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Décarboner l’industrie française coûtera 50 milliards d’euros

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A l’occasion du salon aéronautique du Bourget, la Première ministre Elisabeth Borne a détaillé la planification écologique à suivre pour atteindre les objectifs fixés par l’exécutif d’ici à 2030. La facture de la décarbonation de tous les sites industriels français est estimée à 50 milliards d’euros d’après les projections réalisées.

Une facture de 50 milliards d’euros pour les sites industriels français

Le 8 novembre 2022, le président de la République Emmanuel Macron proposait un pacte de décarbonation aux industriels les plus émetteurs de CO2 en France. La proposition de l’exécutif est simple : doubler l’aide publique en échange d’un doublement de leur effort en la matière. « Si des projets et des sites sont identifiés d’ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts, si on arrive à passer des 10 millions de tonnes de CO2 évités à 20 millions instruits, nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l’enveloppe de 5 à 10 milliards d’euros d’accompagnement », a lancé le chef de l’Etat.

Vendredi 23 juin 2023, le gouvernement a débloqué le premier milliard d’euros d’aides publiques pour lancer le mouvement de décarbonation annoncé en novembre par Emmanuel Macron. Quelque 250 millions d’euros seront ainsi ouverts pour des projets « de petite et moyenne ampleur » et « 750 millions d’euros » iront à des « projets de plus grande ampleur, reposant sur des technologies émergentes », a précisé Elisabeth Borne.

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Décarboner l’industrie française équivaut à une nouvelle révolution industrielle

Pour le ministre de l’Industrie Roland Lescure, la décarbonation équivaut à une « nouvelle révolution industrielle », en ce qu’elle signifie d’investissements lourds, notamment pour électrifier des procédés et supprimer l’emploi d’énergies fossiles. Les projections que nous avons pu réaliser, sur la base des travaux de planification menés avec les filières industrielles, estiment ce coût à 50 milliards d’euros d’investissement total pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés à 2030, a-t-il dit à l’AFP.

L’itinéraire pour décarboner les usines françaises sort du flou puisque les représentants des 50 usines les plus émettrices ont présenté leurs feuilles de route de décarbonation, dans lesquelles ils s’engagent à réduire de 45% leurs émissions de CO2 d’ici 2030, et de 80% d’ici 2050. Ces 50 sites industriels, des usines sidérurgiques, chimiques, des cimentiers ou fabricants d’engrais notamment, mais aussi quelques sites agroalimentaires, représentent 30.000 emplois et la moitié des émissions de l’industrie qui pèsent 18% des émissions nationales.

Roland Lescure affirme que « l’exercice de planification que nous avons mené avec les 50 sites industriels les plus émetteurs nous a montré que le déploiement rapide de l’enfouissement du carbone dans d’anciennes poches d’hydrocarbures sous-marines de gaz était une condition nécessaire pour atteindre notre objectif. »

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La capture et le stockage géologique du carbone, la solution pour les émissions « incompressibles »

Roland Lescure souhaite rassurer ceux qui s’inquiètent de voir de l’argent public dépensé sans garantie sur une baisse effective des émissions. « Nous suivrons les engagements de près, et il y aura des clauses de remboursement si les objectifs ne sont pas atteints », dit-il. L’Etat n’a vocation à subventionner que les projets non rentables, dans des technologies de rupture que le privé ne pourrait pas financer seul. Soit environ un tiers des projets. « Sur certains, le niveau de subvention pourra atteindre plus de 90 % des investissements », indique un conseiller à Bercy.

À terme, le ministre s’attend à la réalisation d’« autoroutes du carbone » pour évacuer tout ce CO2 incompressible, via un axe de « carboducs » qui seront les « infrastructures du XXIe siècle » vers des ports de liquéfaction pour le transport maritime du CO2 vers des lieux de stockage, a-t-il précisé aux Échos le 23 juin 2023. Pour y parvenir, « il s’agira d’identifier les sites possibles d’enfouissement, d’abord dans les gisements de gaz naturel vides en mer du Nord, et plus tard pourquoi pas en France », a ajouté le ministre. « On estime le potentiel de notre sous-sol à 350 à 500 millions de tonnes dans les anciennes poches de gaz du bassin de Lacq, et de 80 à 110 millions de tonnes dans le bassin parisien. L’Alsace a également du potentiel. »

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Pour conclure, l’effort de la France sur ces sites industriels doit permettre de franchir une marche importante de sa trajectoire de décarbonation à horizon 2030 : 24 millions de tonnes pour ces seuls 50 sites, sur les 130 millions à trouver d’ici à 2030 (afin de tomber à 270 millions).

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref