Le capitalisme est ponctué de crises économiques, dont les plus importantes sont résumées ci-dessous.
1. FIN XIX – GRANDE DEPRESSION :
La Révolution Industrielle est marquée par le développement des institutions financières, l’ouverture des économies, la création de sociétés, ainsi que la spéculation immobilière. Lors de la Grande Dépression, l’économie bascule dans la crise : les compagnies de chemin de fer ont des difficultés dès 1852 qui entrainent les autres branches ; il y a donc surproduction (production mais pas d’acheminement). Le secteur immobilier explose, les financiers s’endettent pour investir dans la construction. En 1873 a lieu la faillite de la bourse de Vienne, qui se propage en Europe puis à New York : une rapide récession s’en suit. La bulle spéculative immobilière à New York se dégonfle. La chute de l’activité industrielle provoque une forte déflation, ainsi que du chômage et le repli des économies. La sortie de crise se fait par les innovations : plan Freycinet en France (= politique publique) pour améliorer les chemins de fer, les canaux et les ports.
2. 1929 – KRACH BOURISER :
Les années 20 sont marquées par la prospérité et la croissance de la production industrielle. Les cours de la bourse de New York gonflent : les investisseurs achètent massivement des titres à crédit pour les revendre rapidement et en tirer une grosse plus-value. Mais les difficultés du secteur automobile puis des autres secteurs industriels entrainent la chute de la production industrielle. La FED maintient des taux directeurs bas donc il est intéressant d’emprunter pour spéculer. Le krach boursier est inévitable. La FED adopte une politique plus restrictive, freinant l’activité réelle et augmentant les faillites, provoquant la ruine des spéculateurs puis des banques. La production s’effondre, il y a de la déflation. La crise se propage à d’autres pays, notamment européens. Les économies se ferment et le commerce mondial se contracte. La sortie de crise se fait avec le New Deal aux Etats-Unis en 1933 ; et par des séries de lois en France en 1935 : baisse des dépenses, hausse des impôts…
3. 1970 – CHOC PETROLIER :
Les 30 glorieuses sont marquées par la prospérité mais aussi par des déséquilibres : il y a beaucoup de croissance et d’inflation donc les économies s’endettent. L’économie est fordiste (les gains de productivité sont redistribués à l’Etat, aux entreprises et aux travailleurs donc le niveau de vie augmente). Mais le système monétaire se désagrège (Bretton Woods) et l’hégémonie du dollar est remise en cause. Il y a une forte demande de pétrole donc les pays du Moyen-Orient font un embargo pétrolier : le prix du baril de pétrole est multiplié par quatre en quelques mois. La crise pétrolière est une crise de stagflation. La sortie de crise se fait par le développement d’autres sources d’énergie (nucléaire, solaire, éolienne) pour baisser la dépendance au pétrole et aux pays du Moyen-Orient.
4. 1982 – CRISE DES PED (Pays En Développement)
La stratégie des PED est une stratégie d’endettement externe pour augmenter l’épargne nationale donc l’investissement et la croissance. Jusqu’aux années 70, les prêts sont limités (ils viennent du FMI ou de la Banque Mondiale). Lors du choc pétrolier, les pays pétroliers placent leur épargne dans les PED car les taux d’intérêt réels sont bas (inflation), la demande de capitaux est faible (récession), et les exportations sont en croissance. Au cours des années 80, Volcker augmente les taux d’intérêt donc la valeur de la dette augmente. Ceci ajouté au contre-choc pétrolier et à la récession fait qu’en 1982 les PED ne peuvent plus rembourser leurs dettes. Entre 1982 et 1985, le plan Baker met en place une politique de transfert intemporel de la dette (aides FMI et BM). En 1989, le plan Brady adopte des solutions de marché : rachat / échange / remises de dette.
