Il y a plusieurs religions en Allemagne, avec une présence plus ou moins importante. Les plus grandes communautés religieuses en Allemagne sont l’Église catholique et l’Église évangélique luthérienne. Mais leur nombre de membres (Mitglieder) diminue chaque année. Ils représentent environ 50 % de la population allemande en 2021 avec 20 millions de Protestants (der Protestant / die evangelische Kirche) et 22 millions de catholiques. Outre ces communautés, il y a 5,5 millions de musulmans, 1,5 million d’orthodoxes, 118 000 Juifs et 250 000 bouddhistes.
Le Rôle de l’Église en Allemagne
La relation entre l’Eglise et l’Etat
Il existe une relation relativement étroite entre les religions et l’État en Allemagne, même si l’on ne peut pas parler d’une Église d’État. La Loi fondamentale garantit la liberté de religion et de conviction. Son préambule rappelle la responsabilité de chacun devant Dieu (c’est un principe œcuménique). La plupart des partis politiques commencent leurs rassemblents par une cérémonie religieuse.
Les grandes Églises s’expriment également politiquement. Ils peuvent critiquer, par exemple, une politique anti-immigration ou socialement injuste.
Le « Kirchensteuer » est perçu par l’État (9 % de l’impôt sur le revenu) et répercuté sur les communautés religieuses.
Cependant, la confiance envers les grandes Églises ne cesse de diminuer en Allemagne. Seulement une petite partie des membres est active dans les communautés ou peu vont régulièrement à l’église.
Le rôle de l’Eglise dans la société
Néanmoins, les religions en Allemagne jouent un rôle important dans la société. Elles possèdent et gèrent de nombreuses institutions sociales :
- écoles,
- jardins d’enfants/crèches
- maisons de retraite
- 25 % des hôpitaux.
Ceci montre l’importance que peuvent avoir les religions en Allemagne. Elles sont indispensables à la société. Ces institutions ne sont pas uniquement ouvertes aux chrétiens. Cependant, elles sont autorisées à inclure des conditions spéciales dans les contrats de travail avec leurs employés.
Dans la plupart des États fédéraux, des cours de religion obligatoires (pour les religions établies selon la loi fondamentale (Grundgesetz)) sont dispensés. Les étudiants non-religieux reçoivent à la place des cours d’éthique ou de philosophie.
Cas d’abus dans l’Église catholique et leurs conséquences
En 2011, des centaines de cas d’abus contre des enfants et des jeunes, notamment de la part de prêtres, ont été dévoilés. Beaucoup accuse l’Église de ne pas prendre de mesures contre les auteurs des crimes, mais surtout de dissimuler sciemment les crimes. De plus, de nombreux diocèses (Bistümern) n’admettent que les cas déjà prouvés par la justice. Divers rapports ont souligné de graves erreurs commises par des évêques et des cardinaux, notamment le pape Benoît XVI. Ce manque de soutien aux victimes indigne de nombreux croyants et le nombre de personnes qui quittent l’Église augmente rapidement. Certains évêques deviennent aujourd’hui aussi très critiques sur le modèle. On voit donc aujourd’hui un recul de la confiance envers les religions en Allemagne.
Les musulmans en Allemagne
Depuis l’arrivée des travailleurs immigrés dans les années 1960, l’Islam s’est installé en Allemagne avec une importante communauté religieuse. Le nombre de musulmans a considérablement augmenté depuis la vague de réfugiés de 2015 (environ 5 à 6 millions de personnes). Ceux-ci appartiennent à différents courants et traditions de l’Islam. La Turquie contrôle une grande partie des associations de mosquées, ce qui entraîne une influence directe des cercles turcs proches du gouvernement. Cela est critiqué et également utilisé à mauvais escient à des fins politiques et électorales. Ainsi, la question des origines de l’Allemagne persiste depuis des années dans des débats souvent polémiques et politiques. Comme l’a dit le président Steinmeier : “Faisons enfin en sorte que les musulmans parlent de l’Islam en Allemagne”. (« Machen wir es endlich ehrlich, die Muslime gehören zu Deutschland »)
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La communauté juive en Allemagne
Il existe 118 000 personnes de confession juive officiellement, mais en réalité, le nombre de Juifs est plus élevé. Le Conseil central des Juifs représente les Juifs pratiquant en Allemagne (président : Josef Schuster). C’est aussi un organe politique.
À la fin de la République de Weimar, il y avait environ 500 000 Juifs en Allemagne. Après l’Holocauste, les premières communautés furent à nouveau fondées dans de nombreuses grandes villes en 1945. Parmi les rares Juifs qui ont survécu à l’Holocauste se trouvaient ceux qui revenaient d’exil. La culture du souvenir de la République fédérale entretient la mémoire de l’Holocauste.
La relation entre Israël et la politique allemande
Politiquement, le droit d’Israël à exister est notamment une raison d’État allemande. C’est pourquoi le gouvernement allemand a choisi de soutenir Israël depuis le début du conflit israélo-palestinien qui a débuté après les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Mais les Juifs allemands font face à une montée de l’antisémitisme de la part des communautés musulmanes, mais surtout des représentants politiques de l’extrême gauche. En effet, lors des manifestations de soutien à la Palestine, comme celle d’Hambourg, des manifestants ont même prôné l’établissement d’un califat en Allemagne. Le conflit exacerbe donc les tensions entre les communautés religieuses en Allemagne et cela devient aussi un problème politique.
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Le retour d’un antisémitisme fort
Néanmoins, l’antisémitisme est présent en Allemagne de manière latente. C’est pourquoi, les institutions juives ont longtemps été protégées par la police. L’attaque meurtrière perpétrée par un terroriste d’extrême droite contre la synagogue de Halle le jour de Yom Kippour 2019 montre clairement que cette protection n’est pas suffisante. Des visions antisémites jouent parmi certains des conspirateurs du « putsch des Reichsbürger » de décembre 2022. Il y a de plus en plus d’attaques contre des hommes portant des kippas, slogans haineux antisémites lors de manifestations.
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