Joseph Stiglitz (1943 – …) est l’un des économistes contemporains les plus influents, particulièrement connu pour ses critiques de la mondialisation et pour ses travaux sur les asymétries d’information et la théorie du salaire d’efficience. Dans cet article vous trouverez 4 théories majeures de cet économiste de renom, des exemples pour les illustrer ainsi que des conseils d’utilisation pour une dissertation.
Biographie de Stiglitz
Né en 1943 dans l’Indiana, l’économiste Joseph Stigliz a notamment été chef de la banque Mondiale entre 1997 et 2000. En 2001, il devient lauréat du prix Nobel d’économie avec ses collègues George Akerlof et Michael Spence en 2001 pour leurs travaux sur l’asymétrie d’information.
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Les informations clés sur Joseph Stiglitz
- Courant de pensée : néokeynésien
- Champ d’étude : Le nombre de travaux de Stiglitz est abondant et porte surtout sur un vaste panel de sujet. Il traite en effet autant des marcher financer que de l’économie du marché du travail ou encore de la mondialisation.
- Principaux ouvrages : La Grande Désillusion (2002), Le Prix de l’inégalité (2012), La Grande Fracture (2015), Quand le capitalisme perd la tête (2005)
L’apport de XX à la pensée économique
1. La Mondialisation et le Paradoxe de l’Abondance
Stiglitz est une voix critique de la mondialisation, en particulier pour ses effets négatifs sur les pays en développement (PED). Dans son ouvrage La Grande Désillusion (2002), il critique sévèrement les institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale, les accusant d’aggraver les crises économiques et sociales dans les PED en imposant des politiques favorisant les pays développés (PD), en particulier les États-Unis.
Il décrit le « paradoxe de l’abondance » : malgré une richesse naturelle abondante, les PED voient leurs ressources exploitées par des multinationales sans en tirer de bénéfices significatifs. Ce phénomène accroît les inégalités et a des conséquences écologiques désastreuses, comme le montre l’exemple de l’usine pétrolière Texaco en Équateur dont les extractions ravagent l’agriculture du pays. Ce sont ici les FTN qui jouissent de ces ressources naturelles, et il en résulte une explosion des inégalités dans ces pays.
Conseil d’utilisation : Ce paradoxe est crucial pour analyser les effets de la mondialisation sur les PED, notamment dans le cadre de discussions sur le commerce international, l’OMC, et les critiques du libre-échange.
2. Le Salaire d’Efficience
Stiglitz, en collaboration avec Carl Shapiro, a développé la théorie du salaire d’efficience dans l’article Equilibrium Unemployment as a Worker Discipline Device (1984). Cette théorie repose sur l’idée que les employeurs peuvent fixer des salaires au-dessus du niveau de marché pour inciter les employés à travailler plus efficacement. L’objectif est de contrer le comportement de « tire-au-flanc », où un salarié se contente du minimum. En offrant un salaire plus élevé, l’employeur réduit le turnover et les coûts associés au remplacement d’un salarié, tout en maintenant la motivation.
Cependant, cette pratique crée une rigidité sur le marché du travail, car le niveau de salaire général augmente, ce qui peut provoquer du chômage involontaire. Ce phénomène est une illustration des asymétries d’information, où l’employeur n’est jamais totalement sûr de la productivité de son employé.
Conseil d’utilisation : La théorie du salaire d’efficience est essentielle pour comprendre les dynamiques du chômage et des politiques de rémunération. Elle est également pertinente dans le cadre de discussions sur la motivation des salariés en management.
3. Le Mythe du « Tradeoff » entre Efficacité Économique et Lutte contre les Inégalités
Dans Le Prix de l’Inégalité (2012), Stiglitz s’attaque à l’idée selon laquelle lutter contre les inégalités nuirait à la performance économique. Il démontre que les inégalités, particulièrement aux États-Unis, freinent la croissance économique. Les inégalités extrêmes, selon lui, ne sont pas le résultat d’une compétition saine mais d’une recherche de rente, où les plus riches utilisent leur influence pour accroître leurs profits au détriment des plus pauvres.
