Marvin Minsky définit l’intelligence artificielle comme étant la construction de programmes informatiques capables d’accomplir des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des êtres humains. Sa conception a été orientée vers sa capacité à penser comme les humains et à identifier les mécanismes de l’intelligence humaine. Pour y arriver, deux concepts ont été intégrés. Le premier est le machine learning et le second, le deep learning. L’un permet d’apprendre aux ordinateurs à penser de la même manière que les humains et l’autre va beaucoup plus loin en laissant l’IA se développer en se basant sur des données. Par conséquent, ses facultés remarquables suscitent la volonté d’expérimenter et de transformer les organisations.
L’IA est au cœur des préoccupations des États.
De nombreux gouvernements investissent considérablement afin de pousser les recherches concernant l’IA. En décembre 2018, Bruxelles a présenté un plan de coordination entre les États membres qui ambitionne d’atteindre au moins 20 milliards d’euros d’investissement public et privé en IA d’ici à la fin 2020, puis 20 milliards par an la décennie suivante. De plus, les États-Unis sont partis les premiers dans ce qui est devenu une course mondiale. Derrière, la Chine affirme clairement son intention de devenir leader mondial de l’IA en 2030. Le pays souhaite accéder aux données de 1,4 milliard d’habitants, ainsi que mobiliser toutes les ressources de l’État.
En effet, la France a aussi décidé de créer le programme IA Booster France 2030 s’adresse aux entreprises françaises (PME et ETI) de tout secteur d’activité. Ce programme s’adresse plus particulièrement aux entreprises ayant un effectif compris entre 10 et 2 000 collaborateurs et réalisant plus de 250 000 euros de chiffre d’affaires. Les entreprises pourront bénéficier d’une prise en charge partielle du coût de la prestation visée, pouvant aller jusqu’à 80 % de celui-ci.
Par conséquent, ce domaine est extrêmement concurrentiel.
L’impact de l’IA sur les entreprises
L’impact le plus important concernant l’IA est l’avenir puisqu’elle contribue à l’automatisation des tâches. Cependant, l’automatisation des tâches n’est pas le seul domaine dans lequel l’IA est présente. Elle est également un outil de surveillance très efficace dans le domaine de la cybersécurité, mais également pour certaines tâches comme la gestion des stocks par exemple.
D’autre part, l’IA peut permettre d’accélérer les chaînes de production et de réduire certains délais. Par conséquent, le retour sur investissement est très rapide. Pour les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 10 milliards de dollars, une étude menée par Boston Consulting Group and MIT Sloan Management Review estime qu’on peut parler d’un retour sur investissement si l’IA permet de dépasser 100 millions de dollars de nouveaux revenus ou d’économies réalisées. Sans oublier que l’IA améliore le processus de recrutement afin de trouver les meilleurs talents, d’interagir et de suivre les candidats ou les collaborateurs.
Par ailleurs, la plateforme Bpifrance Université met gratuitement à disposition des outils d’auto diagnostic, des modules de formation en ligne, ou encore des webinaires visant à accompagner dans la prise de conscience et l’acculturation aux bénéfices de l’IA. Par exemple, une prestation individuelle de conseil est proposée et vise à qualifier la ou les solutions d’IA répondant aux besoins identifiés et établir le plan de mise en œuvre des entreprises.
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Le paradoxe de l’Intelligence Artificielle
La mise en œuvre de l’IA au sein des entreprises est une tâche qui ne peut être faite que par les experts. En outre, chaque branche de l’entreprise sera concernée par celle-ci. Cela implique la mise en place de solutions qui facilitent l’interaction homme-machine. Par conséquent, chaque étape de la conception est importante pour promouvoir une IA fiable et explicable. Autrement dit, la transparence est primordiale dans la mise en place d’une IA responsable.
Cependant, plusieurs risques sont à prévoir tels que :
- Les risques managériaux puisqu’il peut y avoir de nombreux problèmes si les managers s’appuient uniquement sur les informations générées par l’IA. En effet, les outils de l’IA peuvent se baser sur des mauvaises informations qui engendrent des décisions. Par conséquent, qui sera responsable ?
- Les risques opérationnels concernent le fait que l’IA puisse constituer un levier pour les fraudeurs et cyberattaques avec la numérisation, par exemple, l’imitation d’un tiers.
- Les risques au sein du marché du travail sont corrélés aux craintes des employés et ouvriers. En effet, le possible remplacement de certains métiers engendre des peurs même chez les managers. Certaines compétences pourraient donc remplacer beaucoup de métiers à terme. Selon les analystes de la banque d’investissement Goldman Sachs, 46 % des tâches administratives, 44 % des tâches juridiques et 37 % des tâches relevant de l’architecture et de l’ingénierie pourraient être remplacées par l’IA. Le secteur des sciences de la vie, physiques et sociales devrait lui aussi être fortement touché avec 36 % des tâches remplaçables, contre 25 % pour les activités commerciales et financières complètent le top 5 avec 35 %.
- Les risques de concurrence internationale concernent les entreprises du numérique ayant une base d’utilisateurs très importante. Ces entreprises de marché donneraient au gouvernement de leur pays un pouvoir d’hégémonie géopolitique. En effet, la majorité des outils disponibles sur le marché sont délivrés par des entreprises américaines.
Pour conclure, l’IA est sans aucun doute un levier de croissance pour les entreprises et les gouvernements. Cependant, ses risques sont multiples et ne concernent pas uniquement son utilisation au sein des entreprises. Au-delà des problématiques qui concernent les entreprises, d’autres risques apparaissent, tels que ceux qui concernent les fragmentations sociales. Cela peut concerner les discriminations de genre ou l’accentuation des inégalités en termes de richesses.
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