Dans de nombreux sujets de dissertation ou de khôlle, aborder la politique étrangère européenne et ses projets de défense peut s’avérer pertinent. Mieux : avec cet article, vous pourrez vous démarquer par des exemples précis et faire grimper votre note.
J’ai mis en pratique les conseils que je vous donne. J’ai utilisé cette fiche exemple dans ma dissertation ESSEC sur le sujet « La France, puissance d’influence » et j’ai eu 20/20. Bonne lecture !
Vous trouverez dans une première partie un rappel de cours sur les obstacles à une politique étrangère commune dans l’UE. La deuxième partie détaille le projet d’un « cloud de combat européen ».
Les obstacles à une défense européenne : l’absence de voix unique européenne
Du rapport Davignon (1970) à la PSDC (2009) : l’émergence contrariée de la politique étrangère européenne
« Longtemps l’Europe comptera ses divisions… et elles ne seront pas blindées » Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, 2009
Cette citation, que vous pouvez réutiliser dans vos copies, résume assez bien les enjeux de la défense européenne. En effet, les États de l’Union Européenne semblent incapables de s’accorder quant à leur politique étrangère. Et l’UE manque de moyens militaires proprement européens.
Dès 1970, le rapport Davignon alertait sur la nécessité d’une « voix unique européenne ». La création en 1974 du conseil de l’Europe n’a pas d’autre but. Il s’agit de réunir les chefs d’État européens pour harmoniser les positions au plus haut niveau.
Après la fin de la Guerre froide, la création de la Politique Étrangère de Sécurité Commune (PESC) en 1992 vise à doter l’Europe de cette « voix unique ». Mais la PESC relève du champ intergouvernemental, et la prise de décision se fait à l’unanimité.
Succèdent à la PESC la PESD (1999, Politique Européenne de Sécurité et de Défense) et la PSDC (2009, Politique de Sécurité et de Défense Commune).
Il s’agit de conférer à l’Union Européenne une autonomie stratégique à l’égard de l’OTAN. Pour cela, l’UE doit pouvoir déployer seule des moyens civils et militaires hors de ses frontières, conformément à ses principes et aux principes de la charte des NU (paix, prévention des conflits, sécurité internationale).
La défense européenne, prisonnière de l’OTAN ?
L’idée d’une « diplomatie européenne » reste encore une « plaisanterie » selon Régis Debray dans son ouvrage Comment nous sommes devenus Américains, publié en 2017.
D’une part, les transferts de souveraineté en matière de défense sont très timides, et empêchent l’émergence d’une politique étrangère unique dans l’UE. Cela s’explique par les traditions diplomatiques spécifiques aux États-membres. Ceux-ci présentent des orientations très diverses dans leur politique étrangère. Alors que les États baltes sont focalisés sur la menace russe, la France, l’Espagne ou l’Italie se concentrent sur les questions migratoires et les relations avec les pays méditerranéens.
D’autre part, l’OTAN occupe toujours une place prédominante dans les processus de défense des États européens. A l’heure actuelle, la clause de défense mutuelle entre pays de l’UE est conditionnée à l’appartenance des États-membres à l’OTAN. Dès lors, l’UE ne peut à l’heure actuelle se passer des Etats-Unis et de leur hard power. Ce dernier a rappelé son utilité à maintes reprises, par exemple lors de la crise yougoslave (intervention en Bosnie en 1995).
De plus, les Etats-Unis refusent tout partage de commandement, c’est-à-dire l’émergence d’un état-major militaire proprement européen, autonome vis-à-vis des Etats-Unis.
BILAN : la coopération européenne en matière de politique étrangère souffre de l’omniprésence de l’OTAN et des divergences de points de vue sur les choix stratégiques à adopter.
Le projet d’un « cloud de combat européen » : les premiers pas d’une Europe de la défense ?
L’Agence Européenne de Défense (AED) et la Coopération Structurée Permanente (CSP)
En 2004, la création de l’agence européenne de défense (AED) a pour but d’harmoniser les efforts des industries d’armement européennes. Celles-ci étaient jusqu’à alors concurrentes sur le marché européen et dans le monde.
Par exemple, l’avion de chasse français, le Rafale, est en concurrence avec l’Eurofighter adopté par le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.
Plus récemment, en 2017, une nouvelle « coopération structurée permanente » (CSP) est introduite pour amplifier les programmes industriels et technologiques multinationaux.
Au niveau diplomatique, plusieurs accords sont signés :
- Les accords de Lancaster House en 2010 entre France et Grande-Bretagne
- Le traité sur la coopération et l’intégration franco-allemande en 2019
Le « système européen de combat aérien du futur » (SCAF)
Ces accords ont lancé le projet d’un « système européen de combat aérien du futur » (SCAF). La division Airbus Defence and Space est un acteur central de ce projet. Spécialisée dans les avions militaires, missiles, satellites et drones, elle sera amenée à coopérer avec Dassault Aviations pour concevoir un nouveau chasseur européen, le New Generation Fighter.
Le ministre des armées français, Sébastien Lecornu, a également annoncé que le successeur du porte-avions Charles de Gaulle serait intégré au « cloud de combat européen ». L’appareil, livré à l’horizon 2038, sera intégré au système d’armes de nouvelle génération.
Le projet de New Generation Fighter est en voie de se concrétiser. Des entreprises allemandes et françaises, dont Dassault et Naval Group, ont rejoint le projet. (Plus d’informations dans cet article des Échos.)
Après le Brexit, de nouveaux obstacles à l’Europe de la défense
Cependant, le départ de l’Angleterre de l’UE a compliqué les relations et assombri l’avenir du New Generation Fighter. En effet, les structures de l’UE offraient un cadre de coopération régulier, qui disparaît donc.
De plus, les Britanniques voient d’un mauvais œil la coopération franco-allemande (Traité de 2019) et ont annoncé le lancement du projet Tempest, concurrent direct du projet franco-allemand de New Generation Fighter.