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La finance verte, c’est quoi ?

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Aujourd’hui les conférences sur le climat s’enchainent et il devient clairement évident que mondialement, nous sommes incapables de séparer l’activité économique des effets pervers environnementaux qu’elle génère. Les limites planétaires ont d’ores et déjà été dépassées. 

Ainsi, tous les milieux économiques doivent s’adapter et révoquer leurs méthodes. La finance n’y échappe pas, elle se verdit progressivement. C’est alors qu’a émergé le concept de finance verte. 

Pour faire simple, la finance verte est une notion qui définit les actions et opérations financières qui favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. 

 

Les mesures en place 

On peut souligner différentes mesures pour illustrer ces propos : 

  • la mise en place d’un marché au carbone : c’est une idée développée initialement par l’économiste Ronald Coase. C’est le principe du pollueur-payeur : les entreprises les plus polluantes sont pénalisées en ce qu’elles doivent acheter des titres (pour avoir le « droit » de polluer), et les entreprises les plus éco-responsables sont récompensées en gagnant de l’argent par la vente des titres dont elles n’ont pas besoin.  

 

  • Afin de diriger les investissements vers des valeurs plus responsables, il existe les obligations vertes : l’argent emprunté sert à financer des projets à vocation écologique. 

 

  • la taxe carbone cherche à pénaliser les activités polluantes en les taxant. Elle incite les agents économiques à trouver des alternatives aux solutions polluantes. C’est la vision d’Arthur Pigou. 

Coase vs Pigou : 

Puisque nous avons évoqué les deux grands économistes sur le sujet (Pigou et Coase), une petite piqûre de rappel à cet égard ! 

Le débat qui oppose ces deux économistes est le suivant : est ce qu’il est plus efficace d’instaurer une taxe sur la pollution ou de vendre des permis d’emission ? 

Pigou (1920) se place dans le cas d’une externalité négative liée à une industrie polluante et se demande comment l’État peut intervenir pour parvenir à l’optimum social. A priori, deux façons d’agir : 

  • l’Etat peut fixer un quota de production.

 

  • l’Etat peut augmenter le prix par une taxe de façon à fixer le prix. 

 

=> Les deux modalités ne sont pas équivalentes : il y a ce qu’on appelle un problème d’efficience

Les politiques de quotas de production posent deux problèmes : 

  • le consommateur paye plus cher le bien et c’est l’entreprise qui bénéficie de la hausse du prix. Paradoxalement, on récompense les entreprises polluantes. 
  • les entreprises sont hétérogènes : il est socialement plus avantageux que le passage à une technologie propre soit assumé en priorité par les entreprises pour lesquelles ce passage est le moins coûteux.

=> Il est plus efficace de laisser les entreprises choisir de passer aux technologies propres en leur faisant payer un coût pour la pollution. 

 

Pour rappel, une externalité négative peut se définir de la façon suivante : le cout social de l’action est supérieur à son cout privé.

 

Taxe pigouvienne : taxe qui permet d’internaliser les externalités négatives.

 

Le problème de cette taxe est d’en fixer le montant. Comment l’État peut il estimer correctement et sans cout le montant des effets externes ? 

Coase s’oppose à cette solution car elle engendre des coûts de transaction (coût pour définir le montant de la taxe, coût lié à la mauvaise estimation des externalités, coût pour mettre en œuvre la taxe…).

 

En résumé : Comment fixer ce coût de l’émission carbone ? Pigou propose une taxe sur la pollution alors que Coase propose de vendre des permis d’émission. 

La finance verte en action !  

Pour initier ce changement de cap, la BCE (Banque Centrale Européenne) a pris les choses en main ! Dès 2021, elle avait annoncé sa volonté de « verdir sa politique monétaire ». Il y a deja des initiatives, insuffisantes certes mais existantes. On peut citer le Pacte vers de la Commission européenne qui est un premier pas. Mais insuffisant, puisqu’en 2024 à peine plus de 10% des emprunts par obligations étaient destinés à des projets verts et les investissements verts n’ont représenté que 1% du PIB mondial en 2022. 

 

L’exemple de la banque Triodos : 

La banque Triodos (pour prendre un exemple peu connu) se définit comme une banque éthique et durable. 

Pourquoi ? Car elle s’est donnée l’ambitieux objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2035 au plus tard. Ils cherchent à atteindre cet objectif en réduisant leurs propres émissions mais également et surtout les émissions des activités qu’ils financent. 

Mais chercher à atteindre le net zéro n’est pas suffisant pour Triodos. C’est toutes les mentalités qui doivent changer. Pour cela la banque use de sa voix et de sa notoriété. 

Par exemple, ils mettent en avant le fait qu’ils dénoncent les lacunes des politiques et des sommets sur le climat, qu’ils poussent le secteur financier à être plus ambitieux et qu’ils plaident en faveur d’un traité mondial de non-prolifération des combustibles fossiles. 

 

 

La finance est un secteur puissant et omniprésent. Il est donc de son ressort de se transformer et de s’adapter à la transition écologique, en verdissant ses activités. 

 

Pour en savoir plus sur la finance : Les podcasts à écouter pour se cultiver en finance ! 

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Camille Huentz