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Les élections législatives : comment ça fonctionne ?

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Le 9 juin 2024, Emmanuel Macron proclame la dissolution de l’Assemblée nationale après l’annonce des résultats des élections européennes, ayant eu lieu le jour même. Ces élections voient l’extrême droite gagner en puissance dans de nombreux pays européens dont la France, l’Italie et l’Autriche.

Il choisit les 30 juin et 7 juillet pour les deux tours des élections législatives, dont l’objectif est de réélire les députés de l’Assemblée nationale. La dernière annonce de dissolution avait eu lieu en 1997 par Jacques Chirac.

Dans cet article, l’objectif est de comprendre le fonctionnement des élections législatives. Il est également intéressant d’étudier la situation politique actuelle en France.

 

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Élire les députés à l’Assemblée nationale

En juin 2022, les élections législatives avaient lieu afin d’élire les députés de l’Assemblée nationale. Elles se sont déroulées juste après la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence.

Les députés sont élus au suffrage universel direct par les électeurs français. La particularité de ces élections est qu’elles sont un scrutin national organisé à l’échelle locale, par circonscription. Chaque circonscription organise donc une élection différente, avec des candidats différents. Une fois élus, les députés sont des représentants de la nation.

Organisées en deux tours espacés d’une semaine, ces élections voient élire 577 députés venant de 577 circonscriptions différentes (France hexagonale, Corse, régions et départements d’Outre-Mer et étranger).

 

Comprendre le scrutin

Comme pour les élections présidentielles, le vote se fait pour un ou une candidate, et non pour une liste (contrairement aux élections européennes par exemple). Une seule personne peut être élue député dans chaque circonscription.

Au premier tour, il faut obtenir au moins 12,5% des voix des électeurs inscrits sur la liste électorale de la circonscription pour être qualifié au second tour. Il est également possible d’être élu dès le premier tour en rassemblant plus de 50% des suffrages exprimés représentant au moins 25% des électeurs inscrits dans la circonscription. Le second tour de l’élection dans cette circonscription est annulé et le ou la candidate est élu député.

Dès lors, il est possible que plus de deux candidats regroupent les conditions afin de se qualifier au second tour. Si trois candidats se qualifient, le second tour sera une triangulaire. Si quatre candidats se qualifient, ce sera une quadrangulaire.

Au second tour, les candidats qualifiés participent à une nouvelle semaine de campagne et un dernier vote. Cette fois, c’est le ou la candidate qui rassemble le plus de voix qui est élu député.

 

Le pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale

Ces trois dernières années, nous avons connu deux élections législatives. La première, en 2022, a naturellement suivi les élections présidentielles. Les députés sont élus pour 5 ans. Pourtant, de nouvelles élections législatives ont lieu en 2024.

La raison est liée aux pouvoirs du Président de la République. Emmanuel Macron a en effet le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. C’est l’article 12 de la Constitution française qui décrit cette procédure : « Le Président de la République peut, après consultation du Premier Ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale ». Dès lors, les 577 députés qui siégeaient déjà à l’Assemblée nationale perdent leur fonction. De nouvelles élections doivent être organisées entre les 20 et 40 jours qui suivent l’annonce de la dissolution.

 

Les résultats du premier tour

Ce sont les résultats décevants de la majorité présidentielle aux élections européennes qui ont poussé Emmanuel Macron à annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale. L’objectif de cette dissolution était de réaffirmer la majorité présidentielle à l’Assemblée, voire la renforcer. Pourtant, les résultats du premier tour font perdre de nombreux sièges au parti présidentiel.

Ce premier tour connaît un taux de participation historique — 66,7% d’après Le Monde. C’est presque 20 points de plus qu’au premier tour des élections législatives de 2022. Encore plus qu’en 2022, les résultats de cette élection dépeignent la tripolarisation de la population française.

Avec 29,25% des voix, c’est le parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN) qui arrive en première position. Son alliance avec certains candidats Républicains lui font atteindre les 33,15%. Cette alliance avait été lancée par Éric Ciotti, président des Républicains (LR).

Le Nouveau Front Populaire (NFP) se trouve en deuxième position avec 27,99% des voix. Cette coalition, allant du centre gauche à la gauche réformiste, regroupe les Écologistes, la France insoumise, le Parti communste français et le Parti socialiste, ainsi que d’autres partis mineurs de gauche.

L’alliance présidentielle, composée des partis Ensemble et Horizons, arrive troisième avec 20,76% des voix. Les Républicains, ayant refusé l’alliance avec le RN, n’obtiennent que 6,57% des voix.

L’ensemble de ces chiffres proviennent du ministère de l’Intérieur.

 

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Une élection exceptionnelle

Ce premier tour possède de nombreuses caractéristiques surprenantes. D’abord, 76 candidats ont été élus dès le premier tour car ils ont obtenu au moins 50% des voix représentant au moins 25% des électeurs inscrits. Parmi eux, 39 appartiennent à l’alliance RN/LR et 32 à la coalition du NFP. Également, cette élection a mené à un important nombre de triangulaires et de quadrangulaires. Nous comptons 306 triangulaires et 5 quadrangulaires, contre seulement 8 triangulaires en 2022.

Entre le premier et le second tour, de nombreux appels aux désistements des candidats qualifiés arrivés en 3e ou 4e position ont été lancés. Afin d’empêcher l’extrême droite d’avoir une majorité absolue au second tour, le NFP et l’alliance présidentielle ont respectivement encouragé un désistement total et un désistement “au cas par cas”.Si l’un de ces partis obtient la majorité absolue, le Président de la République devra nommer un ou une Première ministre issu de cette majorité. Cela mènerait à une période de cohabitation, avec un Président et un gouvernement issu de partis différents.

 

Les résultats du second tour

Contre toute attente, le NFP devient la première force politique en obtenant 182 sièges. Les forces de gauche devancent l’alliance présidentielle et ses 163 candidats élus. Le RN est relégué à la 3e place avec 143 élus, alors même que les sondages les prédisaient vainqueurs des élections.

Le barrage républicain, ayant fortement été encouragé et suivi à gauche, et à moindre mesure pour les électeurs de Ensemble, a permis de battre de nombreux candidats d’extrême droite au second tour. C’est la première fois depuis 2012 que la gauche remporte une élection en France.

Pourtant, aucune majorité claire ne s’est dessinée. Nous faisons face à trois grands blocs politiques de taille similaire : la gauche avec le NFP, le centre et le centre droit avec l’alliance présidentielle et enfin l’extrême droite avec le RN et ses alliés républicains. La question du ou de la prochaine première ministre pose alors question. Aucune force politique ne peut gouverner seule. Dans les jours qui suivent, il est possible que des nouvelles alliances se forment pour atteindre la majorité absolue (289 députés) et constituer un gouvernement.

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Alban Dantin
Actuellement en master à Sciences Po Bordeaux, j'ai d'abord fait deux ans de classe prépa littéraire A/L à Saint-Sernin (Toulouse).