La détention de neuf citoyens français par le Hamas met en lumière l’importance du rôle médiateur du Qatar dans le conflit israélo-palestinien. Avec une politique diplomatique multilatérale, l’émirat se positionne comme un négociateur clé tout en naviguant dans les eaux complexes des alliances internationales.
Dans la délicate situation du conflit opposant Israël et le Hamas, le Qatar se dessine comme un acteur principal dans les négociations pour la libération des otages, et en particulier français : au nombre de neuf, ils sont désormais la priorité numéro un des autorités françaises.
Mais pour intercéder auprès du Hamas, la France peut compter sur le Qatar. Récemment interrogé par TF1, Mohammed Al Khulaifi, le négociateur en chef du Qatar, a promis aux téléspectateurs français que les discussions pour libérer les franco-israéliens étaient bien en cours et qu’elles auraient lieu “jusqu’au dernier otage“.
Déjà les semaines précédentes, Doha avait facilité la libération de quatre otages détenus par le Hamas, deux citoyennes américaines et deux israéliennes, ouvrant ainsi une lueur d’espoir pour les ressortissants français toujours en détention. La réactivité des autorités françaises, qui ont contacté le négociateur qatari dès les premières heures du conflit, est révélatrice de la tension qui parcourt le Quai d’Orsay, le Ministère français des affaires étrangères.
Une “Doha dépendance” ?
Alors qu’en France, la politique du “en même temps” chère au Président Macron est de plus en plus critiquée sur le conflit en Palestine – les uns reprochant son soutien à Israel, les autres lui reprochant son absence à la marche contre l’antisémitisme organisée à Paris dimanche dernier – la libération des otages devient une priorité politique pour l’Élysée.
Et le chef de l’État français compte bien miser sur les relations interpersonnelles étroites qu’il a noué avec l’émir Al-Thani depuis son arrivée au pouvoir en France en 2017 pour obtenir une libération des otages qui renforcerait un crédit politique en perte de vitesse.
Cependant, la posture du Qatar dans ce conflit demeure complexe et difficile. L’émirat est un allié des États-Unis, qui soutiennent Israël, et abrite une base majeure de l’US Army, la plus grande au Moyen-Orient. Cette alliance est d’autant plus mise en lumière avec la visite récente du chef des services secrets israéliens à Doha, le week-end dernier. Mais en parallèle, le Qatar héberge également le dirigeant du bureau politique du Hamas et il alimente Gaza depuis des années en aides humanitaire : alimentation, médicaments, éducation, et reconstruction des infrastructures vitales, le tout sous l’égide des Nations unies.
Le statut de médiateur du Qatar, dans son rôle de funambule de la géopolitique, s’avère être un canal de négociation indispensable pour la France. Et si Doha réussi son pari en obtenant la libération de citoyens français, le petit émirat changera de dimension… Surtout dans l’hexagone.
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