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L’adhésion de la Suède dans l’OTAN : Vers une renaissance de l’organisation ?

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adhésion de la Suède dans l’OTAN

Le 17 mai 2021, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme qu’il ne “cédera pas” au sujet de son refus d’autoriser l’adhésion de la Suède à l’OTAN malgré les craintes des pays baltes et occidentaux concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Après plusieurs mois de négociations, la Turquie a finalement concédé une prochaine adhésion suédoise. Que peut-on apprendre de ce retournement géopolitique sur la situation de l’OTAN et de la géopolitique occidentale ?

 

L’OTAN : l’ordre occidental de nouveau attractif ?

Le 7 novembre 2019, le président français Emmanuel Macron considérait que l’OTAN était en “état de mort cérébrale” en raison du manque de coordination entre l’Europe et les États-Unis, mais aussi en raison de la position unilatérale de la Turquie en Syrie. Néanmoins, l’invasion de l’Ukraine par la Russie semble rebattre les cartes et replacer ainsi l’institution au cœur de la géopolitique internationale. Avec l’adhésion de la Finlande et la demande d’adhésion de la Suède, l’OTAN semble avoir regagné en attractivité. On sait dès lors que l’OTAN sert à dissuader la Russie d’envahir son “étranger proche” (E. Primakov) grâce à son fameux article 5 exigeant une réponse commune si l’un des pays membres est attaqué. En somme, le “retour de la guerre” (François Heisbourg) est à l’origine d’un regain d’attractivité de l’OTAN, comme en témoignent les nombreuses demandes d’adhésion (Ukraine, Bosnie-Herzégovine, Géorgie, Suède…).

Le revirement inattendu de la Turquie concernant l’adhésion de la Suède à l’OTAN

En dehors de l’OTAN, la difficile quête d’adhésion de la Suède met également en évidence l’influence de la Turquie dans l’ordre occidental. Soutenue par la Hongrie, la Turquie refusait l’adhésion de la Suède pour deux raisons : la première est liée à l’autorisation de l’autodafé d’un Coran à Stockholm (ce qui donne quelques indices quant à l’islamisation du gouvernement turc) et la seconde est la nouvelle législation suédoise sur le terrorisme qui ne considérait pas le PKK, groupe indépendantiste kurde qui combat sur le sol turc depuis 1984, comme une organisation terroriste. Au final, suite aux négociations, la Suède a dû revoir cette dernière législation (ordonnant, par exemple, l’extradition de certains membres du PKK) et a promis d’apporter son soutien à la Turquie concernant son adhésion à l’Union européenne. L’influence géographique (en tant que “maîtresse des détroits de la mer Noire” – François Heisbourg, les leçons d’une guerre – 2023) et politique de la Turquie semble ainsi lui permettre de s’imposer dans la guerre comme un acteur pouvant influer profondément sur l’ordre occidental.

En conclusion, l’adhésion de la Suède à l’OTAN met en lumière deux dynamiques majeures de la géopolitique contemporaine. D’une part, elle révèle le renouveau d’attractivité de l’OTAN, favorisé par le contexte de la guerre en Ukraine, et d’autre part, elle souligne l’influence prépondérante de la Turquie dans le paysage géopolitique mondial.

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Ethan Zerbib