Le 12 juillet 2023, les députés du Parlement européen réunis à Strasbourg ont approuvé une proposition visant notamment à restaurer 20 % des écosystèmes dégradés de l’Union européenne à l’horizon 2030. Une victoire importante alors que le texte avait été pris pour cible par la droite.
La loi sur la restauration de la nature, le texte phare du « Pacte vert »
Le Pacte vert pour l’Europe est un plan d’action de l’Union européenne visant à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Il a été annoncé par la Commission européenne en décembre 2019 et est basé sur les principes d’économie circulaire, d’efficacité énergétique et de justice sociale. Le Pacte vert pour l’Europe est une étape cruciale dans la lutte contre le changement climatique et offre l’opportunité de créer de nouveaux emplois verts, de renforcer la compétitivité de l’Europe sur la scène mondiale et d’améliorer la qualité de vie des citoyens européens.
La loi de restauration de la nature est quant à elle un texte clé du Pacte vert européen, qui prévoit de ramener au moins 20 % des terres et des mers dégradées du Vieux Continent à leur état d’origine d’ici à 2030. Aujourd’hui, selon le dernier rapport sur l’état de conservation de la nature de la Commission européenne, plus de 80% des habitats naturels sont en mauvais état de conservation. Le projet veut ainsi restaurer la biodiversité, qui regroupe l’ensemble des animaux, végétaux et bactéries présents sur terre, leurs écosystèmes et les interactions existantes entre les êtres vivants et leur environnement.
En réalité, cette loi visant à restaurer les écosystèmes, est devenu l’emblème d’une bataille politique. Après des semaines d’une bagarre intense, les conservateurs du PPE (le plus grand et le plus ancien groupe du Parlement européen. Le PP est un groupe de centre-droit) et l’extrême droite ne sont pas parvenus à tuer la loi sur la restauration de la nature. Ces derniers affirmaient en effet que le texte mettrait en danger la sécurité alimentaire, aurait des effets néfastes pour les agriculteurs et bloquerait des projets d’énergies renouvelables.
Lire plus : La décarbonation du secteur maritime est en marche
La loi sur la restauration de la nature est largement vidée de sa substance
Dans un premier temps, mercredi 12 juillet, à Strasbourg, les eurodéputés ont rejeté la motion de rejet du projet législatif, à 12 voix près (sur 648). Ils ont ensuite adopté quelque 140 amendements qui ont profondément dénaturé le texte, avant de se prononcer sur cette nouvelle version, minimaliste donc, qui a été adoptée, cette fois, avec 36 voix d’avance.
Le rapporteur du texte, l’eurodéputé espagnol César Luena (S & D, gauche) a salué une «victoire collective» et «une bonne nouvelle pour la nature, les États membres et l’UE elle-même».
L’ambition du texte a toutefois été revue nettement à la baisse. Les eurodéputés ont voté en faveur d’un compromis, qui est donc une version très édulcorée par rapport au texte initial proposé par la Commission européenne. « C’est sûr que le texte est édulcoré mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit du premier texte juridique pour restaurer des écosystèmes détruits ou dont la qualité s’est dégradée, c’est une première mondiale », plaide Pascal Canfin, eurodéputé Renew, président de la commission Environnement.
Le PPE a prévenu qu’il continuerait à se battre pour freiner la cadence, en raison de craintes sur le coût de la transition verte de l’UE. « Notre priorité restera le moratoire, a réaffirmé mercredi Manfred Weber, leader du PPE. Il faut marquer une pause avant d’imposer des fardeaux supplémentaires à notre économie. Ces dernières années, nous avons lancé une approche très ambitieuse pour apporter des résultats sur le changement climatique et la biodiversité, mais nous devons aussi œuvrer sur la compétitivité, le commerce et la sécurisation des emplois sur notre continent ».
Lire plus : Philippe Aghion : les investissements à faire pour le climat !
Pour conclure, cette victoire en demi-teinte des eurodéputés n’est pas la fin de l’histoire puisque le Parlement, le Conseil et la Commission européenne doivent désormais se mettre d’accord sur une version finale du texte sur la restauration de la nature.