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Assiste-t-on à un retour des politiques budgétaires ? (1/2)

Sommaire
Politiques budgétaires

Au cours des dernières décennies, la politique monétaire est devenue le principal outil de gestion des crises économiques. Tandis que la politique budgétaire était reléguée au second plan. Les banques centrales ont joué un rôle prépondérant en ajustant les taux d’intérêt et en mettant en œuvre des mesures d’assouplissement quantitatif pour stimuler l’économie et contrôler l’inflation.

Cependant, avec l’émergence de crises récentes telles que la crise financière mondiale de 2008. Ou encore la crise de la dette souveraine en Europe et plus récemment la pandémie de COVID-19. Les politiques budgétaires sont revenues au premier plan en tant qu’outil essentiel pour soutenir l’économie et stimuler la croissance.

Lors des crises économiques, les gouvernements ont souvent recours aux politiques budgétaires pour atténuer les effets néfastes sur l’économie. Cela se traduit par une augmentation des dépenses publiques dans des secteurs clés. Tels que les infrastructures, la santé, l’éducation et les programmes de protection sociale. Ainsi que par des mesures fiscales telles que des réductions d’impôts ou des subventions pour encourager la consommation et les investissements. Ces mesures visent à stimuler la demande, à maintenir l’emploi, à soutenir les entreprises et à restaurer la confiance des acteurs économiques.

Alors si, en 2023 le retour d’une politique budgétaire de court terme et de long terme ne va pas sans dire. Ce retour s’accompagne du retour des contraintes et de nouvelles contraintes au développement de la politique budgétaire, d’où la nécessité de reconsidérer son rôle.

Cet article est publié en deux parties. Vous retrouverez le lien pour la deuxième partie à la fin de cet article.

Bonne lecture !

I) Le retour de la politique budgétaire : le moteur d’une trajectoire de croissance

a) À court terme, le recours à une politique conjoncturelle expansionniste à chaque choc

  • Sommes nous tous redevenus keynésiens ?

Un article de the conversation se posait la question de savoir si : sommes nous tous redevenus keynésiens ?

Si la crise du Covid-19 a fait de nombreuses victimes. Elle a aussi ressuscité le plus célèbre économiste du siècle dernier. John Maynard Keynes.

Comme le souligne l’article. Les éphémères politiques de relance dans l’histoire ont vite cédé le pas aux politiques de « consolidation budgétaire ». Et Keynes est souvent retourné dans les rayons de l’histoire de la pensée économique. Mais qu’en est-il aujourd’hui alors que l’endettement massif pour relancer la machine constitue désormais la solution privilégiée ?

En fait, Il s’agit là d’un keynésianisme de circonstances justifié par le fait que c’est la seule solution.  Un keynésianisme de court terme, de gestion de crise et non un keynésianisme structurel. Néanmoins, la pensée keynésienne ce n’est pas seulement une solution de dernier recours.

C’est avant tout penser et organiser une société respectueuse des équilibres économiques, sociaux et environnementaux. Et là, nous ne sommes pas tous keynésiens…

  • Les phases de la politique budgétaire en réaction aux crises

Phase d’urgence et de stabilisation. Lors de la crise financière mondiale de 2008, de nombreux pays ont mis en place des programmes de relance économique. Et ce pour stabiliser les marchés financiers et prévenir une crise systémique. Par exemple, les États-Unis ont adopté le Troubled Asset Relief Program (TARP). Un plan de sauvetage financier qui a permis de recapitaliser les banques en difficulté et de prévenir un effondrement du système bancaire. De plus, des mesures d’extension de l’assurance chômage et d’assistance aux ménages ont été mises en place pour atténuer les effets négatifs sur l’emploi et la consommation.

Phase de relance et de stimulation. Après la crise financière de 2008, de nombreux pays ont mis en œuvre des politiques budgétaires expansives pour stimuler l’économie. Par exemple, le gouvernement chinois a lancé un plan de relance massif visant à augmenter les dépenses publiques dans des secteurs tels que les infrastructures, la construction et les technologies de l’information. Cette politique a entraîné une augmentation significative des investissements et de la demande intérieure. Ce qui a contribué à maintenir une croissance économique robuste en Chine.

Phase de consolidation et de rétablissement de l’équilibre. Après la crise de la dette souveraine en Europe, certains pays de la zone euro ont entrepris des mesures d’austérité budgétaire pour réduire leurs déficits et rétablir la confiance des marchés financiers. Par exemple, la Grèce a mis en œuvre un programme d’ajustement structurel comprenant des réductions de salaires dans la fonction publique, des coupes dans les dépenses publiques et des augmentations d’impôts. Ces mesures visaient à réduire le déficit budgétaire du pays et à restaurer la crédibilité de sa dette souveraine.

 

b) À long terme, le retour des politiques budgétaires pour réenclencher une dynamique de croissance économique

  • L’efficacité des politiques budgétaires à long terme est conditionnée par plusieurs facteurs

L’efficacité des politiques budgétaires à long terme est conditionnée par plusieurs facteurs clés qui jouent un rôle déterminant dans leur impact sur l’économie.

