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Les banques centrales sont-elles à cours de réserve de change ?

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Les réserves de change des banques centrales permettent à ces dernières de disposer de liquidités suffisantes pour conduire, le cas échéant, des opérations de change. Les objectifs de la gestion de réserves de change de la BCE, sont la liquidité, la sécurité et le rendement. Pour autant, avec l’envolée du dollar, les réserves de change ont diminué de plus de 8% depuis le début d’année, une situation inédite qui pourrait devenir dangereuse.

 

Les réserves de change

Le portefeuille des réserves de change de la BCE se compose de dollars des États-Unis, de yens japonais, de renminbis chinois, d’or et de droits de tirage spéciaux. Sa composition varie avec le temps, en fonction des fluctuations de la valeur de marché ainsi que des opérations de change effectuées par la BCE. Ces sommes ont été accumulées par les instituts monétaires à travers le monde pour défendre la stabilité de leur monnaie et éviter des crises de balance des paiements comme celles qui avaient frappé le Mexique ou les pays d’Asie à la fin des années 1990. 

Prenons l’exemple d’un pays qui présente un déficit commercial (c’est le cas de la France notamment), il doit obligatoire trouver un moyen de financer ce déficit. Le moyen le plus commun est de contracter de la dette à d’autres pays mais dans le cas où ces derniers refuseraient de financer cette dette par crainte de ne pas être remboursé, puiser dans ses réserves de change pour payer ses importations est une alternative.

Enfin, les réserves de change servent à stabiliser le taux de change. Nous savons que le taux de change varie quotidiennement en fonction de l’offre et de la demande de monnaie. En possédant des devises extérieures, les banques centrales se couvrent contre une appréciation ou dépréciation de sa monnaie à son insu. Prenons l’exemple de la BCE, si elle vend les dollars qu’elle possède pour racheter des euros, cela va conduire à une appréciation de l’or par rapport au dollar.

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La flambée du dollar

Le Fonds monétaire international a exhorté il y a quelques jours les banques centrales à être prudentes leurs ressources pour des turbulences potentiellement plus graves à l’avenir. Cette intervention du FMI fait écho à la baisse des réserves de change des banques centrales depuis le début de l’année. Elles ont diminué de 1.000 milliards de dollars, soit une baisse d’environ 8%, une première depuis plus de 20 ans.

A l’origine de cette forte baisse des réserves c’est l’appréciation du dollar. En hausse de 15 % depuis janvier, le dollar pourrait bien connaître sa plus forte appréciation sur un an depuis le début des années 1980. Et ce, alors même que la Fed n’est pas encore arrivée au bout de son cycle de hausse des taux.

Le problème étant que l’ascension du dollar agit de deux façons sur les réserves de change. D’abord, les autres devises de réserve comme l’euro ou le yen perdent de la valeur par rapport au billet vert. L’euro a baissé d’environ 15 % face au dollar et le yen de 23 %. Steven Englander, spécialiste des marchés de change, estime que cette dépréciation explique plus de la moitié de la fonte des réserves de change. Mais l’envolée du dollar a aussi incité bon nombre de banques centrales, à tenter de freiner le déclin de leur devise en intervenant sur le marché.

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Les banques centrales interviennent pour soutenir leur monnaie

Le danger pour l’économie mondiale actuellement est l’intervention des banques centrales. En effet, voyant leur monnaie baisser, elles vont logiquement acheter du dollar pour contenir cette dépréciation. La Banque du Japon a dépensé 20 milliards de dollars en septembre pour freiner la baisse du yen, une action inédite depuis 1998. Or à travers cette initiative sur le marché obligatoire, elle participe à la hausse du taux américain qui in fine renforce le dollar. En multipliant l’initiative de la Banque du Japon au niveau mondial, les réserves de change pourraient donc fondre à une vitesse impressionnante. Les banques centrales en Inde, en Indonésie, en Corée du Sud ou encore en Thaïlande ont d’ores et déjà commencé à intervenir sur le marché des changes…

Il est bon de rappeler que la grande crise des pays asiatiques de 1997 est liée à une appréciation du dollar qui a fait perdre de la compétitivité à ces pays exportateurs possédant une balance courante déficitaire. Afin d’éviter une surchauffe de l’économie et pour déprécier sa monnaie, la banque centrale américaine avait augmenté ses taux d’intérêts ce qui avait provoqué une fuite de capitaux des « tigres » d’Asie.

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Pour conclure, la forte diminution des réserves de change de banques centrales est un problème croissant depuis le début de l’année, notamment pour les pays émergents pour qui le billet vert s’est plus fortement apprécié (de 11% en août selon la Banque mondiale).

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref