Misterprepa

Hiérarchie des puissances (fin XIXème siècle -1940)

Sommaire

Le critère de puissance depuis la fin du XIXème siècle est marqué par la prééminence des empires coloniaux. Les plus grandes puissances européennes à cette époque bénéficient de colonies en Afrique et en Asie. Par exemple la France dispose de possessions dans l’ouest de l’Afrique et en Indochine, l’Angleterre contrôle le sud de l’Afrique, les Pays-Bas ont des possessions dans l’actuel archipel indonésien. Cependant, la Première Guerre mondiale marque un essoufflement de ce modèle géopolitique mettant en lumière des investissements trop coûteux et des révoltes sanglantes. Les empires coloniaux seraient-ils ainsi devenus dans la première moitié du vingtième siècle un facteur dépassé de la puissance et de la grandeur d’une nation ? Les transformations économiques, géopolitiques de cette époque consacreraient-elles de nouveaux critères de puissance ?

 

Les colonies jusqu’en 1913 : un marqueur de puissance décisif

Les puissances qui dominent la hiérarchie mondiale de la fin du XIXème siècle à la fin des années 1930 sont en effet de grandes puissances coloniales : Royaume-Uni, France, dont les vastes empires coloniaux procurent des atouts décisifs. En effet, au-delà de la superficie démesurée de ces nouveaux empires (jusqu’à 14 millions de kilomètres carrés pour le Royaume-Uni !), les bénéfices en matières premières sont très importants. La Compagnie Anglaise des Indes transporte des épices et du thé à prix d’or en Europe, la France rapporte de l’Indochine de la sève d’hévéa essentiel pour la production industrielle de caoutchouc.

Les empires coloniaux permettent aussi aux nations d’entretenir un sentiment de supériorité sur les autres. L’idée de nation s’incarne alors dans la grandeur coloniale, la course aux possessions extraterritoriales. L’expression « Scramble for Africa » désigne bien la guerre indirecte que se livrent Paris, Londres, Berlin, Lisbonne pour s’emparer de ces territoires. C’est aussi l’occasion pour ces puissances d’affirmer leur obédience religieuse, leur culture et leur traditions aux colonies.

 

Le début du XXème siècle ou le déclin de la puissance coloniale

Les puissances qui finissent par s’imposer au sommet de la hiérarchie mondiale sont des puissances sans colonies et qui valorisent d’autres facteurs de puissance. Leur identification nationale s’illustre par un nouveau capitalisme industriel alors que les puissances coloniales connaissent un déclin dans ce secteur. En effet, le développement est davantage centré sur les ressources intérieures, un marché de consommation intérieur protégé, alors que les productions coloniales concurrencent les productions locales des métropoles. L’exemple parfait qui illustre cette idée est le rattrapage industriel américain sur l’historique industrie allemande, pourtant dépourvu de toute colonie.

Ce sont des puissances qui valorisent d’autres formes d’impérialisme, d’autres vecteurs d’influence à l’extérieur, sans avoir à prendre en charge le coût d’un empire : impérialisme américain, expansion de l’influence soviétique qui utilise l’idéologie communiste. Ces nouvelles idéologies parviennent à haranguer leur population pour remporter les plus grands succès économiques et militaires. Le Japon impérial a réussi à infliger une des défaites les plus cuisantes à la Russie en 1904. Dès lors, l’empire nippon s’impose sur l’île de Sakhaline anciennement russe.

Après 1945, les deux grandes puissances, Etats-Unis et URSS, qui dominent la hiérarchie mondiale, imposent un ordre mondial hostile aux colonies. Celui-ci fragilise la domination des nations européennes maintenant contraintes d’accueillir sur leur sol les nouvelles idéologies dominantes. La division entre la doctrine Truman et la doctrine Jdanov illustre parfaitement cela. Les deux façades de l’Europe ont été arrosés par une série de propagande des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

 

Lire plus : Les Etats-Unis : “Empire bienveillant” ou facteur de déstabilisation ? (1/4)

 

Le fardeau des colonies menant au déclin des puissances

Les empires coloniaux représentent un coût croissant pour les métropoles, à la fois économique (entrave à la modernisation) et politique (guerres coloniales à mener). L’accumulation de la guerre et le coût exorbitant des colonies mène invariablement à des révoltes et des guerres d’indépendance. L’exemple de l’indépendance indienne au détriment du Royaume-Uni illustre la perte de crédit du modèle colonial. Il a conduit à diaboliser l’image du colon.

Plus particulièrement, la réalité de la domination coloniale affaiblit le prestige des nations européennes. Il existe une contradiction croissante entre les valeurs universelles défendues par les Européens, sur lesquelles la France fonde son identité nationale et la façon dont ses valeurs sont bafouées dans les colonies. Cela mène à un affaiblissement du « soft power » européen au profit d’idéologies nationalistes ou communistes, qui alimentent le rejet de la présence européenne. L’état de désordre dans lequel les territoires ont été laissés par les colons corrobore cette idée (guerre civile, corruption, terrorisme…).

Il faudrait cependant distinguer l’attitude du Royaume Uni et de la France, les deux nations qui ont le plus lié leur statut de puissance à la détention d’un empire colonial étendu. Les réformes de l’empire britannique dès les années 30 face à l’immobilisme français privilégie la répression des mouvements nationalistes. Le Royaume Uni parvient, mieux que la France, à préserver des liens avec ses anciennes colonies dans le cadre du Commonwealth et maintenir son influence internationale.

 

Lire plus : Est-ce la fin du Commonwealth

 

Newsletter
Image de Augustin Hirtzberger
Augustin Hirtzberger
Etudiant en première année à Audencia après deux années de classe préparatoire au lycée Hoche.