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Guerre commerciale: D.Trump au coeur d’une « mutinerie industrielle »

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Depuis 2012 et le « pivot asiatique » de Barack Obama, une guerre commerciale s’est réellement lancée et développée entre la Chine et les Etats-Unis.

 

La révolte des géants américains

Après plus de deux années d’un conflit souvent comparé à la plus grande « partie d’échecs » du XXIème siècle, le président américain Donald Trump fait face à une nouvelle opposition émanant cette fois de son propre territoire. Un véritable coup de tonnerre dans ce conflit que beaucoup qualifient de « Guerre Froide moderne ». Un collectif de grandes entreprises américaines a décidé de prendre part au conflit commercial opposant les Etats-Unis à la Chine. Le plus surprenant n’est pas tant l’intervention de ces firmes, mais bien leur positionnement contre les pratiques de « taxation punitive » employées par la Maison Blanche.Coup de massue pour Donald Trump, qui n’avait pourtant pas hésité à se qualifier à plusieurs reprises d’ «Élu de la guerre commerciale ». Le 23 septembre dernier, une coalition de plusieurs géants industriels, portée notamment par l’impulsion de Ford, Tesla ou encore Lenovo a décidé de poursuivre l’exécutif américain en raison de ses pratiques douanières à l’égard de la Chine. L’acte est d’autant plus fort, que l’opposition des ces entreprises a pris la forme de plaintes concrètes, déposées devant le Tribunal International du Commerce à New York. Une décision qualifiée d’ « historique » par de nombreux experts internationaux et soutenue par la plupart des institutions libérales, à l’instar de la fameuse OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Même si l’impact de cette initiative reste à mesurer, le poids politique et économique qu’elle pourrait prendre fascine tous les grands acteurs économiques américains, et ce, dans un contexte d’élections présidentielles imminentes.

Alors entre révolte judiciaire au sein de son propre camp et pressions chinoises grandissantes, le président Trump peut-il réellement maintenir autant de fermeté dans son bras de fer économique avec la Chine ? 

 

Contextualisation

L’actuelle guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a débuté en 2018, sur fond de rivalité économique entre les deux superpuissances. D’un côté Washington, incarné par le président Trump, cherche à préserver sa place de leader économique mondial, en limitant ses échanges et sa dépendance industrielle envers la Chine. Cet objectif s’est notamment traduit par une volonté américaine d’atténuer son déficit commercial avec la Chine, en pratiquant une politique de taxation punitive agressive, qui devait donner un caractère prohibitif aux importations chinoises. C’est ainsi que de nombreux produits chinois comme l’acier ou l’aluminium (plus de 1300 produits au total) se sont vus imputés de taxes allant jusqu’à 25% de leur valeur brute. En réponse, Pékin a adopté la même stratégie douanière, ce qui a donné lieu à une succession de taxes entre les deux pays, ayant eu un effet direct sur les coûts de production de leurs entreprises respectives. La guerre commerciale a ensuite pris un tournant idéologique et géopolitique, mais le fond du problème reste incontestablement concurrentiel et économique, obligeant les entreprises à jongler entre taxes, contre-taxes, taxes, contre-taxes… Ces manœuvres ont des répercussions directes sur les industries des deux pays, qui souffrent in fine d’une baisse leur compétitivité prix ce qui engendre maintes réactions des firmes impliquées…

 

Une guerre qui coûte cher 

Après deux ans de conflits, les indicateurs sont clairs : la guerre commerciale sino-américaine fait énormément de dégâts sur le marché américain. Après la dernière augmentation douanière de décembre 2019, une étude WEO (World Economic Outlook) mettait en relief une perte de 1% du PIB américain, à laquelle s’ajoutent 38 milliards de dollars de taxes supplémentaires payés par les consommateurs américains.  

Ces chiffres peuvent s’expliquer facilement : les taxes aux importations sont payées par les entreprises américaines et non chinoises. De ce fait les coûts de production sont plus élevés et se reportent directement sur les prix. Résultat : les prix augmentent et la demande ralentit. Finalement, les premiers pénalisés sont les ménages américains, dont le pouvoir d’achat diminue (-19% dans le domaine des hautes technologies selon une étude Trade Partnership, sur la période 2018-2020).

 

La réponse des entreprises: Tarifs Hurt The Heartland 

Tarifs Hurt the Heartland, est un collectif regroupant plus de 600 entreprises, issues de tous les secteurs d’activité, avec en tête des grands groupes comme Walmart, Target, Home Depot etc. Cette alliance considérable représente le premier mouvement de lutte contre les taxations américaines sur les produits chinois. Leurs arguments sont clairs, les mesures prohibitives du gouvernement Trump pénalisent d’abord et surtout les entreprises américaines. 

Ces firmes ne peuvent plus supporter l’accroissement de leurs coûts lié aux mesures tarifaires et par conséquent, elles sont contraintes d’augmenter leurs prix et de licencier. Tout ce mécanisme se reporte ensuite sur leur trésorerie, avec des pertes qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars. Les revendications sont fortes et claires : annulation des taxations punitives contre la Chine et remboursement des pertes aux entreprises américaines. Même si cette initiative judiciaire a peu de chances d’aboutir rapidement, c’est plus la symbolique de l’acte qu’il faut réussir à capter. En voulant protéger ses entreprises de l’ « ogre chinois », le président américain, aurait selon les principales concernées, affaiblit l’économie américaine. Ainsi, il s’est lui-même fait l’ennemi de ceux qu’il tentait de protéger. In fine, le recours en justice de ces entreprises montre bien la fracture existante entre l’exécutif américain et une grande partie de ses entreprises. 

 

Quelle issue au conflit ?

Les positions républicaines du pouvoir en place ne semblent pas avoir évolué au cours de ces deux années de conflit. D. Trump en avait fait son slogan de campagne : « Make America Great Again », qu’il n’a pas tardé à concrétiser une fois au pouvoir, à travers des mesures nationalistes, à la limite du protectionnisme. En réponse aux entreprises qui critiquent sa politique de taxation, le président américain s’est référé la semaine dernière à une citation  de Carl Von Clausewitz : « La guerre n’est qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens ».

De leur côté, les géants américains semblent désespérés estimant même que quoi qu’il advienne, cette « guerre » n’aura pas de vainqueur. Les deux pays s’affaibliront et in fine, ils perdront tous les deux, entrainant dans leur chute des millions de ménages et de travailleurs. Pour pallier la position ferme du président Trump, plusieurs grands chefs d’entreprises tels que James Hackett (CEO Ford) et Doug McMillon (CEO Wallmart) n’hésitent plus à afficher leur soutient à Joe Biden pour les prochaines élections. Alors entre rivalités externes et conflits internes, le président Trump pourra-t-il conserver son siège au plus haut titre de la nation ? Réponse le 3 novembre

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref