La société française, à travers les décennies, a connu des transformations profondes dans le domaine des distinctions et dissensions sociales, notamment en ce qui concerne les solidarités religieuses et familiales. Au fil du temps, ces deux piliers sociaux ont évolué, laissant place à des déclins et des renouveaux, qui influencent de manière significative la vie quotidienne des Français. Dans cet article, utile pour des sujets de sociologie traitant des évolutions sociales en France, nous explorerons ces changements, en nous penchant d’abord sur le déclin de l’encadrement religieux, puis en examinant la transformation des structures familiales, pour enfin aborder le renouveau religieux et communautaire.
Déclin de l’encadrement religieux
Dans les années 1970, la France se caractérisait par une forte prédominance de la religion catholique, avec environ 85% de la population se déclarant catholique. Cependant, au tournant du millénaire, ce pourcentage a chuté à 65%. De plus, nous avons observé une augmentation de la proportion de personnes se déclarant sans religion (25%). Ce déclin de l’encadrement religieux est accompagné de changements au sein des mouvements catholiques.
Les mouvements catholiques, autrefois considérés comme ouverts, montrent des signes de repli sur eux-mêmes, ce qui peut être comparé aux replis communautaristes observés dans la société française. Cette évolution suscite des inquiétudes quant à la crise majeure du modèle assimilationniste universel qui a longtemps prévalu en France. Par exemple, nous avons noté une diminution du nombre de scouts, passant de 200 000 en 1984 à seulement 70 000 en 1994.
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“Familles, je vous hais” – La transformation des structures familiales
André Gide disait : “Familles, je vous hais“. Cette citation reflète les changements significatifs dans les structures familiales en France. L’idée d’une famille “traditionnelle” composée de deux parents stables a été remise en question. L’historien Emmanuel Todd, dans son ouvrage Le mystère français, suggère que cette famille n’a peut-être jamais réellement existé.
Les taux de divorce ont augmenté. En moyenne 130 000 divorces sont prononcés chaque année. Toutefois, en 1972 apr exemple, il n’y en a eu “que” 44 738 divorces. Cette évolution a soulevé des questions sur la répartition des patrimoines, les droits de garde des enfants, et l’évolution des relations familiales. En effet, les changements ont inclus la substitution de l’autorité parentale à la “puissance paternelle” par la loi de 1970, la réforme du divorce en 1975 et 2004, l’institution de l’autorité parentale conjointe en 1987, la consécration de la coparentalité et la résidence alternée en 2002.
Cependant, le droit de la famille demeure en grande partie ancré dans le modèle traditionnel du couple marié avec des enfants. La montée des couples non mariés et des naissances hors mariage, ainsi que l’instabilité croissante des relations conjugales et les divorces fréquents, ont donné lieu à un accroissement des familles monoparentales et des familles recomposées. Ces évolutions soulèvent la question de l’adaptation du code civil, initialement construit sur le mariage en tant qu’institution centrale.
Le modèle juridique basé sur l’institution du mariage ne correspond plus pleinement à la réalité de la société française actuelle, caractérisée par des familles aux structures plus diversifiées. Les familles monoparentales et recomposées rencontrent des défis juridiques importants. D’une part, l’exercice conjoint de l’autorité parentale après une séparation peut être complexe, en particulier lorsque la séparation est conflictuelle. D’autre part, le développement des familles recomposées pose des questions délicates concernant la place et les droits des beaux-parents, un aspect souvent négligé par le code civil.
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Le renouveau religieux et communautaire
En parallèle au déclin de l’encadrement religieux, la France a été le témoin d’un renouveau religieux et communautaire. Les replis et revendications identitaires se sont multipliés. Cela s’est manifesté notamment dans l’affaire des collégiennes voilées de 1989, le débat sur la burqa en 2009 ainsi que l’interdiction de l’abaya et du qamis en 2023
La loi Bayrou, promulguée le 15 mars 2004, sur la laïcité a interdit “tout signe ostentatoire” d’appartenance religieuse dans les écoles publiques. Ces replis communautaires et religieux sont le reflet d’un renforcement de la part que prend la religion dans la vie des individus.
Date à connaître : loi de 1905 sur la laïcité. Cette loi avait réussi à cantonner la religion dans la sphère privée, l’État se bornant à garantir la liberté de culte, sans reconnaître ni subventionner aucun culte.
En somme, la société française connaît des changements profonds en ce qui concerne les distinctions et dissensions sociales, en particulier dans le domaine des solidarités religieuses et familiales. Le déclin de l’encadrement religieux, la transformation des structures familiales, et le renouveau religieux et communautaire sont autant d’évolutions qui marquent la société française du XXIe siècle. Ces dynamiques influencent les relations interpersonnelles, la politique, et la vie quotidienne, et il est essentiel de les comprendre pour saisir les enjeux actuels de la société française.