Stiglitz remet également en question la théorie du « trickle-down » (ruissellement), selon laquelle favoriser les riches bénéficierait à toute l’économie. Il montre que cette approche a échoué, notamment aux États-Unis, où les inégalités se sont accrues sans amélioration significative de la croissance.
Stiglitz affirme : « Si l’on prend une liste répertoriant les 1 % les plus riches, on ne retrouve pas de grands innovateurs ou des personnes qui contribuent grandement à l’activité productive, mais des rent-seekers ».
Les rent-seekers sont des riches jouissant d’un monopole et exerçant du lobbying pour le conserver. Dès lors, « pour avoir une plus grosse part, au lieu d’agrandir le gâteau en participant à l’activité productive, en innovant, en investissant, en embauchant, ils prennent plutôt la part des plus pauvres ».
En 2012, les 1 % les plus riches de la population américaine possédaient plus de 40 % de la richesse totale, tandis que le revenu médian aux États-Unis est inférieur à celui d’il y a 20 ans.
Conseil d’utilisation : Les travaux de Stiglitz sont indispensables pour analyser les relations entre inégalités et croissance, en particulier dans le contexte actuel de montée des inégalités dans les PD. Son principal objectif dans ce livre est de prouver que le mythe du « tradeoff » est faux. Pour lui, la croissance des États-Unis serait plus élevée si les inégalités n’étaient pas aussi fortes.
4. La Monnaie Unique et l’Avenir de l’Europe
Dans L’Euro : Comment la Monnaie Unique Menace l’Avenir de l’Europe (2016), Stiglitz critique le projet de l’euro. Il pointe l’incapacité de la zone euro à se remettre de la crise de 2008, en raison des rigidités imposées par la monnaie unique. Selon lui, l’hétérogénéité économique des pays de la zone euro rend la politique monétaire commune inadaptée, ce qui a freiné la croissance et exacerbé les divergences entre pays membres.
Stiglitz souligne également que les règles budgétaires strictes de l’UE, comme celles du Traité de Maastricht, empêchent les États membres de mener des politiques de relance en période de crise, ce qui explique en partie la lente reprise économique en Europe après 2008.
Conseil d’utilisation : Sur un sujet qui traite de l’UE, de l’euro ou même du taux de change, Stiglitz peut encore une fois se révéler être une référence tout à fait pertinente. Il affirme : « Si la zone euro connaît aujourd’hui des difficultés importantes, c’est parce que le projet de l’euro dès le départ était vicié, basé sur une surestimation des gains potentiels de l’intégration monétaire. Aujourd’hui, la solution est qu’il y ait soit “moins d’Europe”, soit “plus d’Europe” ».
L’héritage de Stigliz
- Critique de la Mondialisation : Référence clé dans les débats sur la mondialisation et les politiques des institutions internationales.
- Théorie du Salaire d’Efficience : Toujours pertinente pour comprendre les dynamiques du chômage et la motivation des salariés.
- Rejet du Tradeoff Inégalités-Efficacité : Impacte les politiques visant à équilibrer croissance économique et réduction des inégalités.
- Critique de l’Euro : Pertinent dans les discussions sur l’avenir de l’UE et la gestion des crises financières.
Joseph Stiglitz, avec ses analyses rigoureuses et ses critiques acerbes, reste une référence incontournable pour comprendre les enjeux économiques contemporains. Véritable couteau-suisse en matière de mondialisation, d’inégalités ou de politiques monétaires, ses travaux offrent des perspectives précieuses pour analyser les défis actuels et proposer des solutions alternatives aux modèles économiques traditionnels.
En plus :
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Fiche Jean Fourastié : Trente Glorieuses, progrès technique, livre