Selon l’ONU, environ 10% de la population mondiale vit avec moins de 2 $ par jour, cela correspond à ce qu’on appelle l’extrême pauvreté. Cela représente plus de 700 millions de personnes qui luttent pour satisfaire leurs besoins essentiels comme la nourriture, l’eau potable, le logement et l’accès aux soins de santé.
Pour bien comprendre les enjeux liés au taux de pauvreté, il faut d’abord bien en comprendre le concept. Pour cela, cet article vise à vous éclairer sur cette dite notion.
Définitions
Extrême pauvreté : situation où une personne vit avec des ressources si limitées qu’elles ne suffisent pas à satisfaire les besoins fondamentaux (nourriture, eau potable, logement, hygiène, soins de santé etc). Une personne est considérée en extrême pauvreté si elle vit avec moins de 1,90 $ par jour (en parité de pouvoir d’achat), selon la Banque Mondiale.
Taux de pauvreté : mesure la proportion de personnes vivant en dessous d’un seuil de pauvreté, souvent basé sur un revenu minimum suffisant pour couvrir les besoins essentiels (nourriture, logement, soins de santé, etc.).
On distingue deux variantes du taux de pauvreté :
- Le taux de pauvreté monétaire : méthode la plus courante, où une personne est considérée pauvre si elle vit avec un revenu inférieur à un certain seuil, généralement fixé à 60% du revenu médian national.
- Le taux de pauvreté international : Selon la Banque mondiale, une personne vit en pauvreté extrême si elle gagne moins de 2,15 dollars par jour, en parité de pouvoir d’achat.
Seuil de pauvreté : il en existe deux types.
- Seuil de pauvreté national : il varie selon les pays mais en Europe le seuil est fixé à 60% du revenu médian. Une personne qui gagne moins que 60% du revenu médian, est alors considérée comme vivant sous le seuil de pauvreté.
- Seuil de pauvreté international : seuil fixé internationalement par la Banque mondiale pour mesurer la pauvreté extrême (2,15 dollars par jour en parité pouvoir d’achat).
Enjeux liés au taux de pauvreté
Les enjeux sont multiples, tant économiques, que sociaux ou politiques.
Inégalités de richesse
Tout d’abord, l’analyse du taux de pauvreté met en exergue les inégalités de richesse (et de patrimoine) au sein d’une société. Un taux de pauvreté élevé est le reflet d’importants écarts entre les riches et les pauvres, ou plus généralement entre les différentes classes sociales.
Cohésion sociale
Il y a évidemment aussi un enjeu de cohésion sociale. Effectivement, plus les écarts de richesse sont importants, plus les tensions sociales sont fortes. Ils peuvent augmenter la frustration et l’exclusion sociale de certaine frange de la population.
Croissance économique ralentie
Enfin, pour en citer un dernier, un taux de pauvreté important pose également un problème quant à la croissance économique nationale. Un taux élevé implique généralement une faible productivité des travailleurs les plus pauvres, dont les besoins essentiels en sont pas comblés, et donc un ralentissement de la production et une exploitation partielle du capital humain disponible.
Amartya Sen et le concept de pauvreté
Amartya Sen est un économiste indien qui a beaucoup étudié le sujet de la pauvreté tout en évoquant également son impact sur les sociétés.
Dans son ouvrage, Development as Freedom (1999), il a introduit la théorie des capabilités, selon laquelle la pauvreté ne se résume pas à un simple manque de revenus, mais à un manque de capacités permettant à une personne de mener la vie qu’elle souhaite.
En finalité, Sen refuse que la pauvreté soit analysée seulement à travers le prisme des revenus. L’accès à l’éducation, à la santé, la qualité de vie et les libertés individuelles doivent également être pris en compte pour comprendre pleinement ce qu’est la pauvreté.
Ainsi, ses recherches ont conduit à la création de l’indice de développement humain (IDH), un indicateur qui mesure certes le revenu, mais aussi l’espérance de vie et le niveau d’éducation.
Bref constat du taux de pauvreté dans le monde aujourd’hui
L’Afrique subsaharienne est particulièrement touchée, représentant 67 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté, bien qu’elle ne compte que 16 % de la population mondiale.
De plus, pour reprendre les apports d’A Sen, des études ont été menées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce dernier indique qu’environ 1,1 milliard de personnes vivent dans la pauvreté multidimensionnelle (concept qui prend en compte des facteurs au-delà du revenu, tels que la santé, l’éducation et les conditions de vie).
En outre, les conflits violents aggravent la pauvreté, près de 40 % des personnes vivant dans la pauvreté multidimensionnelle étant situées dans des pays en proie à des conflits.
Pour conclure, nous observons malheureusement qu’aujourd’hui la diminution du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a ralenti. Cela souligne la nécessité d’agir, entre autres, sur l’exclusion sociale à travers des politiques publiques efficaces.
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