George Akerlof a marqué l’histoire des théories économiques. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des auteurs les plus influents de la nouvelle économie keynésienne. C’est pourquoi Mister Prépa te propose une fiche détaillée sur cet auteur incontournable !
I – Qui est George Akerlof ?
Georges Akerlof, né en 1940, a marqué l’économie avec sa publication révolutionnaire de 1970, “The Market for Lemons”, qui a profondément influencé l’étude des asymétries d’information. Il a étudié l’économie à Yale et au MIT, obtenant son doctorat en 1966, avant de commencer une carrière universitaire à l’Université de Californie, Berkeley. En 2001, il a reçu le prix Nobel d’économie pour ses contributions majeures à l’analyse des marchés avec asymétries d’information (avec Michael Spence et Joseph Stiglitz).
Pour l’anecdote, George Akerlof est marié à Janet Yellen, une économiste américaine éminente, qui a été présidente de la Réserve fédérale des États-Unis et est actuellement la secrétaire au Trésor des États-Unis. Leur mariage a souvent été qualifié de “puissance économique”, réunissant deux des économistes les plus influents de leur génération.
Les informations clés sur George Akerlof :
- Courant de pensée: nouvelle économie keynésienne (NEK)
- Champ d’étude: économie de l’information (étude des asymétries d’information) ; économie comportementale
- Principaux ouvrages: « The Market for « Lemons » » (1970) ; Les Esprits animaux (avec Robert Shiller, 2009)
II – L’apport de George Akerlof à la pensée économique : les asymétries d’information
Les asymétries d’information
George Akerlof est principalement connu pour ses analyses des défaillances de marché, et notamment des asymétries d’information.
Il existe deux types d’asymétries d’information :
- L’aléa moral: on parle d’aléas moral lorsque la distribution de probabilité qui sert de base au contrat est modifiée lorsque le contrat est signé en raison du comportement de l’individu.
- La sélection adverse (ou antisélection) : incapacité du marché à sélectionner les bons clients ou les bons produits.
L’exemple de George Akerlof : le marché des voitures d’occasion
Dans un article paru en 1970 (« The Market for « Lemons » »), il analyse les conséquences de la sélection adverse sur le marché automobile d’occasion. Son hypothèse de départ est que le client potentiel ne peut pas connaître a priori la qualité de l’objet mis en vente. Ainsi, puisque les vendeurs d’automobiles ne peuvent persuader les éventuels acheteurs de la qualité de leur voiture, ces derniers ne sont disposés à payer qu’un faible prix. Puisque les agents sont parfaitement rationnels, ce prix équivaut à un prix compris entre le prix d’une bonne voiture et d’une mauvaise voiture dépendant de la probabilité d’acheter une bonne ou une mauvaise voiture. Par conséquent, les vendeurs disposant d’une voiture de qualité quitteront le marché.
À terme, à mesure que les vendeurs de voiture de qualité partent, la disposition moyenne à payer des acheteurs diminuera (du fait d’une baisse de la qualité moyenne). Ainsi, encore plus de vendeurs de voitures de bonne qualité quitteront le marché. À la fin, seules les voitures en ruine (appelées « lemons » aux Etats-Unis) sont mises en vente : les mauvaises voitures chassent les bonnes. Il y a une baisse de la taille de marché, et à terme, il peut y avoir effondrement du marché.
Bien évidemment, le marché des voitures d’occasion n’est pas le seul touché par les asymétries d’information : il en existe beaucoup d’autres. Par exemple, le marché de l’assurance, le marché du travail, le marché bancaire…
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III – L’héritage de George Akerlof
Les asymétries d’information sur le marché du crédit
Stiglitz et Weiss (« Credit Rationing in Markets with Imperfect Information », 1981) étudient les asymétries d’information sur le marché du crédit. Étant donné que le marché du crédit est caractérisé par des asymétries d’information, le taux d’intérêt fixé par les banques est inférieur au taux d’intérêt permettant l’équilibre entre l’offre et la demande. En effet :
- Sélection adverse: les banques cherchent à distinguer les « bons » emprunteurs (qui remboursent) et les « mauvais » emprunteurs (qui ne remboursent pas totalement). Le taux d’intérêt qu’un emprunteur potentiel est prêt à payer en échange d’un crédit peut être révélateur du niveau de risque associé au projet qu’il souhaite financer : plus un emprunteur est disposé à payer un taux d’intérêt élevé, plus son projet est risqué et plus sa probabilité de remboursement est faible. Ainsi, la banque a intérêt à diminuer le taux d’intérêt appliqué.
- Aléa moral: les termes du contrat de prêt convenu entre un créancier et un emprunteur affectent le comportement de ce dernier. Par exemple, pour l’emprunteur, plus le taux d’intérêt établi est élevé, plus le rendement du projet financé sera faible en cas de succès. Donc ça peut l’inciter à entreprendre in fine des projets plus risqués, dont les rendements attendus sont plus élevés mais dont la probabilité de réussite est plus faible. Ainsi, la banque a intérêt à accorder un taux d’intérêt plus faible.
La théorie de l’agence
La théorie de l’agence est également un prolongement de l’analyse des asymétries d’information. En effet, selon Jensen et Meckling (« Theory of the firm », 1976), dans une entreprise, chaque contrat repose sur une relation d’agence. Un individu (le principal) emploie les services d’un tiers (l’agent) pour accomplir une tâche en son nom. Or, toute relation principal-agent suppose une asymétrie d’information : les agents ne disposent pas de la même qualité ou quantité d’information. D’où deux risques qui limitent l’efficacité de la firme : la sélection adverse et l’aléa moral.
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Conclusion : Existe-il une solution aux asymétries d’information ?
“But the difficulty of distinguishing good quality from bad is inherent in the business world; this may indeed explain many economic institutions.” (Akerlof, « The Market for « Lemons » », 1970).
Cette citation d’Akerlof dit implicitement que certaines institutions économiques permettent de réduire voire de supprimer les asymétries d’information. Dès lors, il s’agit de les mettre en place dans les marchés défaillants pour les corriger.
Il existe deux principales façons d’éliminer la sélection adverse :
- La mise en place de dispositifs « privés » afin d’amener les « bons » produits à se présenter et à révéler leur qualité. Par exemple, dans le cas du marché du travail, les entretiens d’embauche ou les périodes d’essai peuvent réduire la sélection adverse. Toutefois, ils ne peuvent pas totalement l’éliminer. En effet, aucune information provenant d’un agent privé n’est crédible, puisque l’agent peut profiter de l’opacité de l’information. Ainsi, on préférera la deuxième solution.
- La certification de l’information par l’Etat. Par exemple, dans le cas du marché automobile d’occasion, l’antisélection peut être éliminée par la mise en place de contrôles techniques réalisés par une structure agréée par l’Etat.