Misterprepa

ESH ESCP / SKEMA 2025 – Analyse du sujet

Sommaire
ESH ESCP SKEMA ANALYSE SUJET 2025

Voici l’analyse du sujet détaillée d’ESH ESCP / SKEMA 2025.

Cette épreuve est très importante pour les candidats et les coefficients sont élevés selon les écoles.

 

POUR VOIR LE SUJET D’ESH ESCP / SKEMA DU CONCOURS 2025

POUR VOIR LES CONSEILS, SUJETS ET ANALYSES DU CONCOURS 2025 

 

L’analyse du sujet 2025 d’ESH ESCP / SKEMA

👉  Découvrez le corrigé de l’épreuve ESH ESCP SKEMA 2025  👈

 

Comment la théorie économique appréhende-t-elle l’entreprise ? 

 

Définir les termes du sujet

Théorie : construction intellectuelle, hypothétique et synthétique, organisée en système et vérifiée par un protocole expérimental; ensemble de lois formant un système cohérent et servant de base à une science, ou rendant compte de certains faits. Origine : du grec signifiant “observer”. En économie, le mot “théorie” est souvent synonyme de “paradigme” (Thomas KUHN), on peut donc associer “théorie économique” et “paradigme”.

(source : CNRTL, centre national de ressources textuelles et lexicales)

Entreprise : cf corrigé Ecricome 2025

Appréhender : saisir par l’entendement, par un acte précis de la pensée conceptuelle (du latin apprehendere = comprendre, saisir)

(CNRTL, centre national de ressources textuelles et lexicales)

Comment : sous quel regard (purement éco ? socio ? histo ? anthropo ?…) ? avec quels outils (théorie des contrats complets ou incomplets ?…) ?

Pour aller plus loin : comment utiliser la notion de paradigme ?

En fonction du paradigme dans lequel on se place, l’objet étudié n’est pas appréhendé de la même façon :

– Sommes-nous dans un monde certain ou dans un monde d’incertitude (Frank KNIGHT) ?

– Les individus sont-ils rationnels ou y a-t-il une rationalité limitée (Herbert SIMON) ?

– L’histoire compte-t-elle ou peut-on s’abstraire de tout contexte historique ? Les institutions sont-elles fondamentales ?

– etc. 

Dans ce sujet centré sur les théories de l’entreprise, raisonner par paradigme était essentiel car c’est par cette porte qu’on peut bien entrer dans le sujet et bien le problématiser.

 

Problématiser

L’ “impérialisme” de la théorie standard (= néoclassique) s’applique-t-il au champ de l’étude de l’entreprise ?

2 références pour avoir une bonne vision synthétique du sujet 

– Magali CHAUDEY, Analyse économique de la firme, 2014

– Grand manuel d’économie politique, 2023, notamment le chapitre écrit par Elodie BERTRAND et intitulé “Théories de la firme” (pages 151-160)

 

Les pistes de travail

 

1) Courants néoclassiques fondateurs

– Entreprise = “boîte boire”, aucune épaisseur, simple fonction de production

– Maximisation du profit conduit à égaliser rémunérations réelles des facteurs avec leur productivité marginale (= situation juste et efficace pour les néoclassiques)

– Graphique (coût marginal / moyen, prix imposé) : jusqu’où l’entreprise doit produire ?

 

2) COASE et WILLIAMSON (= théorie des coûts de transaction)

– Coûts marginaux de recours au marché : décroissants

– Coûts marginaux d’organisation en interne : croissants (“A mesure que l’entreprise grandit, la fonction de l’entrepreneur peut connaître des rendements décroissants, c’est-à-dire que les coûts d’organisation de transactions additionnelles à l’intérieur de la firme peuvent augmenter“, COASE)

Conclusion de COASE : “une entreprise tendra à s’agrandir jusqu’à ce que les coûts d’organisation de transactions supplémentaires en son sein deviennent égaux au coût de réalisation de cette même transaction par le biais d’un échange sur le marché, ou aux coûts d’organisation dans une autre entreprise »

Une extension : combiner COASE + modèle OLI pour avoir l’alternative faire / faire faire au niveau international.

