Dans cet article, nous allons étudier les différentes analyses à maitriser en ESH concernant les cycles économiques longs. Dans une seconde partie, vous trouverez une analyse des cycles courts.
D’abord définissons les cycles, ceux-ci peuvent être décrits comme des alternances entre des périodes de croissance puis de baisse de l’activité économique. On doit toutefois être capable de remarquer une certaine récurrence (les mouvements de hausse et de baisse doivent se reproduire avec plusieurs occurrences) ainsi que des amplitudes et des périodicité relativement constantes. Les différentes théories qui entourent les cycles économiques longs considèrent que ceux-ci constituent en réalité des régularités de la croissance. Ainsi, on a une vision des crises comme étant des évènements endogènes.
1 – Analyse marxiste
Selon Karl Marx, les crises sont internes au système capitaliste. En effet, celles-ci naîtraient d’un décalage entre l’offre et la demande de biens dans l’économie. On aurait une combinaison de deux logiques différentes qui aurait pour conséquence de faire naître la crise.
Tout d’abord, on aurait une insuffisance de débouchés (crise de sous-consommation). En effet, selon la théorie de la paupérisation absolue des travailleurs de Marx, ceux-ci arriveraient à un point où leurs revenus se trouvent trop réduits pour pouvoir consommer, ce qui a pour conséquence de réduire les débouchés possibles pour la production des entreprises.
Dans un second temps, en plus d’une insuffisance de débouchés, le système capitaliste est fatalement voué à subir la baisse tendancielle du taux de profit (pour une analyse de la baisse tendancielle du taux de profit, n’hésitez pas à lire cet article qui reprend les théories des auteurs majeurs de l’histoire économique). Mais n’oublions pas que la baisse tendancielle du taux de profit naît de la suraccumulation du capital. Dès lors, il y a une hausse du profit – à court terme – qui va permettre l’avènement de la phase A du cycle (la phase de croissance). Toutefois, la baisse du taux de profit qui découle de la réduction de la part du facteur travail dans le processus productif va emmener les crises.
2 – Analyse schumpéterienne
L’une des analyses des cycles économiques les plus connues reste celle de Joseph Aloïs Schumpeter dans Business Cycles (1939). Pour une analyse plus poussée des cycles qu’il étudie, je vous conseille de regarder la synthèse sur les cycles économiques selon Schumpeter.
En résumé, pour Schumpeter, les innovations sont à la source des cycles et expliquent donc ainsi ces alternances entre phases de croissance et phases de dépression. Avec les cycles longs de Kondratiev notamment, Schumpeter explique que les innovations ont lieu lors de la phase B du cycle, afin de sortir de la routine. Dès lors qu’un entrepreneur ouvre la voie par une innovation réussie, on observe l’apparition de « grappes d’innovations » créées par d’autres entrepreneurs attirés par le profit et cherchant à l’imiter. Ce sont ces grappes qui font entrer l’économie dans la phase A du cycle Kondratiev.
1e CYCLE : 1780, essor du secteur textile métallurgie et machine à vapeur.
2e CYCLE : 1848, acier et le chemin de fer
3e CYCLE : 1896, moteur à explosion, la chimie et l’électricité.
4e CYCLE : 1945, pétrochimie, l’aviation, et à l’électronique.
Il est toutefois important de noter que ce processus s’accompagne en parallèle d’un phénomène de destruction créatrice.
3 – Analyse en termes d’accélérateur
Aftalion, dans Les crises périodiques de surproduction (1913) montre un lien entre la dynamique de l’investissement et la croissance de la demande. En effet, afin de répondre à la demande, les entreprises doivent investir. Il y a alors un cycle de l’investissement et un cycle de la demande.
Toutefois, il existe des délais entre le moment où on décide d’investir et celui où ce même investissement permet effectivement de répondre à la demande. Les crises s’expliquent donc par la plus ou moins forte sensibilité des investissements à la conjoncture.
Pour illustrer cela, il utilise la fameuse métaphore du poêle à charbon : « La vie économique ressemble à une pièce qui contient un poêle à charbon. Ayant froid, l’occupant de la pièce allume le poêle et le bourre de plus en plus tant qu’il n’a pas assez chaud. L’occupant cesse alors d’alimenter le poêle jusqu’à ce qu’il ait de nouveau froid. Mais alors, il aura froid pendant un certain temps, et ainsi de suite » (Les crises périodiques de surproduction, 1913).