L’Espagne est depuis longtemps l’une des destinations phares pour les immigrés latinos-américains. Un tiers des 5 millions d’immigrés qui vivent en Espagne viennent d’Amérique latine.
Désormais, pour beaucoup d’entre-eux, travailler légalement sera beaucoup plus facile. Les démarches étaient lourdes et ne permettaient pas à tous de travailler légalement au sein du pays. En effet, sans titre de séjour ils ne pouvaient pas prétendre à un emploi. Mais une nouvelle réforme de la loi étrangère a été approuvée par le gouvernement et cette dernière tente de résoudre certains de ces dysfonctionnements.
Il y a en réalité 4 changements majeurs qui vont permettre à des milliers d’étrangers de travailler et d’habiter en Espagne légalement.
Une situation simplifiée pour les étudiants
Selon les dernières données du gouvernement, un tiers des étudiants universitaires viennent d’Amérique du Sud ou des Caraïbes. Ils étaient plus de 40 000 l’année dernière. Ils sont en tout plus de 64% d’étudiants étrangers en master. La loi antérieure ne permettait pas aux étudiants étrangers d’avoir un emploi.
Ils pourront désormais obtenir un visa étudiant qui leur permettra de travailler jusqu’à 30 heures par semaine légalement. Cela leur permettra donc de financer une partie de leurs études si nécessaire. En plus de cela, une fois qu’ils auront terminé leurs études, ils pourront rester en Espagne un an de plus avec ce même visa. Ces modifications supposent évidemment que l’autorisation de séjour deviendra une autorisation de travail. Pour obtenir ce visa, il faudra cependant toujours remplir certains critères précis.
La réforme migratoire n’est pas seulement positive pour les étudiants mais aussi pour l’Espagne qui peut désormais bénéficier des talents formés dans les universités du pays. De plus, la possibilité pour les jeunes de travailler pendant leurs études rend les universités espagnoles plus attractives.
La régularisation de milliers de migrants
La réforme migratoire bénéficiera également à des milliers de migrants qui sont déjà présents sur le sol espagnol mais de façon irrégulière. L’Espagne compte plus de 30 000 personnes dans cette situation ce qui fait d’elle le sixième pays de l’Union Européenne avec le plus de migrants en situation irrégulière.
La nouvelle loi va permettre aux migrants qui ont vécu plus de deux ans au sein du pays d’obtenir un premier visa d’un an qui leur permettra de travailler à condition qu’ils réalisent une formation dans un secteur en manque de main d’œuvre. Cette partie de la loi étrangère s’appelle « el arraigo por formación ». L’expression est complexe à traduire mais cela signifie que l’obtention d’un visa se fait grâce à la formation.
Il existe également « el arraigo social » qui signifie que l’obtention du visa est possible à partir de 3 ans sur le sol espagnol et avec une offre d’emploi à la clé. Cette possibilité a également été simplifiée par la réforme puisque le contrat de travail proposé n’a plus besoin d’être d’un an. Enfin, il existe « el arraigo laboral » c’est à dire que le visa est délivré si l’immigré réussi à prouver qu’il a travaillé en Espagne depuis qu’il est présent (et ce même si cela s’est fait de façon illégale).
La réforme migratoire et les contrats saisonniers
L’Amérique Latine traverse la pire crise de l’emploi des 3 dernières décennies. Les offres de travail en provenance des autres pays du monde deviennent alors des possibilités d’échappatoire pour des milliers de personnes sans emploi. En parallèle, l’Espagne se bat contre le manque de main d’œuvre particulièrement à la campagne. Chaque année des milliers de travailleurs saisonniers viennent en Espagne pour des contrats à durée limitée afin de travailler dans des exploitations agricoles. La réforme migratoire pense également à rendre plus flexible ce genre d’embauche pour rendre les emplois plus attractifs.
Les saisonniers pourront obtenir une autorisation de 4 ans pour travailler 9 mois par an avec l’obligation de retourner dans leurs pays après chaque période. Si les conditions suivantes sont remplies, ces travailleurs pourront prétendre à un visa de résidence et de travail pour deux ans prorogeables. De plus, la réforme prévoit d’actualiser tous les 3 mois la liste des métiers en manque de main d’œuvre.
Les regroupements familiaux
Pour l’instant, les membres de la famille d’un immigré qui reçoivent un visa de résidence ne peuvent pas travailler directement et doivent attendre relativement longtemps pour obtenir ce visa.
Grâce à la réforme, le visa de travail sera inclus dans le visa de résidence pour les proches d’un immigré. Les regroupements familiaux seront également simplifiés surtout lorsque des mineurs ou des handicapés en feront partie.
Conclusion
Avec cette réforme, le gouvernement espagnol tente de faire face au manque de main d’œuvre dans des secteurs clés comme le tourisme, l’agriculture ou encore le bâtiment. Certaines organisations critiquent d’ailleurs cette modification de la loi pour cette raison : les changements viennent de la nécessité de main d’œuvre et non du point de vue des droits de l’Homme. Cela se fait de plus dans un pays où les migrants travaillent pour la plupart dans des emplois précaires.