Représenter COASE en graphique :

  • Axe x : transactions effectuées par la firme
  • Axe y : coûts marginaux recours au marché / coûts d’organisation interne

WILLIAMSON : coûts de transaction avec  d’autres hypothèses 

– Rationalité limitée (Herbert SIMON

– Contrats complets impossibles à mettre en oeuvre (car rationalité limitée : on a donc des contrats incomplets) donc comportements opportunistes possibles

– Actifs sont spécifiques (ex : localisation des entreprises et de ses sous-traitants, capital humain spécifique …)

– Pour un exemple historique à citer : le cas General Motors versus Fisher Body aux USA dans les années 1920

 

3) ALCHIAN et DEMSETZ (= théorie des droits de propriété)

– ALCHIAN et DEMSETZ = une des premières tentatives d’élaboration d’une théorie générale de la firme qui s’émancipe de l’approche néoclassique de l’entreprise comme “boîte noire”, depuis l’article fondateur de Ronald COASE (1937) . Mark BLAUG (historien de la pensée économique) qualifie cet article d’ “immensément influent“, c’est « le premier à retenir la suggestion de Coase selon laquelle les coûts de transaction sont la clé de la création des firmes et à examiner par le menu les implications de cette idée pour la relation d’emploi entre le travail et le management »

– Avant ALCHIAN et DEMSETZ, l’organisation interne de l’entreprise était considérée comme ne relevant pas du domaine d’investigation de l’économiste, mais plutôt de celui de l’ingénieur et des sciences du management. ALCHIAN et DEMSETZ font donc “entrer” l’économiste dans la boîte noire.

Firme = multiplicité des acteurs, chaque acteur maximise sa fonction objectif (firme n’est donc pas vue comme un ensemble homogène qui maximise uniquement son profit). Pb posé par ALCHIAN et DEMSETZ : bcp de personnes participent à la production, mais on ne peut pas mesurer la participation de chacun spécifiquement (ex équipe de rugby : doit-on attribuer les essais aux seuls arrirèes ou aux seuls avants ?). Chaque agent va alors jouer le rôle du free rider (cf TAYLOR : chacun va “tirer au flanc”). Un des agents doit donc se spécialiser dans le contrôle des performances de chaque agent : c’est le rôle d’un “moniteur” ou d’un « contrôleur”.

Rôle de la structure des droits de propriété  = s’assurer que chacun participe à l’efficacité de la firme, les droits de propriété jouent le rôle d’incitation.

– Ex : la firme capitaliste (avec l’embauche de salariés) s’impose car elle est la plus efficace : le “contrôleur” se voit confier le droit de négocier et rompre les contrats avec chaque membre de l’équipe (“L’employeur peut renvoyer ou poursuivre en justice, de la même manière que je peux renvoyer mon épicier en arrêtant d’acheter chez lui ou le poursuivre pour avoir vendu des produits défectueux”, ALCHIAN et DEMSETZ, 1972), il a un droit de créance résiduelle, il peut vendre ces droits. Cette structure incitative permet donc de limiter l’aléa moral (asymétrie d’information) et permet donc de mettre en oeuvre des contrats complets.

– Pour ALCHIAN et DEMSETZ, la firme coopérative atténue une partie des droits (ex : il n’y a pas un unique contrôleur, mais tous peuvent être contrôleur), elle s’avère donc moins efficace.

 

Nous passons aux courants plus hétérodoxes = courants dits « institutionnalistes »

Caractéristiques des approches fondées sur l’institutionnalisme : la firme est impliquée dans une dynamique (on ne raisonne pas seulement à l’équilibre comme la micro néoclassique), l’entreprise n’est pas seulement une fonction de production mais on introduit le rôle de l’entrepreneur (qui n’est pas passif et réagit face au marché : il choisit une combinaison productive, transforme le marché …). Cette approche explique donc la diversité des entreprises + leur évolution historique

 

1) Edith PENROSE : approche par les ressources

– Inspirée par les travaux de l’école autrichienne (place centrale accordée à l’information) + travaux évolutionnistes de Kenneth BOULDING (thèmes de l’information, du savoir et de la connaissance).

– Firme : ensemble de connaissances issues de chaque agent au sein de l’entreprise. C’est ici qu’on reconnaît l’empreinte autrichienne qui inspire Edith PENROSE : pour HAYEK, la connaissance ne jaillit pas du cerveau d’une autorité centrale (l’ordre construit est dysfonctionnel) mais de l’interaction de tous (= avantage d’un ordre spontané). L’entreprise n’est donc pas une simple fonction de production faisant entrer des inputs et en faisant sortir un output comme dans un blender, c’est au contraire une organisation basée sur les compétences des personnes qui y sont réunies sous la responsabilité de dirigeants qui n’ont pas accès aux connaissances des individus qui sont dans l’entreprise. 

