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Elinor Ostrom; bien commun, collectivité et polycentricité

Sommaire

Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d’économie en 2009, a révolutionné la compréhension de la gestion des biens communs en démontrant que les communautés locales peuvent s’auto-organiser pour gérer durablement leurs ressources naturelles.

Biographie de Elinor Ostrom 

Elinor Ostrom (1933-2012) était une politologue américaine renommée, spécialisée dans les questions de gouvernance des ressources communes. 

En 2009, elle est devenue la première femme à recevoir le Prix Nobel d’économie pour ses travaux sur la gestion des biens communs.

 

Quelques informations clés : 

  • Courant de pensée : économie institutionnelle, théorie des communs

 

  • Champ d’étude : gouvernance des biens communs et action collective

 

  • Oeuvres principales : Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action (1990) ; Understanding Institutional Diversity (2005)

Les apports de Ostrom en sciences sociales 

Ses apports sont considérables en sciences sociales, notamment en économie, en sciences politiques et en sociologie. Elle a édifié  une approche empirique et interdisciplinaire tout en remettant en question des hypothèses dominantes et en ouvrant de nouvelles perspectives sur la coopération humaine et la gestion collective.

 

Révision de la tragédie des biens communs 

Ostrom a profondément critiqué le concept de la “tragédie des communs” popularisé par Garrett Hardin (1968). Elle a renversé cette théorie centrale et classique en sciences sociales. Ce concept prédisait en effet que les ressources partagées seraient inévitablement surexploitées à moins d’être privatisées ou régulées par un gouvernement centralisé.

En réalité, elle a renversé cette vision très pessimiste de Hardin. 

Elle a démontré, à travers des études empiriques, que des groupes locaux pouvaient gérer collectivement et durablement des ressources communes sans nécessité de privatisation ou de contrôle étatique. Elle a ainsi montré que la gestion par les utilisateurs eux-mêmes pouvait être une solution viable et efficace.

Elle a donc prouvé empiriquement la capacité des communautés à s’auto-organiser. Mais également, que des utilisateurs de ressources partagées pouvaient coopérer pour élaborer des règles de gestion et de gouvernance et ne sont pas seulement, comme Hardin l’évoquait, seulement motivés par leur gain personnel. 

Elle a également insisté sur le fait qu’il n’y avait pas une seule méthode, ni une seule solution pour la gestion des biens communs. Effectivement, elles doivent être adaptées au contexte, aux conditions locales… 

Lire plus : la tragédie des biens communs 

 

Théorie de l’action collective 

Ostrom a aussi approfondi la théorie de l’action collective en démontrant que les individus peuvent surmonter les dilemmes de coordination pour gérer les ressources communes de façon autonome, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un acteur extérieur coercitif.

Ici, elle a remis en cause la théorie classique de l’action collective telle que développée par Mancur Olson. Si nous devions résumer la théorie principale de ce dernier, nous dirions que selon M. Olson, les individus agissant dans leur intérêt personnel ne parviennent pas à s’organiser pour poursuivre des objectifs collectifs viables.

Elle a montré que la confiance mutuelle et la capacité à élaborer des règles communes sont essentielles pour surmonter les problèmes de free-riding et de comportements opportunistes.

Ainsi, Ostrom montre que la clé de la réussite de l’action collective réside dans la capacité des groupes à développer des institutions locales (un ensemble de règles formelles et informelles notamment). 

 

Concept de “polycentricité”

Ostrom a également introduit le concept de polycentricité pour décrire des systèmes de gouvernance composés de multiples centres décisionnels qui interagissent entre eux. Ce concept s’applique à des situations où plusieurs autorités (locales, régionales, nationales et même internationale) sont impliquées dans la gestion d’une ressource ou d’un problème. Ce concept s’oppose aux structures monocentriques ou les décisions sont centralisées.

Le principe est simple. Il repose sur trois piliers : 

 

  • la multiplicité des acteurs 
  • L’interdépendance et la coordination
  • L’adaptabilité et la flexibilité

 

Cette idée a des implications importantes pour la gouvernance de l’environnement et du climat, montrant que la coordination entre de nombreux acteurs à différents niveaux peut être plus efficace qu’une simple centralisation des décisions. En effet, il propose une alternative aux approches centralisées de gestion des ressources naturelles et de lutte contre le changement climatique.

 

L’héritage de Ostrom 

  • Elinor Ostrom a fondé et développé l’École de Bloomington à l’Université de l’Indiana, qui est devenue un centre de recherche majeur sur la gouvernance des communs et l’action collective. De nombreux chercheurs qui y ont travaillé ont poursuivi ses idées, approfondissant la compréhension des communs et de la polycentricité.
 
  • Le concept de polycentricité a influencé de nombreux travaux sur la gouvernance environnementale, en particulier ceux qui portent sur la gestion des ressources à l’échelle mondiale, comme le changement climatique. Des chercheurs comme Thomas Dietz ont appliqué les idées d’Ostrom pour mieux comprendre la nécessité de gouvernances multi-niveaux dans la lutte contre le changement climatique.
 
  • Elinor Ostrom a aussi influencé le domaine de la nouvelle économie institutionnelle (NEI), en particulier les chercheurs intéressés par l’importance des règles informelles et des institutions locales dans la gestion économique
 
 
 
 
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Camille Huentz