Le programme de philosophie tronc commun de l’année 2023 voie A/L s’intitule a pour objet les sciences humaines. L’anthropologie est un passage obligé pour comprendre les travaux s’intéressant à l’Homme. Nous te proposons ainsi les anthropologues à connaître absolument.
Marcel Mauss (1872 – 1950)
“Père de l’anthropologie française”, ses travaux visent à rendre compte de manière totale du phénomène social, notamment à travers les notions de “fait social total”, un fait social comprenant toujours comporte toujours des dimensions économiques, culturelles, religieuses, symboliques ou encore juridiques, et “d’homme total”, s’intéressant à l’humain dans ses aspects physiologique, psychologique et sociologique Il a notamment inspiré l’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss, bien que n’ayant jamais véritablement conçu les principes de cette méthode d’analyse.
Ouvrages anthropologiques notables :
- Sociologie et anthropologie, 1968
- Essai sur la nature et la fonction du sacrifice
Claude Lévi-Strauss (1908 – 2009)
Père de l’approche structuraliste, il a cherché à comprendre la grande machine symbolique qui rassemble les différents aspects de la vie humaine : de la famille aux croyances religieuses, des œuvres d’art aux manières de politesse. Il élabore les principes de l’anthropologie structurale en rupture radicale avec les courants alors dominants en ethno-anthropologie : il cherche à expliquer la société et ses manifestations comme un tout doté d’une cohérence interne autorégulée, échappant à la conscience des individus, sur le modèle du structuralisme développé en linguistique : l’esprit humain organise la connaissance en processus binaires, qui sont organisés selon la logique. Le mythe et la science sont tous deux structurés par des paires d’opposés, logiquement liés. Ils partagent donc la même structure, mais ne s’appliquent qu’à des choses différentes.
Ouvrages anthropologiques notables :
- Les Structures élémentaires de la parenté, 1949
- Anthropologie structurale, 1958
- La Pensée sauvage, 1962
René Girard (1923 – 2015)
Père de la “théorie mimétique”, il cherche à fonder une nouvelle anthropologie de la violence et du religieux, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, s’intéressant à la réalité et au mystère du mal : pour comprendre le fonctionnement de nos sociétés, il faut partir du désir humain et de sa nature profondément pathologique. Le désir est une maladie, chacun désire toujours ce que désire autrui. De cette concurrence “rivalitaire” naît le cycle de la fureur et de la vengeance. Ce cycle n’est résolu que par le sacrifice d’un « bouc émissaire », comme le montre l’Histoire avec des sacrifiés marquants, comme Dreyfus ou les procès de Moscou.
Ouvrages anthropologiques notables :
- La violence et le sacré, 1972
- Le sacrifice, 2003
François Héritier (1933 – 2017)
Héritière de Levi-Strauss, approfondit la théorie de l’alliance et celle de la prohibition de l’inceste, établies communément sur la notion de circulation des femmes. Se spécialisant dans les questions touchant à la parenté, au mariage, à la famille, aux liens entre sexe et genre, son champ de recherche s’est particulièrement porté sur l’étude des fondements universels de la domination masculine. Ses travaux sur la parenté ont également nourri la réflexion sur l’accouchement sous X, l’adoption et la procréation médicalement assistée dans des comités d’éthique.
Ouvrages anthropologiques notables :
- Masculin féminin (I&II), 2007
- La différence des sexes, 2010
- Les deux sœurs et leur mère, 2012
Pierre Clastres (1934 – 1977)
S’intéressant de près aux sociétés dites “primitives”, et notamment indiennes, il met en place une anthropologie politique, interrogeant notamment la notion d’Etat. traite de l’exercice et des conditions du pouvoir dans les sociétés dites primitives d’Amérique du Sud. S’il rompt avec une tradition analytique et historique qui nous pousse à voir ces sociétés comme pas encore civilisées, il ouvre un nouveau champ de réflexion et définit les sociétés primitives, réfléchissant à leur absence d’Etat en lien avec leurs productions matérielles.
Ouvrages anthropologiques notables :
- La Société contre l’Etat, 1974
- Archéologie de la violence, 1977
Philippe Descola (1949 -)
Philippe Descola développe une anthropologie comparative des rapports entre humains et non-humains, à partir de la critique du dualisme nature/culture, par une analyse comparative des modes de socialisation de la nature et des schèmes intégrateurs de la pratique : identification, relation et figuration. Il met ainsi en cause la notion philosophique de nature, décrivant comment des « collectifs » – par contraste avec les « sociétés », composées seulement d’individus humains – rassemblent humains et non-humains dans un réseau de relations spécifiques comme chez les Achuar qu’il a beaucoup étudié, où les animaux chassés sont traités comme des affins, à la manière des groupes humains voisins et potentiellement ennemis, tandis que les plantes cultivées sont traitées comme des consanguins, c’est-à-dire nourries et « maternées ».
Ouvrages anthropologiques notables :
- Par-delà nature et culture, 2005
- Diversité des natures, diversité des cultures, 2010
- Les formes du visible, 2021
Eduardo Viveiros de Castro (1951 – )
Travaillant sur les cultures amérindiennes, il a construit une anthropologie qui déplace la position qu’occupe l’Autre dans nos configurations mentales. Il introduit également la notion de “perspectivisme”, qui désigne le fait que certains peuples ne pensent pas seulement que les animaux se comportent comme des humains mais que, réciproquement, les animaux perçoivent les humains comme des animaux, comme si le point de vue d’une espèce sur les autres dépendait toujours du corps où elle réside.
Ouvrages anthropologiques notables :
- Métaphysiques cannibales, 2009
- Le regard du jaguar. Introduction au perspectivisme amérindien, 2021