La dynamique de productivité. Elle est un élément central pour évaluer l’efficacité des politiques budgétaires à long terme. Selon l’économiste américain Robert Solow, la productivité est l’un des principaux moteurs de la croissance économique. Pour améliorer la productivité à long terme, les politiques budgétaires doivent favoriser l’investissement dans le capital physique et humain. Cela implique d’allouer des ressources budgétaires à la construction d’infrastructures modernes, à l’éducation et à la formation professionnelle, ainsi qu’à la recherche et développement. Un exemple concret est la politique d’investissement massif dans les infrastructures menée par la Chine au cours des dernières décennies. Ce qui a contribué à stimuler sa croissance économique soutenue.

Les réactions des marchés financiers et de la politique monétaire sont également des facteurs clés à prendre en compte. Lorsque les politiques budgétaires sont mises en œuvre. Elles peuvent avoir des répercussions sur les taux d’intérêt, l’inflation et la stabilité financière. Il est essentiel que les politiques monétaires et budgétaires soient coordonnées de manière appropriée pour éviter des effets indésirables tels que l’inflation galopante ou l’instabilité financière. Un exemple notable est la crise économique des années 1970. Lorsque les politiques budgétaires expansionnistes ont conduit à une hausse de l’inflation, nécessitant ensuite des mesures restrictives pour la maîtriser.

La flexibilité budgétaire. L’économiste Olivier Blanchard a souligné l’importance de la flexibilité budgétaire dans son article intitulé « The Role and Design of Fiscal Policy in the Great Recession » (2011). Il met en évidence que la flexibilité budgétaire permet de réagir rapidement aux changements économiques et de soutenir l’activité économique en cas de crise. Par exemple, pendant la crise financière de 2008, certains pays ont adopté des mesures budgétaires expansionnistes pour stimuler la demande et atténuer les effets négatifs de la récession.

La soutenabilité fiscale. Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, dans leur ouvrage « This Time Is Different: Eight Centuries of Financial Folly » (2009). Soulignent l’importance de la soutenabilité fiscale pour la stabilité économique à long terme. Ils mettent en évidence que l’accumulation excessive de la dette publique peut entraîner des crises financières et compromettre la croissance économique. Par exemple, la crise de la dette souveraine en Europe a mis en évidence les conséquences néfastes d’une soutenabilité fiscale précaire. Avec des pays comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie confrontés à des difficultés économiques majeures.

La confiance des acteurs économiques. Robert J. Barro, dans son article « Government Spending in a Simple Model of Endogenous Growth » (1990). Il met en évidence le rôle crucial de la confiance des acteurs économiques dans l’efficacité de la politique budgétaire. Il montre que des politiques budgétaires stables et prévisibles peuvent favoriser l’investissement privé et stimuler la croissance économique. Par exemple, l’Irlande a connu une forte croissance économique dans les années 1990 et au début des années 2000 grâce à une politique budgétaire favorable à l’investissement. Ce qui a renforcé la confiance des investisseurs et encouragé l’activité économique.

  • La volonté d’engranger des externalités positives et d’instaurer une dynamique de croissance endogène

L’investissement public dans les infrastructures. Des auteurs tels que Robert Solow ont mis en évidence les externalités positives de l’investissement public dans les infrastructures. Telles que les routes, les ponts et les réseaux de communication. Ces investissements peuvent améliorer la productivité globale de l’économie en réduisant les coûts de transport, en favorisant l’efficacité des entreprises et en stimulant l’activité économique régionale. Par exemple, le programme de construction de l’autoroute interstate aux États-Unis dans les années 1950 et 1960. Il a non seulement amélioré la connectivité entre les régions. Mais a également favorisé le développement économique et la création d’emplois.

L’investissement dans l’éducation. Les économistes James Heckman (« Investing in Disadvantaged Young Children Is an Economically Efficient Policy ») et Gary Becker ont souligné les externalités positives de l’investissement dans l’éducation. Une main-d’œuvre qualifiée et éduquée est essentielle pour stimuler l’innovation, la productivité et la croissance économique à long terme. De plus, une main-d’œuvre éduquée peut réduire les inégalités sociales et favoriser une plus grande mobilité sociale. Par exemple, la Corée du Sud a investi massivement dans son système éducatif à partir des années 1960. Ce qui a contribué à transformer le pays en une économie avancée et à réduire considérablement le taux d’analphabétisme.

La recherche et développement (R&D). L’investissement public dans la recherche et développement peut avoir des externalités positives importantes. Des auteurs tels que Paul Romer (Endogenous Technological Change). Ont mis en évidence le rôle clé de l’innovation dans la croissance économique. Les dépenses publiques dans la R&D peuvent stimuler l’innovation technologique, encourager la création d’entreprises innovantes et favoriser la compétitivité sur les marchés mondiaux. Par exemple, la politique de soutien à la recherche et à l’innovation en Finlande a contribué à l’émergence de sociétés technologiques de renommée mondiale. Telles que Nokia et Rovio (créateur du jeu Angry Birds).

Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à continuer à lire avec la partie II sur les défis et les controverses !

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Martin Guerville
Je m'appelle Martin Guerville, je suis passionné d'économie et j'ai à coeur de transmettre ce savoir aux étudiants de prépa !