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ESH HEC 2020 – Analyse du Sujet

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ESH HEC 2020 – Analyse du Sujet

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Découvre sans plus attendre l’analyse du sujet d’ESH 2020, épreuve très importante pour les candidats de la filière ECE visant HEC ! 

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Ce sujet proposé par HEC était un sujet très large qui pouvait emprunter des connaissances à tous les modules étudiés en classe préparatoire. De plus, le capitalisme est une notion très fréquemment utilisée lors des oraux d’HEC ce qui n’a pas dû surprendre les candidats bien entrainés à ces épreuves. Toutefois l’adjectif « soutenable » pouvait déstabiliser les candidats car il fallait bien l’interpréter. La soutenabilité fait certes référence à l’environnement mais surtout aux performances en un sens large. L’article défini « le » nous invite à analyser le capitalisme de manière générale mais il était opportun de saisir le caractère pluriel et les différents types de capitalisme qu’ils existent.

Un accent important devait être mis sur la perspective historique. Nous pouvons penser à une petite histoire du capitalisme comme le font des auteurs tels que Braudel ou Wallerstein. Le sujet exigeait (même si cela n’était pas explicité) une profondeur historique très importante pour revenir à la genèse de ce régime économique.

A première vue le plan en trois parties était celui qui était le plus évident et surtout en adéquation avec les attentes des correcteurs d’HEC (si vous n’avez pas fait 3 parties pas de stress ce n’est pas rédhibitoire).

 

Proposition d’amorce et de mise en contexte :

Wallerstein a dit en 2008 que  « Le capitalisme touche à sa fin »expliquant ainsi que le capitalisme ne peut être soutenable ? ou du moins n’est plus soutenable ? Pour ce faire il est important de se plonger dans la genèse de ce régime qui n’a cessé de faire débat dans l’histoire économique. Selon Braudel dans « la dynamique du capitalisme » (1977), les premières formes de capitalisme sont dérivées du « commerce au long cours » et sont constatées aux environs du XIIe siècle en Occident dans la ville de Bruges (en Belgique) qui fut avant Anvers, le centre boursier mondial comme l’est aujourd’hui Wall Street. Le centre de gravité et la finalité des échanges se déplacent ainsi progressivement de l’activité commerciale vers l’activité financière. Mais pour M.Weber « L’esprit du capitalisme » est né en Angleterre grâce à la religion protestante et plus particulièrement au puritanisme, point de vue critiqué par l’institutionnaliste W.Sombart qui explique que le capitalisme moderne est apparu au XIIIe siècle dans les cités italiennes qui n’avaient rien de protestante privilégiant la morale thomiste et le judaisme . Nous comprenons ainsi que le capitalisme pose débat même au niveau de sa genèse.

 

Définition des termes :

Capitalisme : est d’une part, le régime économique fondé sur l’appropriation privée des moyens de production, le capital est à lui-même ses propres fins. D’une autre part, il est accompagné du suffixe « -isme » ce qui l’assimile à une idéologie, tout comme le socialisme, terme auquel il est d’ailleurs traditionnellement opposé, en ce sens, le capitalisme ne serait qu’« un mot de combat » pour reprendre les propos de l’économiste hétérodoxe schumpetérien François Perroux.

 

Le capitalisme est la combinaison de quatre réalités :  » La décentralisation de la production et des échanges, le marché de concurrence, le commandement confié au capital, la rentabilité prise comme critère des décisions  » François Perroux.

 

Soutenable : Ce terme se devait d’avoir un caractère pluriel dans sa définition afin de construire un bon plan. On peut ainsi qualifier de soutenable ce qui peut être soutenu par de bonnes raisons ou qui peut perdurer dans le temps. Dans le cadre du capitalisme il fallait distinguer la soutenabilité répondant à des logiques de performances puis la soutenabilité au sens de durabilité prenant en compte les trois piliers du développement durable initié par Brundtland en 1987 : Economique, Social et Environnemental.

Dès l’introduction il fallait soulever les différents enjeux et porter une analyse sur le terme « le » : existe-il un unique capitalisme ou différents modèles de capitalisme ? Auquel cas y’en aurait-il un qui serait plus soutenable que les autres ?

Y a-t-il un modèle de capitalisme soutenable, doit-on dire que le capitalisme dans son acception large est non soutenable, ou est-ce seulement son modèle contemporain qui l’est ?

Michel Albert dans « Capitalisme contre capitalisme » constate une « bipolarisation entre deux grands types de capitalisme d’importance comparable entre lesquels l’avenir n’est pas joué ». Le premier type est anglo-saxon : ses références sont l’individu, le marché, la concurrence, l’ouverture, la consommation, l’endettement. Le second type est germano-nippon : c’est un capitalisme organique, soucieux de cohésion sociale et nationale, imbriquant finance et industrie.

 

Proposition de plan :

Si le capitalisme est soutenable au sens où il demeure historiquement le système le plus performant (l), les inégalités découlant de ce régime remettent aujourd’hui en cause sa légitimité (ll), il convient dès lors d’instituer un capitalisme soutenable en un sens plus écologique et social surtout dans un contexte qui tend vers la stagnation séculaire (lll). 

 

Proposition d’un rapide plan détaillé :

I- Si le capitalisme est soutenable au sens où il demeure historiquement le système le plus performant :

Pour Schumpeter, le rôle central du capitalisme est celui des entrepreneurs-innovateurs car grâce à eux, l’économie est dynamisée. L’histoire du capitalisme est lisible comme une succession d’innovations majeures. Si on lie le capitalisme à une logique de profit on peut mettre en cette théorie schumpetérienne en parallèle avec le cycle de vie d’un produit au sens de Vernon.

On pouvait parler du développement du Capitalisme Managérial (Galbraith) durant les 30 Glorieuses et de l’essor du Capitalisme actionnarial (A. Chandler) dans les années 80 de par l’expansion de la globalisation financière.

M.Friedman « business is business ». En effet, les théories (néo)libérales rentraient parfaitement dans ce sujet pour évoquer la cupidité et la pression des actionnaires sur les entreprises découlant du libéralisme économique (marché et de fait concurrence).

François Perroux : « le profit est la chair et le sang du capitalisme » (Le capitalisme, 1951), justifiant ainsi que le capitalisme est soutenable (au sens de performance) puisqu’il génère du profit et que sans profit il ne peut perdurer.

 

II- les inégalités découlant de ce régime remettent en cause sa légitimité :

Le capitalisme en un sens large ne peut donc être soutenable ? 

Économies libérales vs Économies planifiées

Le capitalisme est insatiable, il suit une logique d’auto-expansion qui nourrit les inégalités par la recherche du capital pour le capital (I.Wallerstein, le capitalisme historique, 2002)

Karl Marx consacre plusieurs décennies à étudier et expliquer le fonctionnement, l’histoire et le développement du mode de production capitaliste. Son plus célèbre ouvrage à ce sujet est Le Capital dont le livre premier est publié en 1867. Marx arrive à la conclusion que le capitalisme est un système profondément et par nature inégalitaire, qui contraint les êtres humains à l’aliénation et à la lutte fratricide, qui doit donc être aboli.

Il était également opportun d’ajouter les apports de K.Polanyi qui rejoint cette idée marxiste.

Ce problème est accentué par la mondialisation. La mondialisation est un processus de mise en relation des territoires à l’échelle mondiale sous l’effet de la diffusion du Kisme. La mondialisation est un processus qui fait débat, notamment pour les Altermondialistes (ONG comme Greenpeace ou HRW) qui s’opposent formellement à l’émergence de cette dernière). Ils critiquent le fait que celle-ci creuse les inégalités sociales et spatiales, elle détruit l’environnement (l’économie pas compatible avec l’écologie pour eux, et cela peut se confirmer lorsque l’on regarde la déforestation de l’Amazonie pour des logiques économiques ou l’augmentation d’espèces en voie de disparition comme le Tigre de java en Indonésie). 

Elle donne un pouvoir inouï aux FTN (ex : Silicon Valley). On peut ici penser à François Bourguignon, Pierre Noël Giraud, Gabriel Zucman ou encore Branco Milanovic.

Piketty affirme donc que le capitalisme, s’il n’est pas régulé, génère des inégalités grandissantes. Il suggère plusieurs mesures politiques pour limiter la hausse des inégalités et notamment la création d’un impôt mondial sur le capital.

 

III- Il convient dès lors d’instituer un capitalisme soutenable en un sens plus écologique et social surtout dans un contexte qui tend vers la stagnation séculaire :

Raymond Aron essayait de trouver un lien entre le socialisme et le capitalisme. D’une part parce que la méthode fordiste, symbole du capitalisme est mieux appliquée en URSS. D’autre part parce que de nombreux traits commun les assemblent. Finalement, ils ne sont que des variantes d’un même modèle, celui de la société industrielle. Pierre Veltz pousse l’idée plus loin en parlant des sociétés hyper industrielles (2017).

L’analyse d’Emmanuel Macron sur l’évolution du capitalisme français pendant le temps où il était Ministre de l’économie en 2015 était excellente : « il n’y aura pas de réindustrialisation française sans transformation du capitalisme français ». On comprend ainsi la nécessité pour un pays comme la France de transformer le capitalisme. En reprenant les principes saints-simonien il veut développer l’actionnariat chez le salarié, une sorte de capitalisme solidaire. C’est ce que semble avoir réalisé l’entreprise MOVITEX lors de la même année. Après sa séparation avec Kering, l’entreprise a ouvert 45% du capital à ses 350 salariés. Un geste fort, que cette entreprise avait permis. 88% d’entre eux ont souscrit sur la base du complet volontariat. Peu de temps après le directeur de cette entreprise a écrit à l’ancien ministre de l’économie pour lui dire d’une certaine manière « vous l’avez rêvé, nous l’avons fait, comme quoi tout est possible ». La seule différence, c’est qu’ils ont aligné les intérêts des actionnaires et des salariés ce qui n’est pas forcément le cas des entreprises les plus côtées.

Nous comprenons donc aujourd’hui la nécessité de tendre vers des entreprises plus humaines (Lecomte), au capitalisme participatif plus important (H.Bowen qui amorce les prémices de la RSE) comme ont pu l’initier certains entrepreneurs comme ZOBRIST. Il faut donc arrêter le phénomène de managers sans visages (Auguste Cochin). Débat Levitt / Friedman au sujet de la responsabilité sociale de l’entreprise.

 

D.Cohen (chapitre 14, la prospérité du vice) interroge la vision wébérienne du capitalisme au sein de ce chapitre expliquant qu’avec la globalisation financière et les 3D de Bourguinat, le capitalisme se conjugue à de fortes inégalités, c’est pourquoi il préconise pour pallier « au règne de l’argent fou » de passer du « Greed au green » (greed = cupidité, à savoir le désir immodéré d’argent et de richesses). 

Un ouvrage intéressant à mobiliser dans cette partie aurait aussi été « 20 propositions pour réformer le capitalisme » de Giraud qui proposait notamment des solutions pour allier développement durable et capitalisme raisonné.

L’idée d’une démondialisation au sens de Bello peut être énumérée, mais est-ce que la fin de la mondialisation (si cela est possible bien entendu) mettrait fin au capitalisme ? 

 

Conclusion :

Le capitalisme a créé à la fois des richesses et des problèmes sociaux auparavant inimaginables. Il a radicalement transformé le travail et la relation entre le marché et l’État. Aucune innovation du capitalisme n’a échappé à la critique et à la résistance, que ce soit par l’Église, par les penseurs politiques ou par les mouvements populaires. Cette opposition n’a pas conduit à la disparition du capitalisme, mais elle a contribué à sa domestication. Alors qu’aucune alternative sérieuse au capitalisme n’est en vue, cette fonction de la critique reste importante car, comme l’explique J.Kocka dans l’histoire du capitalisme (2017), beaucoup de variantes du capitalisme sont pensables.

Finalement comme l’ont souligné Boltanski et Chiapello Le nouvel esprit du capitalisme (1999), la véritable crise n’est pas celle du capitalisme, mais celle de la critique du capitalisme. 

 

On peut ainsi se demander si « le capitalisme est immortel » et ce dans un contexte qui tend vers la stagnation séculaire ? Car comme nous dirait K.E.Boulding « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste »

 

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !