Spécialiste de la lutte contre la pauvreté, Esther Duflo est la deuxième femme à avoir reçu en 2019 le prix Nobel d’économie.
Biographie d’Esther Duflo
Esther Duflo est une économiste française née le 25 octobre 1972 à Paris. Spécialiste de la lutte contre la pauvreté, elle est professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et cofondatrice du Poverty Action Lab (J-PAL), un réseau de chercheurs qui mènent des études pour évaluer l’efficacité des politiques de développement.
Elle a étudié à l‘École normale supérieure (ENS) et obtenu son doctorat au MIT en 1999.
Ses travaux portent principalement sur le développement économique, l’éducation, la santé, l’accès au crédit, et l’utilisation des expérimentations de terrain pour mesurer l’impact des interventions en matière de lutte contre la pauvreté.
En 2019, Esther Duflo a reçu le prix Nobel d’économie, avec Banerjee (son époux et collaborateur) et Kremer, pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté mondiale. Elle est la deuxième femme et la plus jeune personne à recevoir cette distinction en économie.
Ses recherches
Ses recherches ont largement contribué à la manière dont les programmes de développement sont conçus et évalués, utilisant des méthodes de randomisation pour tester l’impact des interventions. Cela a permis de mieux comprendre les mécanismes de la pauvreté et d’aider les gouvernements et ONG à mettre en place des politiques plus efficaces. Esther Duflo est reconnue pour son approche rigoureuse et son engagement à rendre les sciences économiques plus proches des réalités du terrain.
Ses recherches ont notamment porté sur des domaines clés comme l’éducation, la santé, l’accès aux microcrédits en mettant en place des essais contrôlés randomisés (ECR). En appliquant ces méthodes expérimentales aux sciences sociales, ils ont pu mesurer de manière précise l’impact des programmes de développement.
Quelques exemples de ces études :
- L’éducation : Duflo et ses collègues ont analysé les effets de la réduction de la taille des classes et de la formation des enseignants sur les résultats scolaires. Ils ont aussi testé l’impact de la distribution de manuels scolaires et des repas scolaires sur la fréquentation et la performance des élèves dans plusieurs pays en développement.
- La santé : Ils ont examiné des interventions comme la gratuité de la distribution de moustiquaires pour lutter contre le paludisme, montrant que les gens les utilisent effectivement, même si elles leur sont fournies gratuitement. Cela contredisait l’idée selon laquelle un produit gratuit serait moins bien utilisé que si on le payait.
- Microfinance et épargne : Leurs travaux ont aussi étudié l’effet des microcrédits sur la création d’entreprises et le développement économique, remettant en question certaines idées reçues sur l’impact de la microfinance en tant que solution universelle pour sortir de la pauvreté.
Deux concepts clés : l’approche Microéconomique de la Pauvreté et Nudges/Incitations Comportementales
Approche microéconomique de la pauvreté
- Concept : Plutôt que de chercher à comprendre la pauvreté à une échelle macroéconomique, Duflo et ses collaborateurs s’intéressent aux comportements et aux décisions des individus et des ménages pauvres. Ils analysent pourquoi, par exemple, certaines familles ne vaccinent pas leurs enfants, ou pourquoi les petits entrepreneurs n’investissent pas davantage dans leur activité.
- Cette approche permet de mieux cerner les obstacles spécifiques rencontrés par les populations défavorisées, comme les barrières psychologiques, les coûts de court terme, ou les préférences pour des comportements de court terme (biais de présent).
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Nudges et incitations comportementales
- Concept : Duflo s’appuie sur des concepts de l’économie comportementale pour étudier comment de petits changements dans la conception des politiques publiques peuvent influencer les comportements des individus. Ces “nudges” sont des interventions qui modifient l’environnement pour encourager les gens à prendre de meilleures décisions pour eux-mêmes.
- Par exemple, en Inde, elle a travaillé sur des programmes incitant les familles à scolariser leurs filles en utilisant de petites récompenses financières, ce qui a significativement augmenté la fréquentation scolaire. L’idée est de rendre certains comportements bénéfiques plus attractifs pour les populations à faibles revenus.
L’approche d’Esther Duflo a permis de repenser les politiques de développement et a influencé la manière dont les gouvernements, les ONG et les agences internationales conçoivent et évaluent leurs programmes. Le comité Nobel a salué cette méthode pour avoir « transformé l’économie du développement en un domaine florissant de la recherche scientifique » et pour avoir contribué à améliorer de manière tangible la vie de millions de personnes à travers le monde.