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Quel est l’avenir de l’énergie nucléaire ?

Sommaire

En 2023, la décision stratégique de la Chine de déployer 20 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2030 a redéfini les équilibres énergétiques internationaux, marquant une inflexion majeure dans les rapports géopolitiques. Cette initiative, ancrée dans la volonté de réduire les émissions de CO2 et d’assurer la sécurité énergétique nationale, met en lumière le repositionnement du nucléaire comme levier incontournable dans la lutte contre les défis environnementaux globaux.

Entre les impératifs climatiques, les enjeux économiques et les considérations géopolitiques, l’avenir du nucléaire se dessine de manière nuancée et stratégique.

 

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Les enjeux géoéconomiques de l’énergie nucléaire

L’énergie nucléaire représente une alternative sérieuse aux énergies fossiles dans le cadre de la transition énergétique mondiale. Les centrales nucléaires produisent de l’électricité sans émettre de gaz à effet de serre, ce qui en fait une solution attractive pour atteindre les objectifs climatiques. Cependant, les coûts de construction, de maintenance et de démantèlement des centrales restent élevés, ce qui freine parfois les investissements dans ce secteur. Par exemple, la construction de l’EPR de Flamanville, en France, a vu son coût initial de 3,3 milliards d’euros augmenter à plus de 12 milliards d’euros, en raison de retards et de problèmes techniques. En dépit de ces défis, l’AIE prévoit que les investissements mondiaux dans le nucléaire pourraient atteindre 1 200 milliards de dollars d’ici 2040.

En effet, le nucléaire est mûr pour les progrès technologiques. Les réacteurs de quatrième génération, les petits réacteurs modulaires (SMR) et les réacteurs à fusion sont des exemples de technologies en développement qui pourraient rendre l’énergie nucléaire plus sûre, plus efficace et plus économique. Ces avancées pourraient également réduire la production de déchets nucléaires, l’un des principaux obstacles à l’acceptation de l’énergie nucléaire par le public et les décideurs politiques. Selon une étude de l’AIEA, les SMR pourraient représenter jusqu’à 10% de la capacité nucléaire mondiale d’ici 2040. Le projet ITER, un réacteur de fusion en construction en France, vise à démontrer la faisabilité de la fusion nucléaire comme source d’énergie durable, avec une première plasma prévue pour 2025.

 

Les enjeux géopolitiques et géostratégiques

La géopolitique de l’énergie nucléaire s’articule particulièrement autour des rivalités étatiques pour le contrôle des gisements d’uranium et la sécurisation de leur acheminement. En effet, La concentration des gisements d’uranium dans quelques pays, comme le Canada, l’Australie et le Kazakhstan, exacerbe ces tensions. 

Les États-Unis, la France, et la Chine, par exemple, cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en uranium pour alimenter leurs vastes parcs de réacteurs nucléaires. En 2020, les États-Unis ont importé environ 90% de leur uranium, principalement du Canada, du Kazakhstan et de l’Australie, soulignant leur dépendance vis-à-vis des importations pour maintenir leur production nucléaire. La France, qui génère environ 65% de son électricité grâce au nucléaire, a signé des accords stratégiques avec le Niger, un des principaux producteurs d’uranium, pour assurer un approvisionnement stable. .

En effet, au milieu des années cinquante, l’énergie nucléaire devient un enjeu stratégique et géopolitique majeur. En 1953, le président Eisenhower lance le programme « Atoms for Peace » pour partager les réacteurs et les matières fissiles avec d’autres pays. Les programmes nucléaires civils, impulsés par le choc pétrolier des années 1970, visent à réduire la dépendance énergétique en diversifiant le mix énergétique. Par exemple, la France, grâce au Plan Messmer, a diminué sa dépendance énergétique de 80 % en 1973 à 50 % en 2008, un modèle suivi par l’administration Bush pour relancer les centrales nucléaires aux États-Unis.

 

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Les défis environnementaux et sécuritaires

La gestion des déchets radioactifs demeure l’un des défis les plus complexes pour l’industrie nucléaire. Les solutions actuelles, telles que le stockage géologique profond, nécessitent des investissements colossaux et une gestion à très long terme. Les recherches se poursuivent pour développer des méthodes de recyclage des déchets et des technologies de transmutation, mais ces solutions ne sont pas encore viables à grande échelle. En 2020, la quantité de déchets radioactifs dans le monde était estimée à environ 370 000 tonnes, nécessitant des solutions de stockage sûres et durables. La Finlande, par exemple, a investi 3,5 milliards d’euros dans le projet Onkalo, un site de stockage géologique profond pour les déchets nucléaires.

La sécurité des installations nucléaires est une préoccupation majeure, exacerbée par des accidents historiques tels que Tchernobyl et Fukushima. Les normes de sécurité ont été considérablement renforcées, mais le risque d’accidents, de sabotage ou d’attaques terroristes ne peut jamais être totalement éliminé. La communauté internationale doit donc continuer à coopérer pour améliorer la sécurité nucléaire et prévenir les incidents qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques. Par exemple, le renforcement des normes de sécurité après Fukushima a coûté environ 20 milliards de dollars à l’industrie nucléaire mondiale. En 2020, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a lancé l’initiative « Nuclear Safety and Security Network » pour renforcer la coopération internationale en matière de sécurité nucléaire.

 

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Azeddine Khattabi Filali
Actuellement étudiant à Neoma Business School, j'ai à cœur de vous guider vers l'excellence, pas à pas, ensemble !