Le Traité sur la tolérance est un ouvrage de Voltaire publié en 1763. Il pourra être utile dans vos dissertations sur la violence, thème de Lettres & philosophie des prépas ECG 2023-2024.
Élément déclencheur du livre (chapitre I)
Voltaire débute son ouvrage en relatant l’affaire Calas. En 1762, Marc-Antoine Callas, le fils du négociant Jean Calas, se suicide chez lui alors qu’il avait dîné chez ses parents avec un ami de la famille. Rapidement, des rumeurs se créent à Toulouse, lieu du suicide : Jean étant protestant (religion interdite a l’époque), il aurait tué son fils car celui-ci voulait prétendument se convertir au catholicisme.
Jean Calas est alors condamné à mort pour le meurtre de son fils, alors qu’il clame son innocence. Voltaire s’insurge contre cette condamnation : selon lui, Calas est innocent et n’est condamné que parce qu’il est protestant.
“On ne pouvait avoir aucune preuve contre la famille; mais la religion trompée tenait lieu de preuve”
Après avoir démontré l’absurdité de cette condamnation (pas de combat, pas de cris, la servante était aussi catholique.. ), Voltaire décrit le châtiment terrible infligé à Jean Calas, qui fut torturé, et les répercussions terribles qu’eut cette affaire sur la famille Calas.
Voltaire explique donc sa démarche : avec ce livre, il se demande si “la religion doit être charitable ou barbare”.
La thèse de Voltaire
Voltaire explique que ce n’est pas la religion, ni une religion particulière, qui est violente en elle-même: au contraire, selon lui, ce sont les hommes qui font preuve de violence et qui associent, à tort, la religion et la violence.
Dans le chapitre IV, il explique que l’intolérance est la cause de la violence, et que c’est à cause d’elle que des individus de différentes religions, persécutés, se révoltent. En examinant d’autres civilisations, il constate que les régions du monde qui tolèrent les différentes religions se portent mieux ( exemple : L’inde, la Perse, la Tartarie..)
” Cette tolérance n’a jamais excité de guerre civile ; l’intolérance a couvert la terre de carnage “.
L’intolérance est-elle naturelle ?
Voltaire énonce un grand principe qui régit les relations entre les individus : ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit. Or, en assassinant, torturant celui qui ne croit pas comme moi, je ne respecte pas ce principe. De plus, si tout le monde était intolérant, les peuples se feraient perpétuellement la guerre, uniquement pour des raisons religieuses.
” Le droit de l’intolérance est donc absurde et barbare : c’est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes.”
Ici, Voltaire souligne que l’intolérance nous fait perdre notre humanité, et nous place même en dessous de l’animal : car le tigre tue pour satisfaire ses besoins, alors que l’intolérant tue pour des pensées, écrits..
Voltaire explique ensuite que l’intolérance n’est pas naturelle en prenant des exemples historiques : les Grecs ne l’étaient pas ( ” Les Athéniens avaient un autel dédié aux Dieux étrangers”, ” Lorsqu’on assiégeait une ville, on faisait un sacrifice et des prières aux dieux de la ville pour se les rendre favorables” ), les Romains non plus.
NB : Voltaire traite le cas des martyrs chrétiens dans le chapitre IX : sa thèse est que les martyrs chrétiens n’ont pas été tués car ils étaient chrétiens, mais pour d’autres raisons.
La religion est-elle violente ?
Dans le chapitre XII, Voltaire explique que l’intolérance n’est pas de droit divin (elle ne fait pas partie des préceptes donnés par Dieu). Pour justifier cela, il multiplie les exemples où Dieu tolère l’idolâtrie (s’il avait voulu la punir, il aurait par exemple tué “tous les philistins qui osèrent prendre son arche, et qui adoraient Dagon”).
“Dieu ne punit donc pas un culte étranger, mais une profanation du sien”.
Dans le chapitre XIV, il explique que l’intolérance n’a pas non plus été enseignée par Jésus-Christ : pour cela, il reprend le peu de passages des Evangiles qui auraient pu inciter à l’intolérance, et montre que ces derniers sont mal compris.
Il conclut ce chapitre par la phrase suivante :
” Si vous voulez ressembler à Jésus-Christ, soyez martyrs et non bourreaux”
Mais alors, d’où vient la violence justifiée par la religion ?
C’est l’interprétation humaine de la religion qui rend cette dernière violente : ce ne sont que des incompréhensions sur ce qu’est vraiment la religion.
Lorsque les hommes sont parvenus à embrasser une religion pure et sainte, il ne faut pas sombrer dans le fanatisme ou la superstition qui la rendrait dangereuse et déformerait son propos originel.
On pourrait répondre à Voltaire que l’intolérance pourrait être justifiée pour le bien de ceux qui sont persécutés, pour que leurs âmes bénéficient du salut : si je suis empêché d’exercer mon culte, si on me violente car je crois de façon différente, ce serait alors pour mon bien. Voltaire s’oppose fermement à cet argument : qui sommes nous pour savoir qui ira en enfer et au paradis ? “Il me semble qu’il n’appartient guère à des atomes d’un moment, tels que nous sommes, de prévenir ainsi les arrêts du créateur”. (Chapitre XXII).
Bonus : comment utiliser cette référence dans une copie ?
Vous pouvez l’utiliser dans une dissertation sur la religion et la violence : si la religion n’incite pas à la violence, la superstition et le fanatisme peuvent faire sombrer les individus dans la barbarie et la cruauté envers autrui.
Dans cet article, j’ai donné quelques exemples et quelques extraits : il vous est inutile de tout retenir. Je vous conseille de ne retenir qu’un seul chapitre en particulier (celui que vous préférez, que vous pouvez ensuite aller lire, chaque chapitre fait 3-4 pages donc ce n’est vraiment pas long) que vous utiliserez en dissertation. Pour être précis, vous pouvez citer le chapitre en question, et même apprendre une citation que vous trouvez intéressante.
Chers préparationnaires, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour cette année !!