5. 1993 – CRISE SME (système monétaire européen) :
Au printemps 1992, la stabilité du SME est mise en cause. En Italie, l’incapacité à mettre en place une politique de stabilisation budgétaire, à cause de la crise gouvernementale et du déficit, provoque une contestation de la lire. Il y a spéculation (= tirer un profit individuel de l’évolution des taux de change), puis dévaluation de la lire puis elle quitte le SME. Le dollar est affaibli, donc il y a spéculation contre la livre sterling en 1992 puis elle sort du SME. Ensuite il y a spéculation et dévaluation du peseta (Espagne). En 1993, la punt irlandaise est dévaluée. La peseta et de l’escudo (Portugal) sont réalignés. Il y a spéculation sur les francs belge et français. Toutes les monnaies du SME ont vu leur parité vis-à-vis du deutschemark remises en cause sauf le florin (Pays-Bas) car sa politique macroéconomique est alignée sur celle de l’Allemagne. La politique de convergence imposée par le traité de Maastricht n’est pas soutenable, donc les autorités européennes portent les marges de spéculation du SME à +/- 15% (au lieu de 2.25%), ce qui désarme la spéculation. Cette double crise montre les limites de la libéralisation des mouvements de capitaux (en Europe avec l’achèvement du marché unique). En 2002, la mise en place de l’euro a mis l’UE à l’abri des crises résultant d’évolutions divergentes des cours du change des monnaies : les spéculateurs ne peuvent plus jouer franc contre mark…
6. 1994 – CRISE MEXICAINE :
L’ancrage fixe du peso mexicain au dollar est incompatible avec le fort niveau d’inflation, mais cela donne une illusion d’une garantie de change. Ceci ajouté à la suppression d’obstacles structurels aux mouvements de capitaux provoque un fort afflux de liquidités étrangères dans l’économie mexicaine (1990-1993). Il y a alors dollarisation de l’économie mexicaine et un boom des crédits bancaires au secteur privé. Mais l’inflation détériore la compétitivité mexicaine et les comptes extérieurs du pays ce qui provoque un déficit de la balance des paiements. A partir du 20 décembre 1994, les sorties de capitaux s’accélèrent et le peso se dévisse. Les Etats-Unis et les organisations internationales prêtent 50 milliards de dollars US au Mexique pour sortir de la crise.
7. 1997 – CRISE ASIATIQUE :
Il y a ancrage fixe au dollar des monnaies asiatiques et endettement du système local notamment pour financer deux grandes vagues de spéculation (immobilière et boursière). Les banques locales empruntent à court terme en devises et prêtent à long terme en monnaie locale. Il y a un afflux de capitaux étrangers, mais les créanciers étrangers baissent progressivement leur exposition en 1997 et les autorités laissent le bath (Thaïlande) flotter. Cela provoque un effet domino (Corée, Indonésie, Malaisie) : il y a crise de change et crise bancaire. Les importations baissent, la concurrence par les prix se durcit : il y a une récession.
8. 1998 – CRISE RUSSE :
Lors de la fin de l’URSS (1991), la Russie doit changer son modèle économique pour s’adapter au capitalisme. En 1997, il y a des signes de reprise, les déficits sont contrôlés et l’excédent commercial croit. En 1998, les tensions et la gestion financière hasardeuse provoque une crise financière et monétaire. En aout 1998, la crise boursière entraine le flottement du rouble. Il n’y a pas de dévaluation organisée donc la crise est monétaire : le rouble perd 60% de sa valeur en 2 semaines. Un autre facteur aggravant est la baisse du prix du pétrole en 1998 : les exportations baissent alors qu’elles représentent 50% des recettes liées aux exportations, ce qui rend la balance commerciale négative. Les entrées de devises étrangères ralentissent. La solution choisie n’a pas été de dévaluer mais d’émettre des bons du trésor à court terme. Le gouvernement russe est forcé à dévaluer le rouble en 1999, à la suite de quoi l’économie russe se redynamise.
9. 1998 – 2002 – CRISE ARGENTINE :
Fernando de la Rua met en place une politique d’ajustement à cause des problèmes économiques : dette, fuite de capitaux et d’entreprises, chômage, pauvreté. Le 13 décembre 2001, il y a une grève générale. Le 19, il y a des manifestations et le gouvernement démissionne. Le 20, le président démissionne, et 5 présidents se succèdent en une semaine. En 2002, la situation est catastrophique : chute du PIB de 30%, dévaluation de 300% de la monnaie.
10. 2001 – 2002 – BULLE SPECULATIVE INTERNET :
L’éclatement de la bulle internet contribue au krach boursier de 2001-2002. Il y a une crise de surinvestissement dans les télécoms, de surendettement, de négligence de certaines contraintes (acheter sur internet = cliquer mais derrière il faut une logistique pour livrer avec la qualité et dans les délais prévus).
11. 2008 – SUBPRIMES :
La crise des subprimes est une crise des crédits hypothécaires aux ménages américains peu solvables. La hausse des taux d’intérêts réels provoque la chute du marché immobilier américain, et la titrisation multiplie les risques. En septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite. La crise des subprimes est d’abord une crise de solvabilité des institutions financières puis une crise de liquidité et d’assèchement du marché interbancaire. Le crédit se contracte (crédit crunch), la banque centrale baisse les taux d’intérêts. S’ajoute une crise de confiance. Les Etats-Unis mettent en place le plan Paulson (régulation des marchés financiers) et l’Europe met en place des politiques de relance (augmentation de la dette).