou en français Repenser la pauvreté, paru début 2012), les deux économistes reçoivent le prix du livre économique de l’année Financial Times/Goldman Sachs et font parti des personnes les plus influentes du monde. 

Ses travaux lui ont également permis de travailler pour l’ancien président américain Barack Obama en tant que conseillère sur les questions de développement. 

 

Dans un article du journal du dimanche elle se déclaré être de gauche mais d’une gauche pragmatique. « Ce qui sépare la gauche de la droite, c’est la prise de position sur la redistribution des richesses. De ce point de vue, je vais loin. Je pense qu’il faut taxer beaucoup les riches et redistribuer beaucoup aux pauvres »

 

II) Sa théorie et ses idées

Esther Duflo est une économiste incontournable sur ces dernières années. D’inspiration keynésienne, ses principaux travaux, du moins les plus reconnus, ont été effectués dans le domaine du développement, des inégalités et de la pauvreté. Ceci peut s’expliquer principalement par rapport au contexte socio-économique que cette jeune économiste a connu : rattrapage et forte croissance des BRICS, crise des subprimes aux répercussions mondiales, essor de la mondialisation alors que la pauvreté persiste dans certains pays (notamment en Afrique).

 

C’est Thomas Piketty qui a poussé Esther Duflo à adopter une approche très expérimentale. En effet, sa méthode consiste à mener des « expérimentations aléatoires » afin de tester l’effet d’une mesure ou d’un concept par comparaison d’un groupe test avec un groupe témoin.

Cette dernière a d’ailleurs remis en cause le concept du microcrédit initié dans les années 70 par M.Yunus (Prix Nobel de la paix 2006). Selon elle, ces prêts qui poussent les plus démunis à devenir entrepreneur ne font pas nécessairement reculer la pauvreté. De la même façon elle s’oppose à la théorie du ruissellement des richesses selon laquelle l’enrichissement des plus riches n’est pas néfaste étant donné que leur richesse aurait des répercussions positives sur toute l’économie via l’investissement et la consommation. Elle rejette également les thèses de Sachs (les pays riches disposent de moyens financiers suffisants permettant d’éradiquer la pauvreté s’ils adoptent les mesures nécessaires) et d’Easterly (pour qui l’aide financière est néfaste et ne permet pas de stopper le phénomène de pauvreté). 

 

« La pauvreté n’est pas une maladie, c’est un faisceau de maladies. Elle résulte d’un ensemble de phénomènes, liés à la santé, à l’éducation et, plus généralement, à la difficulté de se réaliser. Lutter contre la pauvreté, c’est lutter contre tous ces phénomènes. En médecine, comme en pauvreté, les objectifs ne cessent de reculer. Et c’est bien ainsi. On commence par essayer d’éradiquer l’extrême pauvreté – les gens qui meurent de faim – puis, une fois cette étape franchie, on travaille à ce que chacun ait accès à une éducation, et ainsi de suite. 

C’est un combat qui n’est jamais gagné, mais qui ne cesse d’enregistrer des progrès. Aujourd’hui, le seuil de pauvreté est fixé à 1 dollar par jour et par personne. Dans quelques années, il n’y aura peut-être plus beaucoup d’individus dans le monde à ce niveau. Au fur et à mesure que la planète s’enrichit, le nombre de pauvres diminue. Mais cela ne veut pas dire forcément que la qualité de vie s’améliore et il subsiste toujours une pauvreté relative. Dans ce sens-là, la pauvreté sera toujours présente. » Article de l’express , Esther Duflo: « Il faut penser la pauvreté autrement ».

 

Ainsi selon cette approche expérimentale, il est nécessaire de mener de nombreuses expériences directement sur le terrain, d’évaluer scientifiquement leur impact afin de pouvoir déterminer ce qui fonctionne ou non avant de pouvoir généraliser des conclusions. Plutôt que de mener des analyses au niveau macro-économique, politique ou géopolitique, elle préconise des expérimentations plus micro-économiques, proches du terrain et des populations.

« Le magnifique prix Nobel d’Esther Duflo rappelle que les économistes français sont actuellement au meilleur niveau mondial et montre que les recherches dans ce domaine peuvent avoir un impact concret sur le bien-être de l’humanité. » @EmmanuelMacron, Tweeter. 

 

Ces dernières années, les lauréats du Prix Nobel d’économie sont de plus en plus d’inspiration keynésienne comme en témoigne Duflo (2019) ou encore Thaler (2017), de quoi laisser présager un retour du keynésianisme ? Telle est d’ailleurs la question surtout quand nous savons que nous sommes dans une situation critique où les taux d’intérêts sont quasi-nuls et où la situation actuelle de trappe à liquidité a du mal à se résorber. 

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !