Le rapport de jury concernant l’épreuve de culture générale de l’année 2023 souligne « un effondrement » exceptionnel de la qualité de la langue française dans les copies des candidats. Par ailleurs, le rapport indique clairement qu’un candidat ne sachant pas corriger sa langue ou du moins la soigner s’exposait à la perte de bienveillance du correcteur. Nous l’aurons compris : la langue est un élément clé, qui ne peut être négligé, qui doit se travailler au même titre que des mathématiques, ou de l’histoire. Cet article propose trois pistes, qui visent à aider un étudiant à gagner en clarté, articulation et élégance.
La langue est transversale
Que ce soit dans une épreuve d’allemand, d’anglais, de mathématiques ou de philosophie, il est question de la langue française. Par-là, entendons qu’un mauvais apprentissage de la grammaire française peut par exemple sévèrement handicaper un étudiant dans l’apprentissage d’une seconde langue. La compétence langagière demande un travail, celui de la lecture. La réalité indubitable de la maîtrise parfaite de la langue réside dans la confrontation avec celle-ci. Lisez !! Profitez de la lecture d’ouvrages de philosophie, d’articles de presse, pour apprendre des tournures de phrases, des mots plus sophistiqués. C’est par là que viendra la richesse de votre vocabulaire. Par ailleurs, comprenez que l’apprentissage de la langue, s’il se fait par toutes les matières, vous rendra services dans toutes lesdites matières. L’investissement en vaut la chandelle !!
La première idée fondatrice d’une langue élégante vient de sa limpidité : il vous faut d’abord commencer par des phrases simples avant de bâtir sur lesdites phrases, sans en obscurcir le sens. Au-delà du primitif « Sujet, Verbe, Complément », ajoutez une subordonnée, introduite non pas par le sempiternel pronom relatif « qui », mais bien par un participe présent (eg. L’enfant, jouant dans la cour, …). En ce sens, ne cherchez pas à « caler » un mot ou une tournure à tout prix, cela arriverait comme un cheveu sur la soupe. Egalisez votre copie, mesurez-la afin de rendre un ensemble harmonieux, quand bien même la qualité globale de la langue ne serait pas extraordinaire. La langue exprime aussi la cohérence de votre pensée vous ne pouvez ni écrire n’importe quoi, ni écrire n’importe comment.
De cette nécessité de limpidité découle le besoin de connecteurs logiques qui viennent structurer et organiser le propos. Attention !! Les rapports de concours déplorent clairement la mauvaise utilisation généralisée des connecteurs logiques ! Ceux-ci ne doivent servir qu’à unir, comparer, classer ou dissocier des idées (qui doivent donc avoir un lien quelconque). Le premier écueil à éviter est donc d’utiliser un connecteur afin de justifier un lien entre deux idées qui n’en ont pas. Par ailleurs, sachez utiliser des équivalents des connecteurs classiques, tels que « Conséquemment », « Nonobstant », « En ce sens », etc. et connaître les connecteurs dans leur structure (« Aussi » placé en début de phrase implique une inversion du sujet et du verbe : aussi le président a-t-il…)
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Soyez précis !!
La précision de votre langue vous distinguera des autres. Allant de pair avec la clarté de votre langue, la précision veut que vous trouviez le mot juste en une instance donnée. Ainsi, vous donnerez à votre copie nuance et style. Au-delà d’enrichir votre vocabulaire et votre copie, préciser votre langue vous amènera aussi à pouvoir établir des distinctions entre des synonymes qu’il pourrait être intéressant de développer dans votre copie. La langue française est riche de ses nuances : utilisez-les !! Cet exercice peut aussi se révéler utile dans les classes de langues étrangères : les correcteurs raffolent de réflexions fondées sur les comparaisons entre les mots de différentes langues, et les langues étrangères peuvent révéler des distinctions cachées, et utiles. En ce même sens, l’étude de l’étymologie des mots que vous utilisez dans vos copies peut s’avérer un atout gagnant, et vous distinguer positivement des autres candidats.
Cette précision doit aussi vous pousser à proscrire non seulement les mots vagues, tels « choses », « mesures », mais aussi les tournures assénées, peu ou alors mal justifiées, soient : « la violence est le moteur de la société ». Vous nuisez à votre propos et lui faites perdre sa substance et son sérieux : préciser votre langue devrait vous permettre d’éviter ce genre de fautes, puisque vous serez directement capables d’exprimer une idée, sans circonvolutions, ou fioritures superflues. En outre, vous vous perdrez probablement moins dans votre argumentation : cet « effet tunnel » parfois délétère pour les étudiants, qui s’enferment dans une argumentation opaque, ne sera alors plus qu’un mauvais souvenir !
C’est cela qu’on appelle une copie « carrée », une copie nette, propre, qui va droit au but sans oublier les détails importants, capable de s’attarder sur une réflexion abstraite, sans s’embourber. Et pour cela, un dernier conseil de précision serait de se relire !! Certes, les étudiants pourraient tomber victime de leur gestion du temps. Cependant, un gain considérable est à considérer ! Effectivement, vous pourrez ainsi éviter les lourdeurs, et les répétitions, de même que limiter les phrases kilométriques, souvent louches. Veillez donc à ne pas trop trimbaler la « violence » comme un boulet dans votre copie, et utilisez des synonymes afin de qualifier la violence, tels « la furie », « le déchainement », « l’agressivité », ou encore « la frénésie ». Encore une fois : précision et nuances !!
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La langue se doit d’être « fleurie »
Ne perdez jamais de vue que manipuler un langage telle que la langue française, implique la maîtrise de tout un héritage et une culture, soit celle -entre autres- du théâtre, de l’esprit. La langue que vous utiliserez atteindra donc véritablement un pic non seulement quand vous saurez l’utiliser et lui donner un style mais aussi lorsque vous saurez en mobiliser son histoire et ses monuments, tels que Andromaque, le Rouge et le Noir ou encore le Père Goriot. C’est cela fleurir la langue : pourquoi l’expression de « substantifique moelle » revient-elle aussi souvent ? Car elle évoque Rabelais et son Gargantua. Relevez par ailleurs que ces références doivent s’accompagner de leur ouvrage de référence souligné !
A l’heure ou les épreuves écrites mais aussi orales se rapprochent, il convient de considérer que la maîtrise de la langue saura aussi distinguer les candidats aux oraux pour peu qu’ils assimilent vraiment la langue lors de leur préparation en vue des concours. Les conseils d’éloquences à l’oral sont sensiblement les mêmes que les conseils précédents. N’hésitez pas à lire afin de rencontrer un maximum de vocabulaire et de tournures de phrases qui sauraient vous distinguer du simple « Sujet, Verbe, Complément ». L’art d’avoir toujours raison de Schopenhauer vaut le détour en ce qu’il présente par ses premiers chapitres et son incipit une introduction efficace aux procédés du discours.
C’est le dernier conseil : Que ce soit à l’écrit ou à l’oral, sachez reconnaître les caractéristiques de votre discours. Chacune de ces caractéristiques amènera des marches à suivre radicalement différentes. Si vous posez une assertion, vous devez la justifier, si vous posez une affirmation, vous devez en prouver la véracité, tandis qu’une interrogation invitera une réponse, ou bien un approfondissement de la réflexion. Par-là, vous pourrez fournir des justifications utiles, et montrer un réel talent vis-à-vis de l’argumentation.
J’espère que cet article vous aura donné des pistes solides et utiles ! Bonne chance !!