Le budget de la France, au centre des débats cette année, pourrait inspirer les prochains sujets d’ESH en avril 2025.
Dans cet article (comme dans vos futures dissertations), nous structurons notre réflexion autour d’une problématique clé : La gestion budgétaire actuelle de la France, implique-t-elle une révision à la hausse de la fiscalité ?
Depuis la prise du pouvoir par Emmanuel Macron, on peut dire que la France a connu une série de politiques fiscales en baisse. Le plus souvent, ces réductions avaient pour objectif de dynamiser la croissance économique, en stimulant l’investissement privé et en augmentant le pouvoir d’achat. Cependant, ces options budgétaires se sont accompagnées d’un déficit budgétaire accru, comme en témoigne la Cour des comptes française dans plusieurs rapports. Lorsque la dette publique augmente constamment et que les emprunts deviennent monnaie courante, on peut se demander si les impôts ne seront pas augmentés.
Les baisses d’impôts sous Macron : quel bilan ?
Ainsi, plusieurs réformes ont été adoptées au cours des deux quinquennats de Macron pour soulager la charge fiscale, souvent aux bénéfices des plus grandes entreprises et des ménages les plus riches. À titre d’exemple, on peut par exemple mentionner la transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en un impôt sur la fortune immobilière (IFI) et la création d’un forfaitaire pour l’impôt sur le capital revenu. En effet, ces réformes ont eu pour effet d’améliorer la compétitivité en réduisant les impôts sur les bénéfices et en incitant les gens à investir, mais ont affaibli l’état en réduisant considérablement les recettes fiscales.
Le but principal de ces réformes était la modernisation du système fiscal français, devenir ainsi un pays plus attractif pour les investisseurs et les grandes entreprises, tout en diminuant la fiscalité pour les ménages. Une bonne idée dans l’ensemble, mais qui a creusé un trou pour les finances publiques. En effet, d’après la Cour des comptes, la suppression de ces impôts avait coûté des milliards d’euros à l’État. Par exemple, l’ISF transformé en IFI a coûté à l’État 4,5 milliards d’euros (chiffre intéressant à retenir) . Quant au prélèvement forfaitaire unique, c’est une perte de 2 milliards d’euros de recettes fiscales chaque année.
Déficit et dette : la réalité budgétaire actuelle
La situation ci-dessus met aujourd’hui les autorités dans un dilemme. En effet, après des années de réductions d’impôts, la réalité financière de la France devient de plus en plus précaire. Le déficit public se creuse et entraîne dans son sillage une augmentation de la dette du pays, atteignant ainsi des niveaux record (environ 110,6% du PIB en 2024). Encourageant certains représentants, à savoir le Premier ministre Michel Barnier, à songer à une éventuelle revue à la hausse des impôts.
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Il est important de souligner que cette hypothèse reste encore taboue pour une partie de la classe politique, en particulier chez les macronistes. En effet, l’un des principaux arguments de la politique économique d’Emmanuel Macron a toujours été que les baisses d’impôts permettraient à terme de “relancer la croissance économique” et de créer de la richesse. Le ministre des Finances démissionnaire, Bruno Le Maire, a souvent mis en avant le chiffre de 55 milliards d’euros de baisses d’impôts réalisées au cours des deux mandats, estimant que ces mesures avaient joué un rôle clé dans la relance de l’économie française. Toutefois, cette vision est désormais remise en cause par la réalité budgétaire.
Vers une hausse des impôts : une nécessité inévitable ?
Cependant quand bien même nécessaire à certains égards, augmenter les impôts pourrait avoir des effets négatifs pour la reprise économique, non seulement en diminuant le pouvoir d’achat des ménages, mais également en augmentant le coût des investissements. De plus, atteindre un tel objectif serait politiquement controversé, alors qu’Emmanuel Macron a promis aux Français de baisser leur taux d’imposition…
Il convient d’ailleurs de noter que le débat sur une éventuelle hausse des impôts s’inscrit aussi dans un contexte économique plus large. La France, comme de nombreux pays européens, fait face à une conjoncture économique difficile, marquée par des taux de croissance faibles et des dépenses publiques qui ne cessent de croître. La guerre en Ukraine, l’inflation persistante, ainsi que la transition écologique nécessitent des investissements d’envergures, que les baisses d’impôts des dernières années n’ont pas permis de financer entièrement. De plus, les recettes fiscales, déjà amoindries par les réformes passées, peinent à compenser ces dépenses croissantes.
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La question qui se pose réellement aujourd’hui est donc la suivante : est-il possible de maintenir une politique de baisses d’impôts tout en assurant la stabilité des finances publiques ? La réponse semble de plus en plus incertaine. Les responsables politiques devront probablement faire des choix difficiles dans les mois à venir, en équilibrant la nécessité de soutenir la croissance économique avec celle de rétablir les comptes publics. Il n’est pas exclu que, malgré les promesses initiales de ne pas augmenter les impôts, une telle décision devienne inévitable.
Que peut-on en conclure?
En conclusion, la France se trouve face à une sorte de dilemme fiscal. Après des années de “baisses d’impôts” sous Macron, la situation budgétaire actuelle contraint les décideurs politiques à reconsidérer leurs priorités. Si la hausse des impôts demeure une perspective controversée, elle pourra s’avérer nécessaire pour éviter une aggravation du déficit public et garantir la soutenabilité de la dette à long terme (car oui, même si selon Keynes à long terme “nous serons tous mort” la dette elle, ne meurt jamais …).