Misterprepa

Niger, Mali et Burkina Faso unis dans l’AES

Sommaire

Le 28 janvier 2024, les autorités militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont annoncé leur retrait immédiat de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette décision, bien que dramatique, est le résultat inévitable des tensions croissantes entre ces pays et l’organisation régionale.

 

Les racines des tensions

Les relations entre la CEDEAO et le Niger, le Mali, et le Burkina Faso se sont détériorées à la suite d’une série de coups d’État militaires qui ont eu lieu dans ces pays. En août 2020, un coup d’État au Mali a conduit la CEDEAO à imposer des sanctions sévères, incluant la fermeture des frontières aériennes et terrestres, ainsi qu’un embargo sur les échanges financiers et commerciaux, à l’exception des produits de première nécessité. Ces sanctions visaient à restaurer l’ordre constitutionnel, mais ont plutôt conduit à une escalade des tensions.

Le Burkina Faso, après son propre coup d’État en 2022, a été suspendu des instances de l’organisation. Les sanctions économiques imposées au Niger après le coup d’État de 2023 ont isolé le pays de ses partenaires commerciaux traditionnels, aggravant une insécurité alimentaire déjà préoccupante.

Les autorités militaires de ces pays ont perçu ces sanctions comme « illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables », accusant la CEDEAO d’être sous l’influence des puissances étrangères et de ne pas répondre aux aspirations de leurs populations, notamment dans la lutte contre le terrorisme.

 

Lire plus : Les coups d’Etat en Afrique

 

L’impact économique des sanctions

Les sanctions imposées par la CEDEAO ont entraîné des conséquences économiques profondes et durables sur le Niger, le Mali, et le Burkina Faso. La fermeture des frontières a gravement impacté les échanges commerciaux, tandis que l’embargo financier a paralysé les économies locales.

Nathaniel Olympio, président du Cercle d’études stratégiques sur l’Afrique de l’Ouest, a souligné que l’imbrication des économies de la sous-région signifie que tous les pays de la CEDEAO ressentent les effets de ces sanctions. Le Mali a particulièrement souffert de la fermeture des succursales de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), exacerbant la crise économique.

Les sanctions ont également entravé la libre circulation des personnes et des biens, pilier de l’intégration régionale. Dr. Christian Spieker, analyste politique, a noté que ces restrictions pénalisent les échanges et freinent l’investissement, non seulement pour les pays sanctionnés, mais pour toute la région.

 

Lire plus : L’influence croissante des pays émergents en Afrique

 

La création de l’Alliance des États du Sahel (AES)

Face aux sanctions et aux tensions croissantes avec la CEDEAO, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette nouvelle organisation vise à renforcer la coopération régionale, créer une monnaie commune, et s’affranchir de l’influence de la CEDEAO.

L’AES est perçue comme une réponse aux sanctions jugées injustes et à la perception que la CEDEAO est contrôlée par des intérêts étrangers. Les autorités des 3 pays estiment que la CEDEAO ne leur a apporté aucune assistance dans leur lutte contre le terrorisme et qu’elle représente même une menace pour leurs États membres.

Ce retrait marque un tournant historique pour la CEDEAO, qui n’avait jamais connu une telle situation en 49 ans d’existence. La création de l’AES pourrait également inciter d’autres États mécontents à rejoindre cette nouvelle organisation, mettant possiblement en danger la stabilité régionale.

 

Pour conclure, le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la CEDEAO est le résultat d’une série de conflits et de désaccords qui remontent à plusieurs années. Les sanctions économiques et les tensions politiques ont conduit ces pays à chercher des alternatives pour assurer leur souveraineté et leur développement économique.

La situation actuelle pose des questions sur l’avenir de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest. L’AES, bien que naissante, pourrait devenir une force influente, tandis que la CEDEAO devra repenser ses stratégies pour regagner la confiance des États membres. La stabilité de la région dépendra de la capacité des deux organisations à naviguer dans ce paysage politique en évolution.

 

 

Pour rappel :

  • La CEDEAO a été créée par le traité de Lagos, signé le 28 mai 1975 par 15 pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Le Cap-Vert a rejoint l’organisation en 1976, tandis que la Mauritanie a quitté la CEDEAO en 2000. L’objectif principal de la CEDEAO est de « promouvoir la coopération et l’intégration en vue d’une Union économique en Afrique de l’Ouest, afin d’améliorer le niveau de vie de ses populations, de maintenir et d’augmenter la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain ». Bien que ses objectifs initiaux aient été principalement économiques, la Communauté a ensuite élargi son champ d’action pour inclure des questions politiques.

 

  • Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont finalisé à Niamey un projet de texte pour créer la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), que les chefs d’État des 3 régimes militaires adopteront prochainement. Les ministres des Affaires étrangères des 3 pays ont annoncé que l’AES est désormais considérée comme une réalité. Ces pays, anciennes colonies françaises, ont rompu leurs liens avec Paris et se sont rapprochés de Moscou, créant l’AES en septembre dernier. En janvier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur départ de la CEDEAO, qu’ils estiment manipulée par la France, déclarant cette décision irréversible.
Newsletter
Picture of Nadia Saidi
Nadia Saidi
Etudiante à Rennes School of Business après 2 années en ECS, j'ai pour objectif de partager ma passion pour la géopolitique et l'espagnol aux étudiants de classe prépa