– Ce n’est cependant pas l’accumulation de ces ressources qui suscitent un avantage compétitif ou concurrentiel, mais le management innovant (on a encore ici une référence à l’école autrichienne, notamment à SCHUMPETER) par des dirigeants expérimentés remplissant une fonction de catalyseurs pour obtenir le meilleur des “services productifs” de chacun (chez PENROSE, le travail est un input, mais ce travail fournit un “service productif” via la connaissance qu’il possède).

 

2) Richard NELSON et Sidney WINTER = approche par les routines

– Firme =ensemble de compétences qui sont incorporées dans des routines tacites et non transférables. 

– Routine = équivalent au niveau collectif d’une habitude au niveau individuel, c’est un modèle d’activité répétitive, automatique, une procédure de réponse à un problème. Elle permet ainsi de dépasser les limites cognitives individuelles et la complexité des interactions.

  Routines ne peuvent pas faire l’objet d’un contrat : elles n’existent qu’à l’intérieur d’une entreprise.

– Les firmes héritent des routines (l’équivalent des gènes en biologie évolutionniste), elles peuvent copier des routines existantes ou en inventer d’autres (l’équivalent de la mutation des gènes), et l’environnement fait le tri des firmes performantes, et donc de leurs routines (l’équivalent de la sélection). C’est la diversité des environnements (par exemple le degré de concurrence et de régulation du marché, l’accès au crédit, etc.) qui fait la variété des trajectoires possibles. 

 

Quelle autre grille d’analyse peut-on prendre pour analyser le sujet ?

On peut se fonder sur deux typologies (proposées par Magali CHAUDEY dans son ouvrage cité précédemment) :

– Approches contractuelles = vision dominante orthodoxe, vision néoclassique. Place prépondérante au marché et à l’échange, et plus particulièrement aux transactions contractualisées, que celles-ci se déroulent sur le marché ou à l’intérieur d’une firme.

– Approches non contractuelles : vision alternative de la firme, courant de pensée plus hétérodoxe, rupture ainsi avec le modèle néoclassique standard

 

1) Approches contractuelles

Théorie des coûts de transaction

COASE

WILLIAMSON

Théorie des droits de propriété 

ALCHIAN et DEMSETZ

Théorie de l’agence

BERLE et MEANS

JENSEN et MECKLING

 

2) Approches non contractuelles

Approche behavioriste

Selon la théorie standard (cf modèle de l’homo economicus), les étapes de la prise de décision sont les suivantes :

– L’individu fait un choix parmi un ensemble de choix possibles prédéfinis

– L’individu peut associer à chaque choix possible une série de conséquences

– Avant de faire son choix, chaque individu dispose d’un ordre de préférence lui permettant de classer ses choix en fonction des conséquences associées à chaque choix.

Pour MARCH et SIMON (1958), l’observation du comportement réel des individus va à l’encontre de ce schéma théorique. Pour la théorie comportementale, le processus individuel de décision se présente comme suit :

– Les alternatives du choix ne sont pas données, elles sont à chercher, cette recherche fait partie du processus individuel de décision.

– L’information sur les conséquences associées à chaque alternative est rarement donnée, la recherche de cette information est une composante importante du processus individuel de décision.

– La comparaison entre les différentes alternatives ne se fait pas en fonction d’un critère quantifiable (maximisation du profit ou minimisation des coûts de transaction par exemple). De plus, le décideur ne peut pas définir une solution optimale, mais seulement l’alternative la plus satisfaisante, compte tenu du critère de choix qu’il s’est fixé.

– La plupart du temps, dans le monde réel, le problème à résoudre ou la décision à prendre ne sont eux-mêmes pas clairement énoncés. Le processus de décision comprend donc également une étape permettant de circonscrire le problème à résoudre.

Approche évolutionniste

Edith PENROSE

Richard NELSON et Sydney WINTER

 

Quels plans proposer ?

 

Plan 1

I. Approche néoclassique

II. Approche contractuelle ou approche fondée sur l’individualisme méthodologique mais dans la continuité néoclassique

III. Approche non contractuelle ou approche institutionnaliste

 

Plan 2

I. Si l’ “impérialisme” de la théorie standard infuse les théories de l’entreprise …

II. … toutefois les théories de l’entreprise se sont ouvertes vers de nouvelles approches hétérodoxes (intrégrant les institutions : “nous sommes tous institutionnalistes aujourd’hui” ?)

 

Newsletter
Image de Lou Adam de Beaumais
Lou Adam de Beaumais