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Leonor de Bourbon et la couronne espagnole

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Le 21 octobre 2023, la jeune Leonor de Bourbon (la fille du roi d’Espagne) a fêté ses 18 ans. Cela lui a donc permis d’assumer le rôle officiel pour remplacer son père en cas d’incapacité, de décès ou d’abdication. Et cela sans qu’il y ait nécessité de régence. Elle endosse désormais un rôle monarchique de grande taille : celui de devenir reine s’il arrive un quelconque problème à son père.

 

Une formation complète 

En 2024, Leonor a suivi et continue de suivre une formation condensée sur 3 ans : à l’Académie de Saragosse (formation des officiels de l’Armée de Terre, suivie jusqu’en juin 2024). Puis, elle suivra jusqu’en juin 2025 la formation de l’école navale de Marine. Et enfin, elle aura terminé sa formation en juin 2026 avec la formation de l’Académie de l’aire de Murcia. 

Par cette formation, elle acquiert une présence publique chaque fois plus importante. 

Cette formation témoigne du fait qu’elle a toujours été éduquée en songeant à son futur rôle de reine.

C’est la formation d’une vie. 

En effet, Leonor a connu une éducation riche en savoirs, et ce, depuis l’école primaire : elle a été tenue informée des affaires publiques espagnoles mais également internationales.

Elle parle d’ailleurs parfaitement le catalan, ainsi que d’autres langues co-officielles comme le basque ou le galicien.  

Toute cette éducation renforce sa légitimité pour se tenir à la tête du pays. 

 

Le manque de légitimité du roi Felipe Sexto

Pour comprendre l’importance et la nouveauté qu’apporte Leonor à la couronne espagnole, il faut savoir que les Espagnols ont un rapport tout à fait particulier au roi. Il n’existe absolument pas de consensus monarchique en Espagne.

Felipe Sexto est arrivé au pouvoir en 2014, en tant qu’héritier de son père, Juan Carlos. Mais sa réputation a été rapidement ternie par le règne corrompu de son père.

En effet, Juan Carlos a été accusé de corruption lors de son règne. Cela a créé un véritable scandale politique en Espagne.

Cette crise de légitimité a clairement impacté le règne de Felipe Sexto, son fils, mais aussi et surtout la considération des Espagnols concernant le roi. 

Nous pourrions dire ici que Juan Carlos a détruit l’institution bourbonne.

Mais nous pouvons tout de même nuancer cette idée. Quand Felipe Sexto est arrivé au pouvoir, il a dans un premier temps inspiré la confiance au peuple. Il a d’abord été perçu (et l’est toujours) comme une figure de sobriété notamment après le règne agité de son père. 

Mais la crise institutionnelle est bien plus profonde. 

 

Le refus de la couronne 

A cette crise institutionnelle, nous pourrions ajouter le refus de la couronne par les indépendantistes espagnols : la Catalogne et le Pays Basque ont très peu d’appétence pour cette dernière. 

La relative ascension politique de l’extrême droite (VOX) dans le pays a également touché la politique espagnole en fracturant le pays. 

 

Lire plus : L’ascension de l’extrême-droite en Espagne

 

C’est donc dans ce contexte de Leonor doit gagner le peuple espagnol et surtout convaincre la jeunesse qui ne croit plus dans la légitimité de la monarchie. Elle a, en partie, pour rôle de résoudre cette crise générationnelle qui divise le pays. 

Leonor pourrait être un facteur de stabilisation en Espagne.

 

Une incarnation de la modernité ? 

Leonor a dores et déjà la sympathie du peuple espagnol. Elle représente la modernité et la jeunesse. C’est une jeune femme impliquée dans les affaires du pays, et c’est cela qui légitime sa (future) présence à la tête du pays. 

Selon des sondages, elle bénéficie de 79% de popularité auprès des Espagnols.

De plus, le fait que Leonor soit une femme rajoute un argument à cette idée de modernité. En effet, la couronne espagnole a toujours été une affaire d’hommes. La royauté espagnole n’en n’avait pas terminé avec la primogéniture masculine. Si Leonor avait eu un frère, alors il aurait automatiquement pris le rôle de successeur officiel.

On pourrait ajouter ici que Leonor a déjà montré son propre caractère et sa personnalité de jeune femme affirmé. 

Ainsi, cette modernisation du pouvoir coïncide avec les transformations de ce dernier concernant la place des femmes dans la société espagnole et leur rôle en politique.

Leonor rompt avec l’image décadente de son grand-père.

 

 

En définitive, Leonor représente une certaine rénovation de la monarchie espagnole. Elle est perçue comme une nécessité pour que la monarchie parlementaire se maintienne dans des temps difficiles, qu’ils le soient pour le contexte international mais aussi national (avec par exemple le manque de majorité au Congrès et l’émergence de la droite populiste en Espagne). 

 

Lire plus : Roi d’Espagne, un pilier institutionnel ? 

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Camille Huentz