L’ascension d’Adolf Hitler à la tête de l’Allemagne en 1933 résulte non seulement de ses manœuvrespolitiques mais aussi de divisions profondes au sein de la classe dirigeante et de l’ensemble de la société allemande. En examinant les événements clés de cette période, il devient clair que la montée de Hitler s’est nourrie des failles de l’Allemagne de Weimar. Mister Prépa te propose aujourd’hui de découvrir les principales failles.
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Les élections de juillet 1932 : un basculement politique
En juillet 1932, le parti nazi frappe fort : il récolte 37 % des voix et devient le plus grand parti du Reichstagavec 213 sièges. Pourtant, Hitler n’obtient jamais de majorité absolue. Cette montée en puissance est surtout due aux failles des autres partis, notamment ceux du centre, incapables de former une coalition stable. Les électeurs, lassés du désordre, se tournent vers le parti nazi, le seul qui semble pouvoir amener un semblant d’ordre et de stabilité dans un climat de confusion politique.
Malgré ce score historique, le Reichstag reste un champ de bataille ingouvernable, ce qui conduit à de nouvelles élections en novembre 1932. Encore une fois, Hitler ne rafle pas la majorité absolue, mais il est devenu incontournable. La frustration des Allemands envers le gouvernement de Weimar continue de monter, et ce sentiment de désillusion ne fait que renforcer la rhétorique d’Hitler, qui promet un retour à la grandeur d’une Allemagne unie et prospère.
Le poids de l’hyperinflation de 1923 et la crise de 1929
L’économie allemande traverse une période sombre. La crise de 1929 a frappé durement le pays, ramenant des souvenirs douloureux de l’hyperinflation de 1923, quand le mark allemand avait perdu presque toute sa valeur. Ces crises successives avaient plongé les classes moyennes et les agriculteurs dans l’angoisse, avec la peur constante de voir leurs économies disparaître. Hitler, conscient de cette angoisse collective, joue habilement la carte de la sécurité et promet un retour à une ère stable, où les familles et les agriculteurs retrouveraient prospérité et respect. C’est un message rassurant qui parle aux cœurs allemands et accroît sa popularité.
La désunion des conservateurs et la stratégie de von Papen
Du côté des conservateurs, c’est une guerre de clans. Les dirigeants de droite, qui devraient former un front solide pour contrer les nazis, se querellent et se trahissent mutuellement. Franz von Papen, ancien chancelier, décide même de s’allier à Hitler pour écarter ses rivaux conservateurs et regagner de l’influence. Il finit par convaincre le président Paul von Hindenburg de nommer Hitler chancelier en janvier 1933, en pensant naïvement qu’ils pourraient le contrôler une fois au pouvoir. Pour les conservateurs, ce calcul est clair : ils voient Hitler comme un bouclier contre la gauche montante et un moyen de stabiliser la situation, mais sans mesurer la portée de cette alliance. En fait, ils viennent de donner à Hitler l’opportunité qu’il attendait depuis toujours.
L’inaction des socio-démocrates et la sous-estimation de la menace nazie
Du côté des sociaux-démocrates, l’approche est très différente. Au lieu de s’organiser pour contrer la montée du nazisme, ils préfèrent se tenir en retrait, persuadés que le peuple finira par se lasser des idées radicales d’Hitler. Ils minimisent la menace nazie, pensant que cette mouvance extrême s’éteindra d’elle-même. Malheureusement, cette attitude attentiste permet au parti nazi de continuer son ascension sans réelle opposition de la gauche, qui ne prend conscience de l’ampleur du danger que trop tard.
L’influence médiatique de Hugenberg
Si Hitler bénéficie d’une telle couverture médiatique, c’est aussi en partie grâce à Alfred Hugenberg, un magnat de la presse conservatrice. Depuis 1915, Hugenberg dirige un véritable empire médiatique qui fait passer des messages nationalistes et anti-républicains. Voyant en Hitler un partenaire potentiel pour ses propres ambitions, Hugenberg utilise ses journaux et son agence de presse pour promouvoir le chef nazi. Son but est simple : faire avancer son propre programme politique. Cependant, il perd rapidement le contrôle de la situation ; au lieu de manipuler Hitler, il devient un simple rouage de la machine nazie, débordé par l’ampleur de l’engouement que son appui médiatique a contribué à créer.
Conclusion
En janvier 1933, Hitler devient chancelier. Ce n’est pas seulement une victoire personnelle ; c’est aussi le résultat d’une Allemagne qui s’est déchirée de l’intérieur. La faiblesse des institutions, les querelles politiques, l’inaction des sociaux-démocrates et le soutien de puissances comme Hugenberg forment un cocktail explosif. Au final, Hitler n’a fait que s’engouffrer dans ces failles pour réaliser son projet totalitaire. Son ascension n’est pas le fait d’une seule cause, mais d’une société allemande trop divisée pour lui résister.